ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 374 - 15/09/1999

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Swaziland

Le droit à l'information


by Vuyisile Hlatshwayo, Swaziland, juin 1999

THEME = MEDIAS

INTRODUCTION

Pour la révision de la Constitution, une commission de 30 personnes s'est embarquée
dans la phase finale, la plus importante: celle de gagner l'appui de la population. Et pourtant
environ un million de Swazis ont été jusqu'ici privés de toute information sur ce qui se passe.

La Commission pour la révision de la Constitution (CRC) a interdit aux médias de couvrir le déroulement des travaux pour la révision de la Constitution et a dressé une liste de suggestions pouvant servir de guide à ceux qui voudraient faire des propositions en privé. Cette décision gouvernementale a été accueillie par un tollé général. Le président de la CRC, Prince Mangaliso, a fait valoir que, selon le décret de 1996 créant la commission, la presse n'est autorisée à couvrir que le rapport final de la commission. Il affirme que seule la commission peut recevoir les suggestions des citoyens et, avant d'exposer leurs propositions, ceux-ci doivent prouver qu'ils ont payé les impôts, et leur identité doit être attestée par les chefs ou induna ou un autre membre de la communauté.

Pourquoi cette interdiction aux médias?

Cette interdiction serait un acte de rétorsion vis-à- vis de certains médias qui avaient publié des critiques cinglantes et fait mention de querelles au sein de la CRC. Un document arrivé en cachette au "Swazi Observer" vers la fin de l'année dernière, révélait que l'Union européenne avait menacé de suspendre le financement de la commission, une somme très importante. La commission avait refusé d'engager des professionnels pour lancer une campagne d'éducation civique allant de pair avec la révision de la Constitution. Au lieu de cela, les membres de la commission firent eux-mêmes le tour des chefferies pour y donner ces cours d'éducation civique, ce que beaucoup ne purent accepter: tout se réduisit à une campagne de propagande pour préserver le "statu quo". Ce document remis à la presse poussa le président de la CRC à virer son vice-président, Promise Msibi. Les médias furent aussi accusés de tourner la CRC en dérision et de critiquer sans cesse la lenteur de son travail.

Tout cela nous montre la position critique des médias au Swaziland: ils sont contrôlés par la censure et harassés par le gouvernement et d'autres groupes influents. A plusieurs occasions les salles de presse ont été envahies par les autorités voulant censurer les nouvelles. Hélas, certains journalistes se sont abaissés à ce jeu et reçoivent des pots-de-vin venant de personnes influentes.

L'exercice de la révision de la Constitution a ainsi perdu sa crédibilité, et du côté des conservateurs et du côté des progressistes. On craint maintenant que le document fondamental ne soit pas le reflet des désirs du peuple. Alors, il y a peu de chances que la nation l'accepte.

Protestations

L'Association nationale des journalistes du Swaziland (SNAJ) a condamné l'interdiction faite aux médias de couvrir les propositions des citoyens. Pour la SNAJ, la CRC ne devrait pas museler la presse et l'empêcher d'éduquer et d'informer sur la révision en cours de la Constitution. Son président, Vukani Maziya, affirme que les médias ont un rôle très important à jouer dans l'élaboration de la Constitution, et il se demande pourquoi la commission viole une des marques de la démocratie: le droit de savoir et le droit d'informer. C'est avec raison qu'il soupçonne la CRC d'avoir son propre agenda constitutionnel.

L'Association des droits de l'homme du Swaziland (HUMARAS) doute de la validité de l'actuel processus constitutionnel. Elle reproche à la CRC de vouloir trahir l'essence de la Constitution: le droit des citoyens à une information libre.

Des groupes progressistes ont appris l'exclusion des médias avec écoeurement et disent qu'ils le voyaient venir: "Le processus constitutionnel n'est qu'une grande farce".

Si la CRC persiste dans ses décisions impopulaires et anti- démocratiques, il se pourrait que beaucoup de gens boycottent la soumission de propositions au processus constitutionnel. Un habitant de Manzini, Mandla Mabuza, dit: "La CRC nous a souvent trahi et je doute fort qu'un jour on ait une vue fidèle de ce que les gens pensent. Moi- même je m'en voudrais d'y aller faire une proposition. De toute façon le document final sera basé sur ce que "eux" veulent".

Est-ce que le roi Mswati III approuve cette exclusion de la presse? M. Mangaliso a dit à la nation que le roi, informé du pourquoi de cette interdiction, avait donné son approbation. Mais, à son retour du Ghana, du Nigeria et Brunei, le roi a dit qu'il n'en avait jamais entendu parler. A cela M. Mangaliso a rétorqué que l'approbation royale pour une "chose aussi insignifiante" n'était pas obligatoire, puisqu'il ne faisait qu'appliquer les termes de référence de la commission.

La crédibilité de la CRC est irrémédiablement entamée et la majorité des Swazis n'ont plus confiance en elle. La logistique actuelle du processus constitutionnel a un arrière-goût de manque de tact, de conspiration et d'arrogance. Reste la grande question: le document final reflétera-t-il les désirs de la nation Swazi?

END

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