ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 377 - 01/11/1999

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS



Zimbabwe

La réconciliation avec le FMI


by Tonderayi Mukeredzi, Zimbabwe, août 1999

THEME = ECONOMIE

INTRODUCTION

Le gouvernement du Zimbabwe et le FMI ont enterré la hache de guerre,
le dernier ayant enfin accepté, le 2 août, d'octroyer des facilités de crédit d'appoint
d'un montant de 193 millions $US

Cette facilité de crédit devrait épauler le programme économique de la nation dans les 14 mois à venir. Le Zimbabwe et le Fond monétaire international (FMI) étaient en conflit depuis le mois d'août 1998. Le Zimbabwe ne parvenant pas à satisfaire aux conditions imposées par les institutions de Bretton Woods, le FMI avait bloqué l'aide au Zimbabwe, inquiet de certaines décisions du gouvernement et de son immixtion dans le conflit du Congo RDC. Dans ce conflit, le Zimbabwe dépense une fortune (Ndlr - L'hebdomadaire Jeune Afrique parle de $ 27 millions par mois) et a engagé 11.000 soldats pour aider le président Kabila contre les rebelles tutsi soutenus par l'Ouganda et le Rwanda.

Des 193 milliards $US du crédit d'appoint, quelque 24 millions $US ont été rendus disponibles immédiatement; 9,7 millions l'ont été le 16 août. Les autres, selon le FMI, suivraient tous les trois mois, à condition que le Zimbabwe réalise les objectifs voulus et parachève des révisions de son programme.

Pourquoi cette facilité de crédit?

Le payement devrait restaurer la stabilité macro- économique et la confiance des investisseurs, tombée au plus bas ces derniers 18 mois. Le 1er juin de l'an dernier, le FMI avait accordé un crédit d'appoint au Zimbabwe et avait autorisé un retrait de 175 millions $US sur une période de 13 mois. Mais seulement 65 millions avaient été payés.

Selon des analystes économiques, ce déblocage des fonds devrait préparer la voie à l'aide venant d'autres institutions, telles que la Banque mondiale, qui offrent des emprunts avantageux.

Clôturant une réunion du conseil exécutif qui venait d'étudier le programme zimbabwéen, le directeur-adjoint du FMI, Shigemitsu, a dit: "Les directeurs du FMI ont souligné l'importance de la stabilisation macro-économique et des réformes économiques. Ils s'accordent sur le fait que, dans l'immédiat, le défi est de stabiliser les cours de change et de contrôler l'inflation en contrôlant davantage la politique financière. Ils ont insisté sur le fait que la restauration de la confiance dans le marché était le point crucial pour y arriver. Des mesures doivent donc être prises pour abolir les contrôles des prix ainsi que les restrictions imposées au commerce et au change".

Inflation

Depuis son indépendance, le Zimbabwe souffre d'une instabilité macro-économique accompagnée d'une inflation galopante qui s'aggrave d'année en année: en juin, elle est passée de 52% à 53%, battant un nouveau record. En décembre 1998, elle avait atteint 46%, pour s'améliorer légèrement jusqu'à 44% en janvier dernier; depuis, elle est montée en flèche pour arriver à son taux record en juin

Cet accroissement inhabituel faisait suite à la chute de 200% du taux de change, le 14 novembre 1997. Cette journée a été baptisée le "Vendredi noir". Les experts prédisent maintenant que l'inflation dépassera les 63% au cours du dernier trimestre de cette année, à cause de facteurs techniques tels que l'augmentation des salaires, l'ajustement des prix des produits de base et du prix de l'énergie. Les taux d'intérêt ont été fixés à plus de 50%.

Selon Shigemitsu, les responsables du FMI ont souligné le besoin d'une consolidation fiscale continue, qui exige en priorité un renforcement du système fiscal, une diminution des dépenses publiques et une réorientation de celles-ci vers des objectifs plus producteurs.

Les efforts en cours pour instaurer une administration fiscale nationale et adopter un système fiscal basé sur la taxe à la valeur ajoutée (TVA) ont été bien accueillis. Le FMI préconise une restriction de la masse salariale, une limitation de l'aide aux entreprises publiques, et une réduction des dépenses militaires. Ces mesures sont jugées essentielles pour recentrer le budget sur les infrastructures clés telles que la santé, l'éducation et la sécurité sociale.

