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by Edward Hobbs Gama, Malawi, juillet 1999
THEME = REFUGIES
Le nombre de réfugiés et de personnes déplacées en Afrique
australe pose un défi majeur
à l'institution africaine d'asile et de protection des réfugiés. En même temps,
l'afflux considérable de réfugiés décime les ressources naturelles de ces régions
Pourquoi y a-t-il tant de réfugiés dans les régions australes de l'Afrique? A cause des combats incessants au Congo RDC et la guerre interminable en Angola. Dans les pays de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) l'arrivée des réfugiés a causé de sérieux dommages à l'environnement et aux ressources naturelles des pays d'accueil. De plus, prendre en charge les demandeurs d'asile cause beaucoup de problèmes à ces pays.
Un symposium tenu en Afrique du Sud cette année sous le titre de: "Défis posés à l'institution de l'asile et de la protection de réfugiés en Afrique australe: concilier les intérêts de l'Etat avec les obligations internationales d'accueil", a examiné la politique à l'égard des réfugiés dans divers pays et a insisté sur la nécessité de redéfinir et de réévaluer la politique d'asile et ses pratiques.
Actuellement, l'Afrique accueille plus de six millions de réfugiés, ce qui fait que ce continent compte le plus grand nombre de réfugiés du monde. Au début, la majorité de ces réfugiés se situait autour de l'Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs - régions où la guerre faisait toujours rage. Mais maintenant, les répercussions de ces conflits se sont fait sentir dans la région relativement stable de l'Afrique australe. La plupart des pays de cette région connaissent déjà des difficultés économiques et une économie instable, et l'arrivée de réfugiés d'autres régions menace d'aggraver la situation de ces économies qui se dégradent.
Selon le Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), depuis avril 1998, plus de 600.000 personnes en Angola ont été déplacées, et ce nombre va probablement augmenter avec la poursuite des combats entre le mouvement rebelle UNITA de Jonas Savimbi et les soldats du MPLA du gouvernement du président Eduardo Dos Santos. Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime qu'il y a 70.000 réfugiés à Malaje, 80.000 à Huambo et 55.000 à Cuito. A certains endroits, la population locale souffre de malnutrition à cause du nombre croissant de réfugiés.
Le Malawi, la Zambie, et la Namibie accueillent des réfugiés. La Zambie en a 160.000 dans des camps, en plus des 40.000 réfugiés dans les régions du nord-ouest provenant surtout d'Angola. Il y en a aussi des centaines venant du Burundi, du Congo RDC et du Rwanda.
En plus des difficultés causées aux pays d'accueil, cet afflux de réfugiés a aussi avivé l'hostilité et la méfiance entre pays voisins. Les relations entre l'Angola et la Zambie, tous deux membres du SADC, se sont refroidies au cours des derniers mois, parce que l'Angola accusait la Zambie de soutenir l'UNITA.
Suite à la révolte séparatiste sévissant dans la bande de Caprivi, plus de 2.500 réfugiés venant de cette région marécageuse sont passés en Namibie. Depuis toujours la Namibie et le Botswana sont en désaccord au sujet de la propriété des îles Sedudu/Kasikili, et l'affaire a été portée devant la Cour internationale de justice. L'Afrique du Sud, la Namibie, le Mozambique et le Zimbabwe accueillent des réfugiés venant surtout d'Angola, du Congo RDC et de la région des Grands Lacs.
Les pays d'Afrique australe, tout en adhérant à la charte internationale des droits de l'homme, rencontrent de nouvelles questions concernant le statut des réfugiés. Il est urgent de redéfinir et de réévaluer la question de la protection des réfugiés.
"La définition de la protection et de l'obligation d'asile doit être réexaminée; il faut mettre en oeuvre une sérieuse action pour supprimer ou réduire les causes qui sont à la base du mal", a affirmé Phyllis Johnson, directrice du Centre de recherche et de documentation d'Afrique australe (SARDC), lors du symposium en Afrique du Sud. En Afrique du Sud, on ne fait pas clairement la distinction entre réfugiés et immigrants illégaux. Plus de 10 réfugiés ont été tués en 1998.
