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by Stewart Musiwa, Zimbabwe, septembre 1999
THEME = VIE SOCIALE
Dans la culture traditionnelle du Zimbabwe, l'indigence n'avait
pas de place.
Aujourd'hui, dans les parcs et les rues des grandes cités,
on voit bien des gens chercher leur nourriture dans les poubelles...
Beaucoup de Zimbabwéens croient que les indigents sont des parias qui ont été expulsés de leurs communautés pour cause de sorcellerie, folie ou d'autres raisons. Mais pourquoi croient-ils cela?
"Dans la culture traditionnelle zimbabwéenne il n'y a pas d'indigents; chacun appartient à une "grande famille", par qui il est soutenu et aidé", répond le Dr. Michael Mawema, sociologue et conseiller commercial, un vétéran nationaliste emprisonné, de 1966 à 1972, sous l'ancien gouvernement de Rhodésie, pour dissidence politique. Ces nobles valeurs familiales sont allées à la dérive, suite aux nouvelles réalités économiques introduites au Zimbabwe par la longue domination coloniale britannique, l'urbanisation et une injuste distribution de la richesse entre les classes sociales. La corruption du gouvernement actuel et sa mauvaise gestion économique ne font qu'empirer la situation. Les Africains n'ont pas encore développé une philosophie appropriée pour aborder ce problème d'indigence. "C'est pourquoi, de nos jours, beaucoup de Zimbabwéens se détournent des indigents et des handicapés", dit le Dr. Mawema. Il est aussi un des fondateurs de l'association Jairos Jiri, la première organisation charitable locale de ce genre, fondée dans les années 1940, qui a adopté le concept occidental de la réhabilitation des handicapés dans une institution. Un geste qui aurait été culturellement inadmissible dans le système social traditionnel du Zimbabwe.
Malgré ces efforts isolés pour réhabiliter les handicapés, les indigents sont obligés de chercher leur nourriture dans les poubelles, et la population les considère encore comme des parias sociaux, des gens mentalement instables, possédés par de mauvais esprits. Des organisations, chrétiennes ou non, d'origines étrangères, ainsi que les Eglises locales, aident ces indigents en leur donnant de la nourriture, des vêtements et un abri.
La société de St Vincent-de-Paul (SVP) est une de ces associations. Elle a été fondée par un Francais, Frédéric Ozanam, avec l'aide des Filles de la Charité, une congrégation de religieuses fondée il y a deux siècles par St Vincent de Paul. (Ozanam a été béatifié à Paris, le 22 août 1997, par le pape Jean-Paul II). L'association compte un million de membres dont les objectifs sont, pour employer les propres paroles d'Ozanam, d'"enlacer le monde entier dans un réseau charitable" en donnant nourriture, habits et abri aux pauvres et indigents partout dans le monde.
La SVP, qui a commencé son apostolat en Afrique australe en 1858, a son Conseil général à Paris et compte plus de 45.000 conférences (groupes locaux) et 850.000 membres dans quelque 130 pays. Elle subsiste surtout grâce aux dons de bienfaiteurs, en argent ou en nature. Au Zimbabwe, elle a débuté il y a une trentaine d'années, à la paroisse St. Martin, à Harare. Elle a été officiellement lancée en décembre 1991 par Mgr Patrick Mutume, évêque auxiliaire du diocèse de Mutare. La SVP a un centre d'apprentissage de métiers à la Maison Ozanam de la paroisse St Martin, une autre conférence à la paroisse de la cathédrale à Harare, et 61 conférences dans le pays. Celle de la cathédrale, outre à venir en aide à ceux qui ont faim et aux indigents qui viennent sur place, contribue aussi à la "cuisine de la soupe" au centre de la ville, une association de toutes les Eglises, et administrée par l'Eglise anglicane.
Lors de la réunion nationale de la SVP, en mai dernier, les membres décidèrent d'étendre l'aide aux régions rurales, jugée urgente. Les orphelins du sida, souvent pris en charge par leurs grands-parents, constituent un nouveau groupe d'indigents qui ont terriblement besoin d'aide. Selon le président national de la SVP, M. Robinson Vambe, le problème pourrait être résolu en fondant dans les régions rurales des centres de jour, où les orphelins, les enfants de mères seules, et autres nécessiteux pourraient être aidés.
Parmi les miséreux qu'on rencontre dans les rues, il y a notamment des vieillards provenant de la Zambie et du Malawi voisins, où ils avaient été recrutés en 1953 pour venir travailler dans les fermes, les mines et les fabriques des Blancs, du temps de la Fédération de la Rhodésie et du Nyasaland. Devenus vieux, leurs employeurs les ont carrément mis à la porte. Mais il y a surtout des femmes zimbabwéennes qui avaient épousé des étrangers. Ceux-ci sont retournés chez eux, laissant là leurs femmesw. Et il y a aussi des mendiants aveugles, des handicapés mentaux et les enfants de la rue.
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