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by Ely Ould Abdellah, Mauritanie, juin 1999
THEME = ECOLOGIE
Comment alimenter une ville en plein désert?
Des projets pour réaliser un rêve.
Depuis que le site de Nouakchott a été choisi pour abriter la capitale, le problème de l'alimentation en eau potable de la ville s'est toujours posé avec plus ou moins d'acuité. Le petit point d'eau artisanal, qui débitait quelques faibles quantités d'eau douce, n'a jamais suffi aux besoins pourtant insignifiants des nomades en transit vers des parcours pastoraux du Sud et du Nord de la Mauritanie. La ville de Nouakchott, en plein désert au milieu des dunes du littoral, devait naître alors que le problème du manque d'eau s'y posait déjà.
Pour résoudre cette question vitale, la première solution offerte a été celle d'une usine pour le dessalage de l'eau de mer. Mais l'extension de la ville, l'accroissement des besoins, ainsi que les coûts récurrents du fonctionnement, rendirent vite l'usine absolument insuffisante. Elle dut ainsi céder la place à l'eau d'Idini, à 60 km à l'est de Nouakchott. Pompée généreusement des entrailles de la terre à partir d'une nappe fossile non renouvelable, l'eau est acheminée à travers une, et puis deux conduites d'adduction, en fonte, de 700 mm de diamètre.
Au fil du temps, le champ captant d'Idini a dû accroître son nombre de forages, passé à 28. Pour cela, il devait être alimenté par une ligne électrique à moyenne tension, et s'équiper de pompes immergées très sophistiquées et très coûteuses. Mais, en réalité, le problème de l'eau reste toujours posé avec, parfois, des pénuries aiguës en période de très grande chaleur. Alors intervient la spéculation. Ainsi, le prix du fût d'eau de 200 litres, fixé par la Société nationale d'eau et d'électricité (SONELEC ) à 20 UM (ouguiya maurit.) à la borne fontaine, monte parfois jusqu'à 500 UM dans les circuits de distribution!
Même si ces dernières années une amélioration sensible s'est fait sentir, l'approvisionnement en eau de Nouakchott pose toujours problème. Les demandes de branchements sont toujours nombreuses, de nombreux abonnés voient la pression diminuer, si ce ne sont pas tout simplement leurs robinets qui fonctionnent ...à sec! Ces inconvénients, qui s'expliquent par l'accroissement exponentiel de la population de la ville, par la présence d'unités industrielles exigeant des quantités d'eau de plus en plus importantes, et par la dimension des équipements, ont naturellement amené les pouvoirs publics à réfléchir à des solutions plus radicale.
C'est ainsi que, soucieuses de trouver une solution définitive pour Nouakchott et les collectivités environnantes, les autorités compétentes ont envisagé la possibilité d'alimentation en eau potable à partir du fleuve Sénégal.
A l'origine, le projet de remplissage de la dépression naturelle de l'Aftout Sahli, à partir du fleuve, avait été prévu pour un usage multisectoriel (agriculture, pisciculture, etc), et l'alimentation de Nouakchott n'était qu'un volet secondaire. Mais, actuellement, ce volet semble avoir pris le pas sur tous les autres - du moins dans le calendrier prévu.
C'est ainsi qu'en mars 1999, un groupement d'entreprises composé de la société du canal de Provence (française), le bureau TAEP (kowétien) et la société AFRECOM (mauritanienne) a entamé une étude d'un projet dont l'objectif principal est l'alimentation en eau potable de Nouakchott à partir du fleuve. Cette étude, qui doit s'achever dans un délai de 18 mois, comporte deux phases.
La première phase comprend:
La deuxième phase de l'étude consistera en une étude économique du projet (coût du mþ).
Le projet en lui-même prévoit un canal, ouvert au niveau de l'ouvrage de prise, déjà bâti en rive droite du fleuve Sénégal, et une station de traitement, à partir de laquelle l'étude en question identifiera les moyens les plus adéquats pour acheminer l'eau jusqu'à Nouakchott. A la SONELEC, désignée comme agence d'exécution de ce projet, on nous a précisé que cela ne doit pas remettre en cause le projet initial du remplissage de la dépression de l'Aftout Sahli, qui constitue un rêve caressé par plus d'un citoyen et à qui nous devons l'existence de l'ouvrage de prise qui trône déjà sur la rive du fleuve. On nous a encore précisé que la Mauritanie est déjà autorisée à prélever des quantités d'eau à partir de cet ouvrage, sans avoir à passer par la commission de l'eau de l'Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS ).
Si elle est exécutée, cette version du projet de l'Aftout Sahli contribuera à résoudre le problème de l'eau le long de l'Aftout et à Nouakchott, et à préserver les eaux non renouvelables de la nappe fossile d'Idini. En effet, même si Idini présente des réserves importantes qui peuvent encore couvrir les besoins pour plusieurs générations, nous avons le devoir de préserver cette nappe fossile et d'exploiter l'eau du fleuve qui se déverse chaque année, par millions de mþ, dans les immensités de l'Atlantique. Cette solution est d'autant plus intéressante qu'elle ne remet pas en cause le vieux projet de l'Aftout Sahli qui consistait, selon des études déjà effectuées, à remplir la dépression de l'Aftout. Le projet, objet déjà de plusieurs études, comporte un compartimentage du terrain en plusieurs biefs devant être lessivés par l'eau douce pour venir à bout de la salinité des sols.
Ces deux projets qui se complètent étaient un vieux rêve. Voilà que l'un commence à voir le jour. Et peut être que, demain, le second suivra avec un important lot de retombées: fixation des dunes, régénération du milieu naturel, en un mot une "ceinture bleue" venant du Sud.
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