L'UNHCR a entrepris un projet spécial en vue de réduire la violence sexuelle à l'égard des femmes et des jeunes filles dans les camps de réfugiés. Ce projet cherche autant à renforcer les structures légales qu'à donner des conseils aux victimes. Les délégués au symposium de l'UNHCR ont été d'accord sur le fait que malgré les limitations socio-économiques et les préférences nationales, les Etats doivent adhérer aux obligations des droits de l'homme, c.à.d. la Convention de l'ONU sur les réfugiés, la Loi humanitaire internationale, la Charte africaine sur les droits des hommes et des peuples, la Convention de l'ONU sur les mines.
Tandis que la communauté internationale cherche les moyens de résoudre les conflits qui déchirent le continent, il faut espérer que les pays accélèrent l'élaboration de politiques qui assurent sécurité et protection aux demandeurs d'asile.
Depuis la fin du régime d'apartheid et les élections de 1994, l'Afrique du Sud a connu un afflux d'étrangers venant de plusieurs pays d'Afrique. Depuis lors, la population locale semble s'être retournée contre ces immigrants, les accusant de leur enlever beaucoup d'emplois et de commerces. Dans le passé, on offrait à un grand nombre d'immigrants du travail à bon marché, surtout dans les fermes et dans les mines. Maintenant, le gouvernement a entamé le rapatriement obligatoire des immigrants illégaux. La police les arrête et les renvoie chez eux dans de telles conditions que certains d'entre eux n'ont pas le temps de rassembler leurs biens. La situation est devenue si grave que la SADC a insisté auprès du gouvernement sud- africain pour que les droits des étrangers soient respectés sur le sol sud-africain.
L'Afrique du Sud est confrontée maintenant à une question poignante concernant sa politique vis-à-vis des immigrants et des droits de l'homme après l'apartheid. On rappelle au pays qu'il jouit de son pouvoir économique actuel grâce au travail à bon marché fourni par d'autres pays. Des jeunes sont venus du Mozambique, du Malawi, de Zambie, du Zimbabwe et d'autres pays d'Afrique australe. D'autres sont même venus du Nigeria, de l'Angola et du Burundi. Ils ne sont pas tous venus pour chercher du travail ou des possibilités de faire des affaires. Certains demandent un statut de réfugiés parce qu'ils ont fui la guerre dans leur propre pays. Le département de l'Intérieur a la lourde tâche de distinguer les "vrais réfugiés" des "réfugiés économiques".
Où trouve-t-on ces gens? Les Zimbabwéens sont en grande partie dans le commerce. Les Malawiens s'occupent bien des jardins dans les villes. Les Nigérians, qui arrivent souvent avec plus de capitaux que les autres Africains, contrôlent le trafic de cocaïne, dirigent de grandes entreprises commerciales, et forment un réseau à Cape Town et à Johannesburg.
Le gouvernement du Mozambique a condamné le rapatriement forcé d'Afrique du Sud de beaucoup de ses jeunes citoyens, souvent dans des conditions écoeurantes. Le gouvernement provincial de Maputo se plaint de ce que près de 1500 jeunes gens sont rapatriés toutes les semaines par ce qu'on appelle "le train de la honte". Ils sont débarqués au village frontière de Ressano Garcia, loin de Maputo, sans l'argent qu'ils ont gagné et sans leurs biens. Selon Maputo, l'année passée, plus de 60.000 jeunes ont été rapatriés de force au Mozambique. Mais ce qui inquiète les autorités mozambicaines c'est que la plupart de ces rapatriés ne sont absolument pas des Mozambicains: beaucoup sont originaires du Congo RDC, du Rwanda, d'Angola et même du Nigeria. Quand la police les arrête comme immigrants illégaux, ils revendiquent la citoyenneté mozambicaine pour avoir la possibilité de tenter plus tard un retour en Afrique du Sud.
Le Dr Leonardi Simao, ministre des Affaires étrangères du Mozambique, s'efforce de coopérer avec l'Afrique du Sud pour maîtriser ce problème désespérant des immigrés illégaux. Mais il a qualifié la police sud-africaine d'"institution en crise".
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