ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 375 - 01/10/1999

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Malawi

Un redressement long et difficile


by Patrick Mawaya, Malawi, août 1999

THEME = ECONOMIE

INTRODUCTION

L'économie du Malawi se dégrade.
Arrivera-t-on à la redresser?

Le prix du carburant ne faisant que grimper, les tarifs des transports augmentent aussi. Presque chaque jour, les prix du pain et des autres produits alimentaires sont revus à la hausse. Ce sont les réalités de la vie au Malawi, qui doit faire face à la plus grave crise économique de son histoire.

Le Malawi est pauvre. Son PNB par habitant ne dépasse pas 220 $US, moins de la moitié de la moyenne des autres pays subsahariens, selon la Banque mondiale, qui note aussi que c'est le pays où l'inégalité des revenus est la plus marquée. L'espérance de vie est de 43 ans, 9 années de moins que la moyenne de l'Afrique subsaharienne. La prévalence du VIH/SIDA et la mortalité infantile sont les plus hautes de la région. Moins de la moitié de la population a accès à l'eau potable, et seulement 40% de la population savent lire et écrire.

Une pente descendante

Le Malawi est sur une pente descendante. Les taux d'intérêt très élevés anéantissent les chances de chacun, même du secteur productif du pays. Chaque mois, le chômage augmente, n'épargnant personne. Ceux qui travaillent dans les usines de tabac dans la capitale Lilongwe se considèrent chanceux, car beaucoup d'autres perdent leur emploi, beaucoup d'entreprises devant fermer leurs portes.

Le président Muluzi a dit que le Malawi avait maintenant une économie libéralisée, ouverte à toutes les forces du marché. Mais cette libéralisation s'est faite aux dépens des conditions de vie de la population. Ce sont les contraintes du marché qui règlent notre façon de vivre. Le poulet vient maintenant du Zimbabwe, car le Malawi ne peut plus se permettre d'élever de la volaille, le prix de la nourriture animale étant trop chère. L'industrie du poulet est virtuellement morte.

Le kilo de viande coûte maintenant 2$, un pain 0,5$. Tout le monde se retrouve dans la gêne. Le mauvais état de l'économie pourrait bien avoir comme résultat que seuls les plus forts survivront.

Le Malawi manque lamentablement d'une infrastructure adéquate. Les tarifs de transport sont parmi les plus élevés de la région; de 2,5 à 3 fois plus chers qu'en Afrique du Sud ou au Zimbabwe, disent certains. L'état piteux des télécommunications fait que certains doivent attendre dix ans pour être connecté au réseau téléphonique. Quant à la Compagnie de distribution d'électricité (ESCOM), elle n'est même pas capable de rendre un service fiable, faisant perdre à l'industrie plus de 100 millions de $US par an.

Corruption

Le président Muluzi avait juré de combattre la corruption par tous les moyens: "Nous combattrons la corruption partout où elle fera son apparition, parce que la corruption est un mal". Mais les analystes politiques n'y croient pas beaucoup; ils savent que depuis l'établissement du Bureau anticorruption (BAC), des cas évidents de corruption n'ont pas été poursuivis en justice.

Arnold Munthali, 23 ans, étudiant de 4e année au Chancellor College à l'université du Malawi, dit: "La corruption s'impose toujours plus dans notre société, et petit à petit nous l'acceptons comme une norme. Bien sûr nous avons un Bureau anticorruption, mais il n'est anticorruption que de nom. Il est plus que temps de le rendre complètement indépendant du gouvernement".

Munthali analyse aussi le rôle de l'opposition et de la société civile dans l'approche de la corruption: "Je suis un peu sceptique quant au rôle de l'opposition. Il semble qu'au Malawi nous considérions l'opposition comme quelque chose qui n'est pas nécessaire. L'opposition et le gouvernement se considèrent comme ennemis. Ils ne collaborent pas pour éliminer la corruption; en ce domaine pourtant, l'opposition devrait aider le gouvernement".

L'Association des consommateurs du Malawi veut engager un avocat pour s'occuper des cas de corruption, indépendamment du BAC. D'après son directeur exécutif John Kapito, la corruption fait beaucoup de torts à l'économie du pays: "Elle détruit les bases de notre économie et, en fin de compte, ce sont les gens ordinaires qui sont les perdants".

Dépenses excessives

Bien que le président Muluzi et son ministre des Finances, le Dr. Cassim Chilumpha, aient promis que le gouvernement poursuivrait une discipline fiscale, celui-ci ne contrôle pas suffisamment ses dépenses. A ce propos Arnold Munthali dit: "L'exemple le plus clair de dépenses excessives, ce sont les voyages des ministres à l'étranger. J'admets que nous ne pouvons pas nous isoler de la scène internationale, mais avant d'aller à des conférences outre-mer, il faudrait quand-même examiner leur utilité et nous demander si elles seront utiles au Malawi".

Ajustements structurels

Un autre sujet crucial que le Malawi devrait examiner sérieusement est celui des Programmes d'ajustement structurel (PAS). Le Malawi a commencé à appliquer des PAS en 1981, avec l'assistance du FMI et de la Banque mondiale. Mais chaque fois qu'un programme a été avancé, cela s'est fait sans consulter les autorités fiscales ou les autres parties intéressées (secteurs publics ou privés). C'était toujours le FMI et la Banque mondiale qui décidaient et appliquaient le traitement de choc et pas le Malawi. Voilà 18 ans que le pays a mis en oeuvre des PAS et pourtant rien n'a changé à la structure de l'économie; au contraire, on n'a fait qu'encourager la population à consommer plutôt qu'à produire.

L'avenir de l'économie du Malawi n'est pas rose et la population attend toujours que Muluzi tienne ses promesses pour ce qui concerne l'économie. Il a dit que les cinq premières années de son gouvernement seraient consacrées à poser les fondations du vrai travail à venir. Voyons donc s'il réalisera ses promesses!

END

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