ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 378 - 15/11/1999

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Afrique centrale

Protection de l'environnement


by Martin Luther Mbita, Cameroun, octobre 1999

THEME = ECOLOGIE

INTRODUCTION

Le problème de la conservation et la gestion durable de la forêt en Afrique centrale

La forêt équatoriale a toujours été l'habitat des bêtes sauvages, des arbres remplis de mystère. Il a fallu des siècles aux hommes pour saisir la science de la survie. Mais il aimait et respectait sa forêt. L'essingan était son arbre-dieu; le moabi lui donnait sa sève comme médicament, son fruit pour ses repas, ses fèves pour l'huile utilisée dans la cuisine. Ces arbres, selon la sagesse ancestrale, méritaient une protection particulière. Cela explique la révolte des populations quand les exploitants forestiers sont arrivés pour abattre ces arbres et chasser les bêtes. Aujourd'hui, l'homme du village se demande pourquoi ce remue-ménage autour de sa forêt? Pourquoi, ceux qui ont débarqué avec les machines pour couper les arbres et faire fuir les animaux, sans tenir compte de l'habitant, parlent de gestion durable de la forêt?

Cependant, le monde est préoccupé par le réchauffement de la planète et la déforestation sauvage en Afrique centrale, due à l'accroissement de la demande mondiale en bois. Les forêts, qui couvraient hier 6800 kmý, ne couvrent plus aujourd'hui que 2300 kmý. Cette déforestation est à l'origine de la disparition de certaines espèces végétales et animales. Il faut faire quelque chose. Le bassin du Congo constitue la deuxième plus vaste étendue de forêt tropicale dans le monde, où habite une des plus riches faunes de la planète.

La Déclaration de Yaoundé

Sous l'initiative du président camerounais, Paul Biya, s'est tenue au mois de mars 1999, à Yaoundé, une conférence sur la conservation et la gestion durable de la forêt en Afrique centrale. Plusieurs chefs d'Etat de la sous- région ont participé à cet important rendez- vous. La conférence a donné naissance à une déclaration, dite "Déclaration de Yaoundé", où les chefs d'Etat d'Afrique centrale proclament:

Ils s'engagent par conséquent à:

Les chefs d'Etat ont enfin donné mandat à leurs ministres en charge de la gestion et la conservation des écosystèmes forestiers de redynamiser l'Organisation pour la conservation de la faune sauvage en Afrique centrale (OCFSA), notamment par le transfert de son siège au Cameroun, et de veiller à la mise en oeuvre des résolutions de ce sommet.

Ces résolutions seront-elles appliquées?

Difficile de répondre de manière exacte à cette épineuse question. Il ne faut pas perdre de vue que, depuis des années, la forêt tropicale constitue une ressource importante dans la stratégie de recouvrement des dettes en faveur des pays riches. Compte tenu de l'accroissement de la demande du bois sur le plan mondial, on se demande si ces pays vont cesser de piller les forêts africaines. Malgré la proposition du WWF (Fonds mondial de la nature) de contrôler cet accroissement qui sera régulé par un jeu du marché, des inquiétudes subsistent quant aux méthodes utilisées pour ce contrôle dans les nations africaines.

Dans un aide-mémoire préparé à l'attention du gouvernement camerounais, l'Union européenne affirme: "De même que le respect des droits de l'homme ou la démocratisation de la vie publique, la gestion durable de l'environnement devient un critère pour l'opinion internationale, pour les Etats et pour les organisations non gouvernementales, dans l'orientation de leur politique de coopération". Un véritable avertissement pour le Cameroun car, malgré l'entrée en vigueur en janvier 1999 de la loi sur l'interdiction de l'exportation des grumes, les camions chargés de billes de bois n'ont pas encore cessé de remplir les ports de Douala, Kribi et Limbé en bois destinés à l'exportation.

La conférence de Yaoundé atteste une prise de conscience grandissante qui permet de mettre en oeuvre une stratégie de conservation des forêts par toutes les parties intéressées. Le WWF, qui entend s'impliquer dans la protection de la forêt, poursuit deux objectifs: la création d'ici l'an 2000 d'un réseau écologiquement représentatif et de zones forestières protégées couvrant au moins 10% de chaque type de forêt; et, d'ici l'an 2001, la certification indépendante, dans les pays producteurs de bois, d'au moins 25 millions d'hectares à gérer seulement en tant que forêt.

De toutes les façons, la conférence de Yaoundé a reconnu la nécessité de conserver et de gérer de façon durable la forêt tropicale. Toutefois, le processus visant la sauvegarde des forêts du globe ne peut être efficace qui s'il est appuyé par un cadre politique positif.

END

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