Les résultats obtenus par le Zimbabwe pendant ces 13 mois de crédit d'appoint sont mitigés. Le gouvernement a réussi en 1998 à réduire son budget de moitié. La balance des paiements a cependant empiré car l'inflation ne faisait que grimper suite à des circonstances défavorables, au délabrement de la situation financière du secteur parastatal, et à toutes sortes de décisions politiques qui avaient ébranlé la confiance du marché. Le scepticisme pour le programme de réforme agraire du gouvernement et pour les questions liées au contrôle des prix et des tarifs douaniers, ont contrecarré la révision des arrangements précédents.

Les mesures prises par le FMI

Le programme 1999 du gouvernement, approuvé par le FMI, essaie de résister à la pression inflationniste, de redorer son blason à l'étranger et de créer une plate-forme pour la croissance économique. Les efforts de stabilisation ont surtout pour objectif des restrictions financières continues, notamment le contrôle de l'accroissement monétaire et les ajustements dans le secteur parastatal, celui de l'électricité et des carburants en particulier. D'après le FMI, ces efforts ne peuvent réussir qu'en prenant un ensemble de mesures pour rétablir la confiance dans le marché, et notamment: mener à bien la réforme agraire en accord avec les investisseurs et les donateurs, la transparence des dépenses militaires, et le contrôle renforcé du secteur financier. D'autres mesures devraient comprendre l'abolition du prix imposé de la farine de maïs, une liste des produits de première nécessité et l'accélération du programme de désinvestissement.

Ce qui a déjà été fait

Dernièrement, les autorités zimbabwéennes ont pris des mesures pour consolider l'économie. Les tarifs pour l'électricité ont été augmentés de 15%; le prix de l'essence au détail de 27% et celui du diesel de 32%. Le prix imposé pour la farine de maïs a d'abord monté de 20%, puis encore de 20% en juillet.

Pour l'année 1999, on prévoit un accroissement du PIB de 1,2%, beaucoup moins que ce qu'on avait espéré. Cette régression vient surtout du ralentissement du rendement des mines et des industries. On s'est fixé un taux d'inflation de 30%, surtout en réduisant la masse monétaire. Les cours de change seront libérés pour s'adapter au marché international. Le Zimbabwe est aussi tenu de maintenir une stricte politique fiscale et de continuer sa lutte contre l'inflation, bien que la hausse des taux d'intérêt a obligé à élever les prévisions des déficits fiscaux.

Le déficit fiscal attendu

A part les subventions, on s'attend à ce que le déficit fiscal du Zimbabwe atteigne en 1999 un niveau d'environ 5,3% du PIB, en d'autres termes un surplus du budget primaire d'environ 3,2%.

Les derniers chiffres du budget 1999, donnés par le ministère des Finances, montrent un total de dépenses de 14,8 milliards de dollars zimbabwéens, un milliard de plus que prévu. (Ndlr - En septembre 1999, le cours était de 38 $Z pour 1 $US). Pour le premier trimestre de 1999, le déficit aurait atteint 3,8 milliards de $Z, contre 3,2 de prévus. Le déficit a été comblé surtout par des bons du Trésor.

La chambre de commerce nationale du Zimbabwe (ZNNC) a condamné les mesures de restriction monétaire prises récemment par la Banque des réserves du Zimbabwe en augmentant les taux d'intérêt. L'an dernier, la Banque des réserves s'était servie de ce moyen pour essayer de contrôler le glissement du dollar zimbabwéen - mais sans effets. Ensuite le dollar se stabilisa, grâce à un accord entre les banques de laisser la devise en chute libre. La ZNNC est une association d'hommes d'affaires engagés dans les secteurs bancaires, le commerce, les finances, le transport et l'industrie.

"La politique d'une hausse des intérêts n'arrivera pas aux résultats voulus, à moins que le gouvernement réduise drastiquement ses dépenses. Mais nous ne voyons pas comment le gouvernement cessera de créer des découverts, alors que le déficit continue à grossir et que tous les ministres se précipitent sur la Trésorerie pour plus de fonds", dit la ZNNC. Elle demande donc avec insistance que la Banque centrale ait les pouvoirs légaux pour combattre l'inflation et fixer des limites aux crédits. Sans cela, il sera difficile de contrôler l'accroissement des déficits.

END

SOMMAIRE | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


PeaceLink 1999 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement