ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 377 - 01/11/1999

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Malawi

La liberté de la presse en danger


by Hamilton Vokhiwa, Malawi, août 1999

THEME = MEDIAS

INTRODUCTION

La liberté de la presse, appelée la pierre angulaire de la démocratie lors du passage
au multipartisme en 1994, est aujourd'hui en grand danger. Le gouvernement de Muluzi ne cesse
de harasser et d'emprisonner des journalistes. Quel est donc l'avenir de la presse au Malawi?

En 1994, quand il devint président, le Dr Muluzi avait solennellement promis la liberté de la presse. Et, pendant la première partie de son mandat, il a effectivement essayé de convaincre les Malawites et la communauté internationale de sa tolérance. Lors du congrès annuel de l'Institut des médias de l'Afrique australe (MISA ), en octobre 1996, il déclara: "Au Malawi nous avons une des presses les plus agressives, mais aussi des plus libres de l'Afrique australe". Cependant, appelant la presse "le chien de garde de la société", il l'accusait aussi de montrer des symptomes de la rage.

Il faisait cette déclaration deux mois à peine après avoir intenté un procès pour diffamation au journal The Tribune, demandant à la Haute Cour d'interdire la publication. Muluzi ne cessait de rappeler qu'il croyait en la liberté de la presse, mais il mettait en garde les journalistes qu'il ne tolérerait pas de reportages inexacts. Son secrétaire de presse, Alaudin Osman, déclara en écho: "Le président a toujours été en faveur d'une presse qui critique librement les programmes et la politique du gouvernement".

La MBC

Malgré toutes ces déclarations apaisantes, les journalistes du Malawi sont harassés de tous côtés par les autorités constituées. Parfois, c'est même pire que du temps du président Banda et son système de parti unique. La plus touchée est la Malawi Broadcasting Corporation (MBC), où des employés sont congédiés, accusés de sympathiser avec l'opposition.

A peine une semaine après les élections présidentielles du 15 juin, au moins quatre présentateurs et producteurs de la radio nationale reçurent leur préavis: Geoffrey Msampha, Ruskie Nkwapatira et Patrick Mphaka furent virés, en même temps que le producteur principal Thom Chisuse. Auparavant, treize autres avaient été congédiés sommairement pour avoir demandé une augmentation de salaire et avoir critiqué la corruption rampante à l'intérieur de la MBC où certaines personnes avaient "obtenu des faveurs d'en haut".

Des sources internes affirment que le climat de travail dans la MBC, qui appartient à l'Etat, est empreint de peur, à tel point que la moindre plaisanterie sur le Front uni pour la démocratie (UDF au pouvoir) peut coûter à son auteur d'être congédié sur le champ. Trois employés, soupçonnés d'avoir été placés là pour espionner les sympathisants de l'opposition, auraient été, dit-on, à l'origine des renvois controversés d'un grand nombre de collègues avant et après les élections générales.

La presse

Dans les médias écrits, les dernières victimes de la chasse aux sorcières que mène Muluzi, sont deux journalistes du groupe financé par l'opposition Blantyre Newspapers Ltd qui publie le plus ancien journal du Malawi The Daily Times et son hebdomadaire The Malawi News. L'éditeur de cet hebdomadaire, Horace Somanja, et un de ses journalistes, Mabvuto Banda, furent arrêtés le 21 juin après la publication d'un article sur les résidents de Blantyre qui, mécontents des résultats des élections du 15 juin, étaient descendus dans la rue et avaient, en chantant, demandé à l'armée de reprendre le pouvoir du gouvernement frauduleusement élu de Muluzi. Les deux journalistes avaient été mis en état d'arrestation pendant deux jours, accusés d'avoir publié un article risquant de compromettre la sécurité et l'ordre public, et d'inciter à la mutinerie. Ils furent remis en liberté provisoire sous caution.

Edge Kanyongolo est l'avocat des médias. En 1994 il a repéré 40 lois qui directement ou indirectement mettent des entraves au travail des journalistes au Malawi. Il souligne surtout la loi sur la radio et la télévision votée au Parlement avant les élections du 15 juin. Cette loi stipule que le ministre approprié a le pouvoir d'engager et de congédier le staff, d'approuver ou désapprouver toute nouvelle présentée pour être diffusée, et de décider des programmes qui seront diffusés sur le réseau de la radio nationale.

Expériences personnelles

L'auteur de cet article n'a pas été épargné non plus. En tant que co-rédacteur d'une publication gouvernementale, Weekly News, Hamilton Vokhiwa a été licencié en février 1998 par Sam Mpasu, alors ministre de l'Information. Vokhiwa est un vétéran du journalisme, ancien rédacteur du premier journal du Malawi, le Daily Times. Après avoir survécu aux temps difficiles, quand rôdaient les faucons du Congrès du Malawi de Banda, il ne put échapper aux suppôts de Muluzi.

Le péché de Vokhiwa a été d'avoir publié la lettre d'un lecteur qui avançait des doutes sur la soi-disant éducation primaire gratuite, introduite par le gouvernement, éducation qui était tout sauf gratuite. Pourquoi? Les comités des écoles ne font que demander aux parents de l'argent pour ceci ou pour cela, bien plus qu'au temps de Banda.

Le MCTU

Le Congrès des syndicats du Malawi (MCTU) s'est dit inquiet de la censure de la presse dans une société supposée être démocratique. Francis Antonio, le secrétaire général du MCTU, dit que tout indique que les journalistes, les imprimeurs et les institutions médiatiques n'ont aucune protection contre les licenciements, quelles que soient les raisons données. Ils sont aussi sous l'intimidation de leurs employeurs.

Antonio propose l'établissement d'un syndicat des journalistes. Bien sûr, ils ont déjà des organisations telles que l'Association des journalistes du Malawi (JAMA) et le Conseil des médias; ils sont aussi membres de MISA. Mais il est important, selon lui, qu'ils aient un syndicat général, réunissant le personnel de la presse, la radio et la télévision, qui pourrait les aider à résoudre les problèmes entre employeurs et employés. Il a proposé l'aide du MCTU pour former ce syndicat.

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