ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 374 - 15/09/1999

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Zimbabwe

Problèmes à l'Institut de radiodiffusion


by Percy F.Makombe, Zimbabwe, juillet 1999

THEME = MEDIAS

INTRODUCTION

La loi sur la radiodiffusion, inchangée depuis la colonie, contrôle toujours radio et télévision

L'article 27 de la loi sur la radiodiffusion stipule que: "En Zambie, personne en dehors de la ZBC ne peut exercer quelque service de radiodiffusion que ce soit". Le contrôle et la gestion de la Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC) sont entre les mains d'un conseil d'administration désigné par le ministre de l'Information, des Postes et des Communications, après consultation du président du Zimbabwe. Le rôle influent joué par le ministre de l'Information dans cette désignation a lourdement compromis les dirigeants de la ZBC, car chaque nouveau ministre veut nommer des gens qu'il pense pouvoir manipuler.

Certains problèmes qui empoisonnent la ZBC proviennent de l'absence de conseil d'administration et du retard apporté à désigner un directeur-général indépendant. Certains ministres de l'Information, en l'absence d'un conseil, ont pu, à diverses occasions, intervenir directement dans la gestion de la ZBC. Selon un rapport d'une commission parlementaire d'enquête, "des ministres successifs de l'Information ont énormément contribué à l'instabilité de l'institut, car ils intervenaient directement dans sa gestion journalière en l'absence d'un conseil d'administration. Cela a créé un chaos indescriptible". Le rapport remarque encore que les conseils sont "à la merci des ministres connus pour embaucher et licencier à leur guise".

"Privilèges auto-accordés" -  En 1997, lorsque la ZBC n'avait pas de conseil d'administration, l'équipe de direction s'est accordé des privilèges qui n'étaient autorisés ni par le ministère de l'Information ni par le conseil, comme il est requis pour de telles affaires. Certains de ces privilèges comprenaient:

Le conseil d'administration de la ZBC, présidé par Tafataona Mahoso, a enquêté sur l'affaire et a déchargé Mandigora, directeur des Programmes, de toute culpabilité: il était en congé d'études lorsque la décision d'accorder des privilèges a été prise. Muchimbiri Eliott, ingénieur en chef, fut aussi disculpé parce que, bien qu'ayant participé à la prise de décision, il n'avait pas été directement impliqué dans l'attribution de gratifications à des employés.

Le conseil a procédé ensuite à la suspension du directeur des Ressources humaines, Mhizha-Murira, et de celui des Finances, Gumbo Onias, en attendant leur renvoi pour "inefficacité flagrante et mauvaise gestion". Le ministre de l'Information Chenhamo Chimutengwende, n'appréciant pas du tout cette suspension, ordonna de remanier le conseil et d'adresser une réprimande aux deux directeurs. Le conseil de Mahoso décida alors de transférer Mhizha-Murira aux studios de Mbare, et Gumbo Onias aux studios Montrose à Bulawayo. Mais le ministre, toujours insatisfait, ordonna que les deux directeurs réintégrent les studios de Pocket Hills. Le personnel de la ZBC s'est opposé à cette réintégration, ce qui a entraîné la suspension des deux directeurs.

Problèmes financiers -  Alors que des directeurs s'arrogeaient des privilèges, la ZBC était saignée à blanc par ses problèmes financiers. Elle ne peut plus faire face à ses obligations financières: elle a un arriéré de taxes impayées pour US$ 694.000, elle doit rembourser un prêt de US$ 1,6 million, et doit des sommes énormes aux fournisseurs de films. Ses dettes principales s'élèvent à environ US$ 5,5 millions. Les problèmes ont empiré du fait que la ZBC ne parvient pas à faire de bénéfices depuis que le Zimbabwe a obtenu l'indépendance en 1980, sauf en 1994 et 1995 où elle a réalisé respectivement US$ 27.777 et US$ 270.000 de profit.

Radio 4 et TV2, financées par l'Etat, ont fortement contribué aux problèmes de trésorerie de la ZBC ; à elles seules, elles représentent une perte de US$ 4,7 millions, surtout que le gouvernement a tout à coup mis fin à l'aide financière accordée à la ZBC.

La nécessité pour la ZBC d'être financièrement viable a fait recourir à la désignation d'un consultant britannique privé, Peter Ibbotson. Celui-ci a été chargé d'indiquer à la ZBC comment fonctionner avec profit dans un climat libéralisé. Entre autres mesures, le rapport Ibbotson a recommandé:

En 1997, la ministre de l'Information Joyce Mujuru affirmait que: "...un dispositif régulateur adéquat verrait le jour avant la fin de l'année". Nous sommes en 1999 et il n'y a toujours pas de dispositif régulateur adéquat.

Le projet d'une télévision payante

La ZBC semble maintenant lorgner vers un projet de télévision payante. Ce projet est sur la table depuis cinq ans. La Standard Bank Ltd a effectué une étude de faisabilité en 1990 et a estimé que le projet TV était viable. Le Programme d'investissement du secteur public était du même avis. Le Bureau des soumissions du gouvernement a fait un appel d'offres et Commtel (Pvt) Ltd a remporté le marché, devant Zim Win Ltd et son partenaire américain Pfluger Enterprises. Néanmoins, la Commission parlementaire prétendit que Commtel n'avait pas réuni les fonds nécessaires, ce que Commtel a réfuté. La ZBC a décidé alors d'aller de l'avant et de développer le projet avec Pfluger Enterprises.

Le projet, qui devrait générer US$ 83,3 millions par an, n'a pas encore vu le jour car des fonctionnaires du ministère des Finances le bloqueraient. Le ministre des Finances, Herbert Murerwa, et son secrétaire permanent sont accusés de ne pas tenir compte d'une directive du vice- président Simon Muzenda demandant de veiller à ce que le projet soit réalisé. Des parlementaires sont irrités par ce qu'ils considèrent comme un "mépris flagrant d'une directive présidentielle". Mais il semble que le crime de Murerwa est de refuser de court-circuiter des procédures bien établies. En fait, le ministère des Finances serait peu disposé à engager l'Etat à fournir une garantie de milliards de dollars sans avoir respecté les étapes nécessaires pour en obtenir l'approbation.

L'ancien directeur-général de la ZBC, John Tsimba, croit qu'il faut être prudent avant de réaliser le projet de télévision payante. Il n'est pas non plus d'accord avec les conclusions de la Commission parlementaire accusant le ministère des Finances de saboter le projet. A long terme, on se demande où va la ZBC!

END

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