ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 376 - 15/10/1999

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Malawi

Mandarines


by Kennie Cliff Ntonga, Malawi, septembre 1999

THEME = MONDE RURAL

INTRODUCTION

Une vue d'ensemble des problèmes
qui assaillent les producteurs de mandarines au Malawi

La plantation de mandariniers de Chisambai Ngozo, à Mwanza, dans le sud du Malawi, est son seul gagne-pain, mais aussi la source de ses préoccupations: "Par moments, je regrette d'avoir planté ces arbres, mais par quoi les remplacer pour gagner quelque chose?", se demande Ngozo. Chaque année, d'avril à septembre, quand le temps de la cueillette des fruits est arrivé, un certain nombre de personnes prennent le chemin de sa ferme de 4 hectares pour y acheter quelques mandarines et manger un petit quelque chose.

Parfois, une camionnette s'arrête pour un achat en gros de mandarines (citrus reticulata). Elles seront revendues au détail à Blantyre, Lilongwe, Zomba, Mzuzu et autres villes et districts. Les clients paieront le prix demandé, car ces mandarines douces ne se trouvent nulle part ailleurs dans le pays.

D'après les experts, les fermiers de Mwanza, qui se sont lancés dans la plantation des mandariniers, n'en retirent pas grand chose. Selon Albert Chakuda, un horticulteur du Projet du développement rural, ces fermiers sont exploités par des intermédiaires, qui achètent ces fruits à très bas prix dans les villages pour les revendre à un prix très élevé dans les villes. Vu leur situation économique, les fermiers ne peuvent pas se payer le voyage jusqu'à la ville pour y vendre eux- mêmes leurs fruits. Ils sont donc obligés de les vendre aux intermédiaires à des prix-cadeaux, plutôt que de voir leurs fruits tomber et pourrir.

Parfois, ils n'ont même pas ce choix. Si la cueillette tombe pendant la saison des pluies, les routes boueuses deviennent impraticables. Les propriétaires de camionnettes se tournent alors vers un commerce qui ne requiert pas des tournées dans les régions rurales, et les horticulteurs n'ont plus personne pour acheter leurs produits.

L'Association des horticulteurs

Les mandarines ont été introduites au Malawi par des missionnaires, mais le problème de leur distribution a toujours existé. En 1983, les horticulteurs avaient commencé leur propre association dans le but de chercher des marchés, de transporter leurs produits, de fixer des prix standards et finalement de construire une usine dans le district pour la production de jus de mandarine.

L'association envoya alors un plan du projet à USAID/SHAREDPROJECT. La réponse fut positive et, en juin 1993, l'Association avait ses bureaux bien meublés, avec un ordinateur, des véhicules et un pressoir. Elle avait même un secrétaire exécutif, un directeur des finances et de l'administration, un responsable du marketing et des employés.

Et puis ce fut la catastrophe! Toutes les recettes disparurent dans les poches individuelles. A la fin de 1996, il ne restait du secrétariat que des bureaux abandonnés, l'ordinateur au repos, un seul secrétaire et un gardien des lieux.

Pour le directeur de l'agriculture du district, Ben Chingwalu, la responsabilité du déclin de l'Association est due au grand fossé qui existait entre le conseil d'administration et le secrétariat: "Les membres du conseil d'administration, tous des fermiers, n'étaient pas à même de contrôler les activités des membres du secrétariat. Ceux-ci en profitèrent donc pour escroquer l'association".

Selon Chingwalu, son département projette de relancer l'association pour aider les 7.000 fermiers, et envisage de donner aux horticulteurs des cours d'administration, d'élagage, de greffage et d'emploi de pesticides pour qu'ils soient compétents dans leur entreprise.

Le contrôle de la mouche du vinaigre

Et puis, il y a le problèmes des maladies des plantes. Les pesticides existants sont inefficaces contre la mouche du vinaigre de la méditerranée (ceratitis capitata) et la mouche aleurode (aleurothrixus maskell). Ces deux insectes viennent de faire leur apparition dans cette région où l'exploitation des agrumes est très répandue, et ils sont résistants à la plupart des pesticides.

Le Dr. Harriet Thindwa, chercheur à la station agricole de Bvumba appartenant à l'Etat, dit qu'en général les pesticides n'arrivent pas à combattre la mouche aleurode dans beaucoup de régions où ils ont été expérimentés. Or, cette mouche est dangereuse parce qu'elle suce la sève de la plante et injecte à la place sa salive toxique. Les feuilles et les fruits se couvrent alors d'une moisissure noire comme de la suie, qui enpêche le processus de photosynthèse, fait tomber les feuilles, et la taille et la qualité des fruits diminuent. "Il n'y a que l'option biologique qui puisse donner une solution durable au problème. Elle a été employée en France, en Espagne, en Sicile, aux USA et tout récemment en Ouganda", écrit Thindwa dans un article qui vient d'être publié dans L'Horticulture au Malawi, une revue lancée récemment.

Chingwalu dit aussi que le ministère de l'Agriculture a déjà importé un prédateur appelé "calles noacki", venant de l'Ouganda, pour contrôler la mouche aleurode dans les régions affectées: "Pour le moment le prédateur est multiplié et ensuite il sera livré à toutes les régions affectées", dit-elle. Mais on ne sait pas combien de temps cela prendra pour que le prédateur arrive au million de mandariniers du district de Mwanza.

Ngozo, lui, doute de l'efficacité de tous ces plans et se demande si un jour il verra son travail rémunéré comme il faut. "Il y a eu beaucoup de paroles, dit-il, mais rien n'a été fait jusqu'ici pour nous aider. Je réserve donc mon commentaire jusqu'à ce que je voie quelque chose de tangible."

END

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