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by Tshibambe Lubowa, Congo RDC, septembre 1999
THEME = ECONOMIE
12.000 agents ont été licenciés - 4.000 autres sont sur la sellette
Après beaucoup d'hésitations, la Gécamines (Générale des carrières et des mines) a finalement suspendu, fin juillet 1999, les contrats de travail d'environ 12.000 agents sur un total de 26.000. Les villes de Likasi, Lubumbashi et Kipushi au Katanga, et la capitale Kinshasa ont été les plus touchées par la mesure.
Les victimes de la fermeture de plusieurs mines, usines et services, sont en particulier les agents n'ayant pas dépassé cinq ans de service, les volontaires à la retraite prématurée et ceux ayant atteint l'âge de la retraite. En l'absence d'indemnités de sortie, les agents suspendus continueront de bénéficier de certains avantages sociaux, notamment le ravitaillement, les soins médicaux et la gratuité de la scolarité de leurs enfants dans les écoles primaires et professionnelles. Ceci du moins en théorie, car la Gécamines connaît de grandes difficultés financières. C'est progressivement et par groupes d'agents que la société résiliera les contrats de travail. Quelques agents pourraient être repris en cas de besoin.
L'objectif assigné depuis avril 1999 par le comité de gestion de cette entreprise, qui a été pendant près de 60 ans la principale pourvoyeuse de recettes en devises de l'Etat (70%), est de réduire à court terme les effectifs du personnel à 10.000 travailleurs. Ce qui fait que 4.000 autres emplois sont encore mis en ballotage. L'application de cette mesure drastique a été rendue possible à la suite de l'intervention personnelle du chef de l'Etat, M. Kabila qui, ignorant les avis négatifs de son ministre des Mines, M. Fréderic Kibassa Maliba, a appuyé le comité de gestion de la Gécamines, dirigé depuis le 3 novembre 1998 par M. Billy Rautenbach, un Zimbabwéen d'origine britannique.
Les raisons avancées par le PDG pour une telle décision sont multiples: "une structure de gestion trop grande; trop d'emplois administratifs; beaucoup de personnes sans travail constructif; des représentations étrangères coûteuses sans rendement réel; des dettes immenses, qui font que nos fournisseurs refusent de traiter avec l'entreprise et menacent de saisir nos biens; absence de discipline à tous les niveaux; une tendance à "déléguer vers le haut" plutôt que de prendre des décisions au niveau où elles devraient être prises; incapacité de la gestion à effectuer les changements nécessaires; absence de maintenance et d'investissements; un degré de mauvaise gestion, corruption et vols particulièrement élevé; etc.". Les résultats d'un audit chiffrent bien cette situation: "Sur 100% des cadres, 28% sont actifs dans le secteur de la production et 72% dans l'administration; sur 100% du personnel d'exécution, 48% travaillent dans la production et 52% dans l'administration".
La raison la plus visible du départ des 12.000 agents est la baisse de la production. La capacité de production annuelle de l'entreprise est de 475.000 tonnes de cuivre, 16.000 tonnes de cobalt et de 72.000 tonnes de zinc. En réalité, en 1998, la Gécamines a produit 37.000 tonnes de cuivre, 4.700 tonnes de cobalt et 1.250 tonnes de zinc. Pour ne prendre que l'exemple du cuivre: en 1987 la société en a produit 494.109 tonnes; en 1991 ce n'était plus que 236.071 tonnes, en 1993 48.312 et en 1998 37.000.
A cette baisse de la production se joint la baisse des cours du cuivre sur le marché mondial. On évalue à environ 6 millions de dollars les recettes mensuelles dont dispose la Gécamines, alors que ses dépenses de paiement du personnel (avant le départ des 12.000 agents) étaient de l'ordre d'environ 4 millions, et les dépenses liées à l'exploitation également d'environ 4 millions.
L'ancien Premier ministre, le professeur Mulumba, dans son ouvrage "Les dérives d'une gestion prédatrice", trouve six causes à l'effondrement de la Gécamines: les mauvaises conditions d'exploitation et de gestion technique, qui ont abouti à l'éboulement de la plus importante mine de Kamoto (Kolwezi); la non-fiabilité des projets d'investissement; les circuits de commercialisation de ses produits et ceux de son approvisionnement; la mauvaise gestion des ressources humaines; la prise en charge d'opérations, étrangères à son objet social; et la forte imposition fiscale.
A ces raisons s'ajoute la politisation, sinon la "katangisation forcée et non préparée" de l'entreprise lors de l'épuration ethnique contre les populations d'origine kasaïenne initiée par l'ancien Premier ministre Nguz Karl Bond et l'ancien gouverneur du Katanga, Gabriel Kyungu wa Kumwanza.
Au regard du rôle social de l'entreprise, les autorités du pays essayent de sauver ce qui peut l'être encore, depuis sa descente aux enfers en 1992. C'est dans ce cadre que, le 3 novembre 1998, la Gécamines a convolé en noces avec la firme minière zimbabwéenne Ridgepoint Overseas Developments Ltd, de qui étaient attendus des capitaux frais. Mais tel n'a pas été le cas. La Gécamines, selon les experts, a besoin d'au moins 2,5 millions de dollars d'investissements pour atteindre sa capacité installée.
Le 28 août à Kinshasa, le secrétaire général du ministère des Mines, M. Nsapu, a souligné que sur 21 projets de relance des activités de production de la Gécamines, 16 ont déjà trouvé des partenaires, et 6 ont connu un début d'exécution. Ces projets concernent les gisements de Tenke-Fungurume, à exploiter avec la société Lundin; le gisement Lwishishi à exploiter en joint-venture avec EGMF; le gisement de Twilezembe à exploiter avec Swaenepoel; le gisement de Kasombo 1 et 2, à exploiter avec EGMF et l'Union minière. Est également prévu le traitement en joint-venture avec OMG et EGMF des scories des usines de Lubumbashi, ainsi que la réhabilitation de la mine de Kamoto, des usines de Kolwezi et Luilu avec la société ISCOR. Il y a encore le projet Anvil Mining pour le cuivre de Dikulushi et Kapulo, dont le coût est de $40 millions.
Tous ces projets devraient permettre à la Gécamines d'atteindre une production annuelle de 503.300 tonnes de cuivre, 91.000 tonnes de cobalt et 12.500 tonnes de zinc. Et de sauver ainsi des milliers d'emplois dans cette entreprise.
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