ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 378 - 15/11/1999

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Madagascar

Environnement côtier en danger


by Ramasiarisolo M., Madagascar, septembre 1999

THEME = ECOLOGIE

INTRODUCTION

Les zones côtières et marines sont un capital unique;
mais elles subissent des exploitations multiples...

Jamais on n'a autant utilisé le mot "environnement" que ces dix dernières années. Madagascar, la troisième grande île du monde, occupe une position stratégique dans l'océan Indien. Sa spécificité en matière environnementale suscite l'intérêt des chercheurs et des spécialistes, et même des profanes. Chez nous, qui parle d'environnement (en malgache Tontolo iainana) songe à la préservation des forêts et des animaux. Madagascar dispose d'une faune et d'une flore uniques au monde. Mais, actuellement, l'écosystème côtier est en danger permanent sur presque toute l'île.

Un milieu méconnu et menacé

La destruction de l'habitat marin - récifs coralliens, mangroves, marais, algues, etc. - entraîne une diminution alarmante des ressources halieutiques. Des centaines de milliers d'hectares de mangroves ont été rasés pour construire des bassins pour l'élevage de crevettes. Les récifs coralliens, abritant plus de 25% des espèces marines, sont victimes des engins de pêche et de la pollution. On estime que 10% des récifs coralliens sont déjà détruits. A ce rythme, 60% sont menacés dans les vingt prochaines années. Or, ces récifs coralliens forment une sorte de forêt au fond de l'océan, lieu favorable à la reproduction de nombreuses espèces aquatiques.

La pollution des mers constitue un réel danger. En 1997, la côte sud-est de Madagascar était polluée par les déchets toxiques qui y étaient déversés. Nombre de poissons morts ont été rejetés sur les plages. De tels méfaits se répètent sans aucune réaction de la part des responsables. L'image la plus typique est celle des épaves de bateaux étrangers dans le port de Fort-Dauphin, au sud de l'île. Les zones côtières sont très vulnérables, leurs écosystèmes sont fragiles et facilement détériorés par l'industrialisation, l'urbanisation et d'autres activités nocives.

Selon la convention de Montego Bay, les Etats côtiers doivent prendre des mesures pour protéger leur environnement marin. Une convention de 1982 délimite une zone économique exclusive de 200 milles marins, où tout Etat côtier dispose d'un droit souverain sur l'exploration, l'exploitation, la conservation et la gestion des ressources naturelles. L'Etat malgache a signé cette convention le 25 février 1983, mais ne l'a toujours pas ratifiée. Cela démontre la faillite du système administratif malgache. Seize ans après la signature du traité, les gouvernements successifs ne sont toujours pas arrivés à actualiser les textes en matière de droit maritime pour se conformer à la convention. D'ailleurs, nombre d'autres conventions importantes n'ont pas été ratifiées par Madagascar, comme, notamment, la convention de 1973 pour la préservation de la pollution par les navires.

Continuer à ignorer ces conventions serait suicidaire quand on sait, selon un rapport de la Banque mondiale relatif au Fonds mondial pour l'environnement, que dans l'océan Indien transitent quelques 5.000 bateaux pétroliers par an. L'océan devient très vulnérable et Madagascar n'est pas à l'abri des menaces. La préservation du milieu marin est très négligée par l'Etat malgache. Conséquence: ses principales ressources sont en régression, du fait de l'érosion côtière, de la destruction inconsciente des richesses biologiques, du risque d'un développement désordonné de l'aquaculture, des effets non contrôlés du tourisme, de l'absence de prise en compte de la spécificité de l'environnement littoral dans les politiques sectorielles.

Conséquences socio-économiques

Tout développement est fait par l'homme, et quand on parle de l'environnement marin et côtier, les acteurs sont: les marins, les armateurs, l'administration maritime, les populations littorales en général. Avec la dégradation de l'environnement marin et côtier, le niveau de vie des populations littorales ne cesse de se détériorer du fait de la diminution des ressources, en voie d'épuisement accéléré. Sans parler de la difficulté des gens à s'adapter au marché, quand ils doivent concurrencer les industriels.

La pêche est d'une importance prépondérante. Elle doit assurer les besoins alimentaires des Malgaches. Or, la consommation habituelle, de 7,5 kg par personne et par an, est faible et insuffisante pour une population insulaire. Pour les populations des pays du tiers monde, les produits de la mer sont à la fois une source essentielle de nourriture, de revenus et d'emplois. Mais les systèmes destructeurs employés par la pêche industrielle ont vidé la mer de ses richesses. Depuis 1970, il y a des accords de pêche notamment entre l'Union européenne et les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique); mais 20 ans après l'entrée en vigueur de ces premiers accords, au Nord comme au Sud, beaucoup de pays, y compris Madagascar, n'ont pas rempli le rôle qui leur était assigné par le cadre juridique international dans la gestion des ressources et dans la préservation de l'environnement marin.

L'Office national pour l'environnement

"Sous l'eau , il existe une vie aussi riche et complexe que celle que nous connaissons mieux, la vie sur terre. Des liens étroits unissent ces deux mondes." Le milieu marin est prometteur pour l'avenir: producteur de protéine à bon marché, source de revenu non négligeable, facteur de création d'emplois, richesse inestimable en biodiversité, etc. C'est ainsi que, dans le cadre du Programme d'action environnementale II, l'Office national pour l'environnement à Madagascar a introduit la composante "Environnement marin et côtier" (EMC) en raison de l'importance des écosystèmes côtiers. On avait en effet constaté une dégradation rapide de certains secteurs du littoral, l'absence de données concrètes sur ces phénomènes, et une connaissance insuffisante des milieux marins et côtiers.

L'objectif global de cette composante est d'assurer le développement durable de la zone côtière. L'EMC devrait, pour cela, mettre en place un cadre national de gestion intégrée des zones côtières, veiller à améliorer les conditions de vie des communautés littorales, instaurer un système de prévention/réduction de la pollution, et assurer la préservation de la biodiversité marine et côtière.

Pour ce faire, il y a une approche à trois niveaux. L'approche nationale, qui définira le cadre national de gestion intégrée des zones côtières avec la formulation d'une politique de développement, de mise en valeur et de protection de ces zones. Ensuite l'approche régionale, qui établira un schéma d'aménagement et un plan d'action en fonction du milieu littoral et marin. Et enfin l'approche locale, qui s'attachera à la mise en oeuvre d'actions concrètes destinées à alléger la pression sur l'environnement avec une gestion communautaire locale. Toutes ces approches sont d'autant plus nécessaires que les acteurs en zones côtières sont multiples. Cela touche aussi bien la pêche, l'agriculture et l'élevage, que la ville, l'industrie, le tourisme, la forêt, la navigation.

Seul le renforcement des règles de sécurité des zones maritimes de la part de tous pourra garantir le développement durable des zones côtières.

END

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