ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 376 - 15/10/1999

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Ouganda

Révolution dans les télécommunications


by Peter Bahemuka, Ouganda, août 1999

THEME = DEVELOPPEMENT

INTRODUCTION

L'Ouganda n'a que 56.000 abonnés au téléphone,
mais la situation pourrait rapidement évoluer

Avec plus de 20 millions d'habitants, l'Ouganda compte à peine 56.000 abonnés raccordés à une ligne téléphonique opérationnelle. Il fait partie des pays avec un taux de pénétration téléphonique le plus bas du monde. Mais, avec la libéralisation des télécommunications, accompagnée d'un investissement de millions de dollars pour des nouveaux services téléphoniques et l'achat d'un équipement neuf, cela commence à bouger.

En 1996, dans un document sur la politique du secteur de la télécommunication, l'Ouganda déterminait les nouveaux objectifs à court et moyen terme. Dans une période de 5 ans, la densité devrait s'accroître de 0,25 à au moins 2 lignes par 100 personnes; les installations et les prestations seraient améliorées; de nouveaux services de télécommunication seraient inaugurés tels que le courrier électronique; la distribution géographique des services serait intensifiée pour arriver à un réseau de télécommunication bien balancé et coordonné, en passant par des licences d'exploitation, une réglementation et une standardisation.

Les objectifs

Faire accroître le taux de réussite des appels de 35% à 65%; assurer le dépannage à 60% dans les 24 heures et à 95% dans les 72 heures; moderniser le réseau national, afin qu'en cinq ans au moins 75% des appareils soient à affichage numérique; atteindre un minimum de 300.000 lignes principales pendant la même période; multiplier les cabines téléphoniques à la disposition du public, et autres services appropriés dans les régions rurales; assurer une connexion plus rapide pour les nouveaux demandeurs: voilà une longue liste des objectifs à atteindre.

La Société d'Etat des postes et télécommunications, qui avait le monopole jusqu'en 1996, fut restructurée et les télécommunications furent attribuées à une autre compagnie nouvellement créée: Uganda Telecoms (UTL). La participation majoritaire du gouvernement dans UTL devait être vendue par adjudication au plus offrant, dans le quatrième trimestre de 1996; mais on en parlera plus loin. Le programme de privatisation du gouvernement, dont était chargé le Département des privatisations, recherchait surtout des opérateurs de réseaux de télécommunication expérimentés, et des fournisseurs de téléphonie publique, ainsi que des investisseurs.

La première des priorités du gouvernement dans son programme de restructuration, était de donner à un investisseur la licence de Second opérateur de réseau (SOR ), pour rivaliser avec le UTL. Le SOR devrait développer de nouveaux réseaux et services de télécommunication, entre autres les communications cellulaires pour les appels à longue distance, l'accès à Internet, courrier électronique, et autres services spéciaux. Le SOR devrait introduire un nouveau service de base en termes de couverture géographique et de qualité, et serait interconnecté avec le réseau UTL .

Développement des télécommunications

La Commission ougandaise pour les communications (COC) a été instituée pour protéger les intérêts des consommateurs, fixer les prix maxima des appels et promouvoir une compétition loyale dans le secteur. La COC peut aussi évaluer si les performances de UTL et SOR atteignent les objectifs fixés, bien que ces deux opérateurs aient recu une licence d'opération assez longue pour leur permettre de récupérer leurs investissements.

Depuis 1995, la situation des télécommunications en Ouganda a changé avec l'arrivée de nouveaux venus importants. Dix nouvelles licences de téléphones publics ont été données. Starlight Communication Ltd, liée à Starlight USA, a commencé un service de téléphones payants, de lignes internationales privées et de poste électronique. L'an dernier, elle fusionnait avec Infomail pour devenir Infocom, leader de sept fournisseurs d'Internet en Ouganda. Trois assurent un service de sémaphone (bip), alors qu'il n'y en avait que deux en 1996.

Puis vint le Réseau de la téléphonie mobile (MTN), qui reçut sa licence en 1997 en même temps que le SOR, pour des appels locaux ou internationaux à longue distance. Ce consortium est dirigé par la sud-africaine MTN, et la suédoise Telia. MTN a engendré une véritable révolution dans le secteur des télécommunications en Ouganda.

Dès le premier jour, le 21 octobre 1998, plus de 4.000 clients se sont pressés aux guichets pour s'abonner à la téléphonie mobile. Ce qui fit chuter les prix des appels locaux. MTN introduisit aussi le système de la carte à introduire dans l'appareil pour obtenir immédiatement la communication. En réaction, Celtel introduisit lui aussi sa propre version. Maintenant les abonnés peuvent se servir des deux cartes dans le même combiné.

Tentatives de vendre UTL

Après l'entrée de MTN sur le marché, le président du conseil d'administration de UTL, Patrick Kabonero, a assuré que sa compagnie s'efforcerait d'améliorer les services. Il a reconnu que, dans le passé, sa compagnie avait une piètre image, surtout à cause de sa mauvaise facturation, la mise sur écoute des clients et les réparations qui se faisaient attendre.

Nous avons déjà mentionné que le gouvernement avait voulu vendre sa participation majoritaire dans UTL avant le quatrième trimestre de 1996. Mais cette tentative de privatisation a traîné en longueur et n'a pas cessé de rencontrer des problèmes. Une soumission par une compagnie malaysienne, Telecom Malaysia Berhard, avait été annulée parce que cette compagnie, en absence d'autres concurrants offrant des prix réalistes, en avait profité pour abaisser son offre au prix le plus bas.

Le 2 novembre 1998, le Comité pour l'exécution du désinvestissement et des réformes (CRIC) acceptait la pré-qualification de deux compagnies pour l'achat de la participation majoritaire que le gouvernement avait dans le UTL. L'une faisait partie de World Tel, une compagnie internationale d'investissement; l'autre, de Saskatel International Ltd, du Canada, qui possède le réseau de télécommunications dans la province de Saskatchewan et a été associé à de nombreux projets internationaux de télécommunication.

Toutefois, le 16 novembre 1998, le gouvernement annonçait qu'il n'y avait qu'une seule soumission: celle de World Tel, qui offrait 23 millions de dollars pour les 51% des actions de UTL. Mais même cette offre tomba à l'eau en mai 1999, et le gouvernement remit aux enchères la vente de UTL.

Après tout cela, je crois que le lecteur sera d'accord pour reconnaître que, oui, le secteur des télécommunications en Ouganda est en pleine révolution...

END

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