ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 374 - 15/09/1999

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Zimbabwe

Un président voyageur


by Stan Dongo, Zimbabwe, juillet 1999

THEME = POLITIQUE

INTRODUCTION

Le président Robert Mugabe donne parfois l'impression de gouverner son pays à partir de l'étranger

Une anecdote circulant au Zimbabwe montre un animateur et un élève de 9 ans. "Où vit le président Mugabe?" demande l'animateur. "Dans un avion", répond l'élève. Même les gosses de cinq ans savent que, quand à la télévision ils voient des foules, "ces gens attendent Mugabe" à l'aéroport de Harare.

Le style du président Mugabe, qui dépense à tort et à travers lors de ses nombreux voyages, lui a fait plus d'ennemis que d'amis au pays, où les médiocres résultats économiques sont largement attribués aux dépenses incontrôlées du gouvernement. Pendant des années, les experts économiques et les médias indépendants se sont plaints des dépenses de Mugabe. Celles-ci n'ont pas diminué, en dépit des appels à une discipline financière au niveau du gouvernement en général et des voyages du président en particulier.

Mugabe a souvent ignoré les doléances et les suggestions de réduire les dépenses de son administration. Récemment, il a répondu que ses voyages prouvaient qu'il était un dirigeant travaillant dur et que cela les justifiait. Se moquant de la suggestion de déléguer certaines de ses tâches à d'autres, Mugabe déclara que seuls les présidents paresseux envoient des délégués. "Là où on requiert la présence du président, je ne m'abstiendrai pas d'y aller...".

Une affaire coûteuse þ La presse indépendante s'est acharnée sur le sujet et a pris le président à parti en dévoilant le nombre de ses voyages, et les énormes montants dépensés rien que cette année. Accompagné de délégations plus qu'importantes, il a été notamment en Egypte, France, Grande-Bretagne, Chine, Iran, Emirats Arabes Unis et Singapour.

Dans le passé, Mugabe s'en était pris avec succès à la presse indépendante, mais sa capacité de réduire au silence ce qu'il appelle la "presse à scandale" semble en déclin. Même ses discours pour défendre son style de vie commencent à se rouiller. Le gouvernement ne s'est jamais expliqué, ni au pays, ni à l'étranger, au sujet de tous ces voyages, laissant croire au public qu'ils étaient l'occasion de dépenses folles pour Mugabe et son équipe, dont on dit qu'ils ont pillé les coffres du gouvernement.

Ces voyages estimés "inutiles" ont coûté une fortune au contribuable. D'une analyse de ces dépenses, il ressort que, lorsqu'ils voyagent avec Mugabe, les fonctionnaires, les membres du personnel domestique et du service de sécurité reçoivent chacun une allocation de US $250 par jour. Les ministres en touchent le double. Même quand la délégation comptait 41 personnes, on n'a jamais rien dit. La réaction du président aux critiques a été peu convaincante. L'attaché de presse dit que ces voyages se justifient par les "bénéfices qui en découlent". Les allocations sont destinées à couvrir le voyage et les frais de séjour de façon à ce que les membres de la délégation soient logés et nourris décemment.

Révision de la Constitution - En fait, le Zimbabwe perd des milliards à cause de la corruption et Mugabe ne fait pratiquement rien pour lutter contre les malversations. Beaucoup de Zimbabwéens, appartenant à toutes les classes de la société, mettent leur espoir dans la Commission de révision de la Constitution récemment nommée: ils croient qu'elle produira un document légal qui limitera les pouvoirs du président et combattra ainsi la corruption dans les gouvernements locaux et le gouvernement central. Cependant, les partis de l'opposition protestent parce que, à leur avis, la Commission aurait dû être désignée par une conférence de tous les partis.

La supplication générale à l'adresse de Mugabe semble être: "S'il vous plaît, restez au pays et sauvez le peu qui reste dans nos coffres".

END

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