ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 378 - 15/11/1999

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Congo-Brazza

S.O.S. bois congolais


by Médard Libani, Congo-Brazza, septembre 1999

THEME = ECOLOGIE

INTRODUCTION

Jadis grande ressource nationale, l'exploitation du bois
connaît des problèmes importants au Congo.
Mais des espoirs sont permis.

Le bois congolais fut jadis la principale ressource nationale d'exportation. Aujourd'hui, du fait d'une exploitation trop sélective de la forêt, et aussi de son exportation en grande partie sous forme brute, le bois congolais ne contribute plus que faiblement au produit intérieur brut. On constate une accélération de l'abattage d'une part, et celle d'autre part du vol et de l'écrémage des ressources (surtout dans le pays du Niari). De plus, le tissu industriel est limité à la première transformation (surtout au niveau des scieries).

"Le pétrole congolais connaît actuellement une chute du prix du baril. Le bois devrait contribuer à relever l'économie congolaise, aujourd'hui en perte de vitesse", pense un habitant de Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. Mais le secteur de l'industrie du bois n'est pas suffisamment diversifié et il est mal structuré. Malgré un important potentiel, la production n'a jamais dépassé les 900.000 m3/an, sans que la capacité de régénérescence soit compromise.

Illégalités et pirateries

"Les scieries artisanales ont pris de l'ampleur dans les années 80. Pendant cette période, les bûcherons nous proposaient le bois à des prix hors concurrence, entre 60.000 et 200.000 fcfa la grume selon la taille. Tel n'est plus le cas aujourd'hui", affirme Marius Ngambou, patron des établissements "Dopio", une scierie artisanale basée à Brazzaville.

Ces scieurs artisanaux évoluent dans l'illégalité la plus totale. La plupart d'entre eux ne sont pas enregistrés auprès du ministère de tutelle, ce qui dissuade certains acheteurs. Pourtant ces scieurs proposent des abattements de prix très importants. "Nous vendons le mètre d'un basting à 2.000 fcfa alors que les scieurs modernes demandent 2.500, voire 3.000 fcfa", raconte Maxime Gama, l'un des scieurs installés à Mpila, dans le sixième arrondissement de la capitale.

Depuis la guerre civile de 1997, certains trafiquants se sont livrés à un commerce illicite du bois sur le fleuve Congo. "Des bandits et des voleurs armés, avec des moyens suffisamment sophistiqués et des pirogues équipées, ont détourné des radeaux entiers ou des parties de radeaux appartenant aux entreprises opérant dans les secteurs forestiers du Nord- Congo", indique un agent du département de l'économie forestière.

Ces bois prennent plusieurs directions, notamment vers des scieries pirates installées sur les bancs de sable aux abords du fleuve Congo, ou encore vers l'autre côté du fleuve au Congo-Kinshasa. Il s'agit d'un vol organisé, contre lequel les deux Congos doivent lutter en conjuguant leurs efforts. "Cette question concerne la sécurité, la défense et les affaires étrangères, car il s'agit de détournements de revenus importants de l'économie nationale", affirme un autre cadre du ministère de l'économie forestière.

De juin 1997 à avril 1998, on a détourné près de 13.000 m3 de bois congolais, représentant 1,2 milliard de fcfa en prix plage, et près de 1,8 milliard en prix d'exportation, qui ont ainsi échappé aux caisses des entreprises. A la frontière entre le Congo et la République centrafricaine, on a décelé également une exploitation frauduleuse du bois congolais, notamment le sapeli.

Difficultés de transport

Le bois congolais subit encore les effets des coûts de production élevés, particulièrement par les difficultés de transport, le ravitaillement en carburant, etc. Depuis plus d'un an déjà, plusieurs sociétés du Nord-Congo exportent leur bois via le Cameroun, faute de circuit d'évacuation national.

Cela fait près de 20 milliards de fcfa de perte pour le chemin de fer Congo-océan, la Companie industrielle du bois (CIB) et autres sociétés forestières du Nord- Congo. A elle seule, la CIB a dépensé environ 7 milliards de fcfa pour exporter son bois par le port de Douala (Cameroun). Actuellement, le bois congolais compte pour près de 30% du trafic du port camerounais. Ce sont donc des pertes d'emplois et de valeur ajoutée pour le Congo.

L'économie forestière

Selon le ministre de l'économie forestière et des ressources halieutiques, Henri Djombo, les populations des zones dites de protection intégrale sont informées des conditions d'exploitation de ces zones, où les droits d'usage sont extrêmement limités. Ces réserves constituent le patrimoine naturel de ces populations. "Les agents forestiers et les écogardes qui sont dans les différents sites, les sillonnent pour éviter le braconnage ou l'utilisation abusive des éléments de la nature. Il y a donc, à ce niveau, un peu de prévention. Rapidement, ces contrôles devront permettre de mettre la main sur ceux qui viennent perturber les règles de gestion de ces aires protégées", ajoute-t-il, avant de poursuivre: "Des missions d'enquêtes et d'inspections vont avoir lieu dans cette zone pour que nous puissions mesurer l'étendue des dégâts. Ce sont des zones non peuplées, ce qui fait que les braconniers et les opérateurs forestiers opèrent frauduleusement sur notre territoire".

Des appels d'offre, a-t-on appris, sont lancés pour des nouveaux permis forestiers au Nord-Congo, notamment dans la région de la Likouala, concernant Mokabi, Lopaka et Ipendja. Ces unités contribueront, tout comme celles de Bétou et Enyéllé où vient de s'installer la société "Cristal", à créer une activité économique, tout en protégeant les intérêts nationaux.

Il y a quelques mois, les prix de certaines essences avaient chuté, surtout ceux de l'okoumé. Mais aujourd'hui, le marché a repris et l'optimisme est permis. "Il y a des fluctuations, certes, mais elles ne sont pas comparables à celles que connaît le pétrole. Il nous faut augmenter la production et accroître le volume des bois transformés sur place", souligne Martin Adolphe Nkouka, écologiste.

En effet, l'exportation des produits finis constitue une activité importante pour augmenter les revenus, aussi bien sur le plan des devises que sur le plan de l'économie nationale. "Nous venons de mettre en place une inspection générale des eaux et forêts qui procédera à des recoupements des données sur la base des déclarations à l'intérieur du pays et également des données venant des ports d'exportation (Pointe-Noire, Douala au Cameroun et Matadi au Congo- RDC), mais aussi des ports de destination de nos bois", lance Mr.Nkouka. Les recoupements de toutes ces données devraient permettre de savoir si l'exportation des bois se fait régulièrement.

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