ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 378 - 15/11/1999

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Swaziland

On a forcé la main du roi

by Vuyisile S. Hlatshwayo, Swaziland, octobre 1999

THEME = DEMOCRATIE

INTRODUCTION

Le chemin raboteux vers la démocratie au Swaziland
semble n'être qu'un mirage

Quand le roi Mswati III a lancé le plan de développement sur 25 ans, le National Development Strategy (NDS ), qui devrait faire entrer le Swaziland dans les 10% de pays en voie de développement avec un revenu moyen, tout le monde a bien compris qu'on lui avait forcé la main. Tel qu'il est, ce plan a fortement déplu à toute la nation swazi et aux parrains des réformes démocratiques, dont l'Union européenne (UE) et le Programme des Nations unies pour le développement. Le PNUD a été particulièrement froissé, car il avait déboursé des sommes considérables pour cet important programme de développement.

Que s'était-il passé? Le roi Mswati III a pratiquement cédé aux pressions du Comité permanent du Conseil national swazi (SNCSC ), son corps consultatif traditionnel, et réduit le projet. En lançant le cadre de la politique du NDS, désormais fort diminué, le 27 août, le roi a essayé d'apaiser les mécontents en les assurant qu'il allait réunir son Parlement du peuple, (réunion de tous les Swazis au kraal (1 ) à Ludzidzini, pour discuter du contenu et de la mise en chantier du NDS: "Je vais convoquer la nation au kraal, où le document sera officiellement lancé devant le pays tout entier. Il sera rédigé en deux langues pour que tous puissent le comprendre clairement. Chacun aura l'occasion de s'exprimer au sujet du NDS et de présenter ses idées sur la façon correcte de le réaliser". Le roi a encore insisté pour que tous contribuent à l'amélioration de l'économie plutôt chancelante. Il a souligné que le NDS ouvrait une route menant à la prospérité en 25 ans.

Malgré ces assurances, une énorme déception se lisait sur le visage de tous ceux qui attendaient une réforme démocratique: 10 ans de sueur et de labeur pour aboutir à un document de 1.000 pages, censuré, sans consultation aucune, par une poignée de politiciens conservateurs.

Suppression de dispositions fondamentales - Parmi les dispositions fondamentales supprimées du document original, on peut mentionner:

• la promotion d'un climat permettant la libre expression politique et une claire information sur le processus politique, jusqu'à ce qu'un nouvel accord constitutionnel soit atteint;
• l'assurance que tous les organismes soient largement représentés et les procédures menant à la rédaction de la Constitution soient légitimes;
• des structures favorisant une large participation à la politique du pays, afin d'assurer une pleine participation de toutes les formations dans l'établissement d'une Constitution ou de conventions nationales;
• l'organisation de campagnes d'éducation pour faire comprendre au peuple ce qu'est un Etat constitutionnel et pour qu'il participe effectivement à l'élaboration de la Constitution, en façon que, tous ceux que l'avenir de la nation préoccupe, y soient impliqués, et que la Constitution soit basée sur un consensus national;
• la création de structures avec le soutien de la population (telles une assemblée et un tribunal constitutionnels) pour assurer la pleine participation du peuple au débat de la rédaction de la Constitution;
• la garantie de liberté d'opinion et d'expression pour tous, y compris les médias.

Critiques - La suppression arbitraire des chapitres sur la politique, sans le consentement de quiconque, a attiré une avalanche de critiques cinglantes de la part de Swazis de tout bord.

• Un groupe du Congrès de libération nationale Ngwane (NNLC), sous la direction de Nimrod Malaza, s'en est pris à la suppression des clauses sur les droits de l'homme et la libre activité politique. Le Congrès avertit que le pays allait tout droit à une révolution sanglante.
• L'Association nationale des enseignants du Swaziland (SNAT) a condamné également le retrait des chapitres sur la bonne gouvernance et la politique. Elle a critiqué violemment le Premier ministre, Sibusiso Dlamini, pour être revenu sur les promesses de son gouvernement concernant le NDS.
• L'Association des droits de l'homme du Swaziland (HUMARAS ) a blâmé les traditionalistes et le gouvernement pour avoir mal conseillé le roi et l'avoir abreuvé de mensonges.

Auparavant, les avocats du NDS avaient résolu de demander au roi de présenter personnellement le chapitre VIII du document, qui traite de la Constitution et de la bonne gouvernance, à la Commission de révision constitutionnelle pour qu'elle le complète. La nation swazi se retrouve maintenant avec un document sur une Stratégie de développement national de 25 ans reflètant uniquement les désirs et les besoins d'une clique minoritaire qui entoure le roi et lui force la main pour servir ses buts égoïstes.
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NOTA - (1) D'après la tradition swazi, lorsqu'une question sérieuse se pose, le roi convoque la nation au kraal. Dans les dernières années, le roi a donné à cette assemblée le nom de Parlement du peuple.

END

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