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by Kennie Cliff Ntonga, Malawi, octobre 1999
THEME = ECOLOGIE
Le taux de la déforestation au Malawi est de 50.000 hectares par
an et va en augmentant:
ne se servant plus de l'électricité, on se tourne vers le bois de chauffage et le
charbon de bois
En juin dernier, la Société d'électricité du Malawi (ESCOM), la seule à produire et distribuer l'électricité dans le pays, a augmenté ses tarifs de 15%, alors qu'elle les avait déjà haussé de 35% sept mois plus tôt. Maintenant, rien que pour l'électricité, beaucoup d'abonnés, dans les villes, doivent payer 20% de leurs revenus mensuels. C'est beaucoup trop, pour un pays dont le PIB par habitant n'est que $206, l'un des plus bas dans la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).
Cette hausse des tarifs a certainement accru le chiffre d'affaires d'ESCOM; mais elle lui a aussi créé des problèmes de fonctionnement. Ses deux centrales hydro-électriques de Tetzani et de Nkula, en effet, sont alimentées par la rivière Shire, la plus importante du Malawi. Or, la plus grosse partie du bois de chauffage et du charbon de bois - employée dans les villes de la région méridionale et dans certaines parties de la région centrale - provient elle aussi des berges de la Shire, dans les districts de Mwanza et de Chikwawa. L'abattage intensif des arbres au long de la Shire cause l'envasement de la rivière, entravant ainsi le bon fonctionnement des deux centrales hydro-électriques. En février 1997, on a dû arrêter tout activité de la centrale de Nkula, l'envasement ayant bouché deux conduits d'entrée.
Est-ce que la diminution des tarifs d'électricité pourrait sauver les arbres classés "espèces en danger"? Langes Sitaubi, directeur adjoint des forêts, au ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement, ne le croit pas. "Les tarifs peuvent être réduits, dit-il, mais la population ne se limitera pas à l'électricité. Mon ministère a demandé au département des Finances de considérer une réduction de la surtaxe sur les appareils électroménagers, tels que les cuisinières, les fers à repasser et les chaufferettes, afin de sauver les forêts". Sitaubi voit d'un bon oeil que des investisseurs de plus en plus nombreux s'intéressent à la production d'énergie électrique, suite à la libéralisation de ce domaine. La population sera ainsi mieux approvisionnée et à un prix plus réduit.
Le Conseil national pour l'électricité, qui contrôle la distribution de l'énergie dans le pays, a récemment déclaré à un journal local que la hausse des tarifs de l'électricité était justifiée par le fait que plus de 80% des matériaux nécessaires à la production et à la distribution d'électricité doivent être importés de l'étranger, et donc être payés en devise forte.
Certaines organisations gouvernementales et non gouvernementales préconisent l'emploi de biogaz et de briquettes comme une alternative appropriée, car le pays a assez de matériaux pour différencier ses sources énergétiques.
Mais pour le directeur exécutif de l'Association des consommateurs du Malawi, John Kapito, les choses ne sont pas si simples. Il prétend que ce biogaz pourrait avoir des effets néfastes pour l'organisme humain, et il se demande si le cheptel malawite pourrait produire assez d'excréments pour satisfaire aux besoins d'énergie du pays. En outre, pour Kapito, les briquettes ne conviendraient que dans les régions rurales, car c'est là qu'on trouve les matières premières pour leur composition: feuilles sèches, herbe, papier et sciure de bois. Mais l'expérience a prouvé que ceux qui vivent à la campagne sont toujours les derniers à profiter d'une amélioration du niveau de vie, alors que c'est la campagne qui fournit les matériaux de base....
Pour Robert Kafakoma, directeur exécutif de l'Unité de coordination de la réhabilitation de l'environnement, il y aurait entre 40 et 50 ONG participant à la gestion des ressources naturelles du pays. Plusieurs de ces ONG, comme le Programme de développement des luthériens évangéliques et World Vision International, ont lancé une campagne pour planter des arbres et rénover les forêts. La Société pour la faune et la flore (WSM) a lancé récemment à Mwanza un projet pour aider les communautés rurales à se créer une source de revenus à partir de la forêt naturelle, sans abattage d'arbres. Selon le directeur exécutif du WSM, Daolos Mauambeta, "les communautés locales dans ces régions pourraient faire de l'élevage de pintades, des semis de jeunes plants, de l'apiculture, du jus de malambe (adansonia digitata) et de bwemba (tamarindus indica), tous des fruits qu'on trouve sur place". Ce programme, lancé par la Coopération technique allemande, est déjà employé dans d'autres pays du SADC: le Botswana, la Namibie et le Mozambique.
Espérons que tous ces programmes soient accompagnés d'une reforestation massive.
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