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by Crespo Sebunya, Ouganda, octobre 1999
THEME = DEPENDANCE
Les dépenses militaires de l'Ouganda irritent les Occidentaux:
l'aide est en jeu
Les derniers à mettre l'Ouganda en garde ont été les Pays-Bas. Ils ont envoyé leur ministre de la Coopération au développement, Mme Evelin Herfkens, avec la promesse d'un don de 8 millions de $US, et un sévère avertissement: moins d'argent au secteur militaire, sinon...! "Nous avons signé un accord d'aide avec le gouvernement ougandais à condition qu'on réduise les dépenses militaires", a déclaré Herfkens, expliquant aux journalistes que la balle était désormais dans le camp ougandais. Ils devront prendre garde à ce point, sinon "il me sera fort difficile de convaincre le Parlement néerlandais d'aider l'Ouganda. Les Pays-Bas vont faire pression sur l'Union européenne (UE) pour qu'on en finisse avec l'aide militaire accordée aux pays en voie de développement, pour qu'il y ait enfin la paix en Afrique".
Dès leur arrivée, les tanks se sont mis à vrombir le long des routes poussiéreuses d'Ouganda -þ au grand détriment du revêtement. Le gouvernement a ainsi dépassé son budget de la défense et violé certains termes de l'accord d'allégement de la dette, signé en 1995 avec les donateurs. Cet accord stipule que les dépenses pour l'armement ne peuvent pas dépasser 2% du Produit intérieur brut (PIB). Maintenant elles atteignent entre 2,5 et 2,8% du PIB .
Le gouvernement se justifie en disant que le pays a dû faire face à des menaces accrues de sécurité. Gerald Sendawula, ministre des Finances, du Plan et du Développement économique l'exprime ainsi: "L'accroissement des dépenses pour la défense est dû à la nécessité d'accélérer l'achat d'armements initialement prévus pour les années à venir; mais, vu la situation actuelle, cet achat a dû se faire plus tôt".
Mais les donateurs ne sont guère convaincus par cette argumentation. Bernard Ryelandt, représentant de l'UE en Ouganda, affirme: "C'est vrai. Il faut tenir compte du souci qu'a l'Ouganda de sa sécurité, mais son intervention au Congo RDC va beaucoup plus loin. Nous ne croyons pas que ce soit le souci de la sécurité qui a mené les troupes ougandaises à Kisangani, à 700 km de la frontière ougandaise". Les combats entre troupes ougandaises et rwandaises à Kisangani n'ont pas amélioré la situation de l'Ouganda, dont la crédibilité est de plus en plus mise en cause, car elle a été incapable d'écraser l'ADF - ce qui, après tout, était le but de son intervention au Congo.
Les donateurs occidentaux pensaient que l'Ouganda méritait l'allégement de sa dette, et qu'il serait même le premier pays à se qualifier pour le programme des Pays pauvres très endettés (HIPC). L'argent est allé à des améliorations dans le secteur social, surtout à l'enseignement primaire, et cela s'est révélé un succès car, actuellement, 6,5 millions d'enfants en âge scolaire fréquentent l'école. Avant le lancement du programme en 1996, 2,5 millions d'enfants seulement allaient à l'école.
Le gouvernement essaie aussi de convaincre les donateurs qu'il s'est engagé dans la lutte contre la pauvreté dans les campagnes par des projets d'amélioration des routes locales, de fourniture d'eau potable et de développement rural. Néanmoins, pour les donateurs, le gouvernement n'en fait pas assez. Les dépenses pour la santé devraient représenter 25% du budget, et non 20%; celles pour l'enseignement devraient atteindre 30%, au lieu de 23%. Et les donateurs occidentaux sont inflexibles: le seul moyen pour l'Ouganda de lutter contre la pauvreté est de céder.
En 1998, une équipe de l'Unicef a enquêté sur l'étendue de la rébellion et sur ses effets dans le nord du pays. Dans son rapport, l'équipe a établi que la guerre ébranle les tribus, particulièrement les Acholis: "Si le conflit se poursuit, les liens de la population avec la terre ancestrale vont se perdre, et de plus en plus de familles enverront leurs jeunes dans des zones plus sûres". Les donateurs sont convaincus que l'Ouganda devrait faire la guerre à la pauvreté, plutôt qu'à l'extérieur du pays.
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