ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 380 - 15/12/1999

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Congo-Brazza

La cessation des hostilités


by Médard Libani, Congo-Brazza, novembre 1999

THEME = GUERRE CIVILE

INTRODUCTION

Un accord a été signé à Pointe-Noire le 16 novembre dernier:
les différentes parties en conflit, lasses des bruits de bottes,
semblent enfin avoir choisi la négociation.

"Toute guerre finit autour d'une table. L'espoir d'un retour de la paix en République du Congo est permis", lance un milicien cocoye. La politique de dialogue que mènent, bien que de manière "souterraine", les autorités de Brazzaville, vient de donner des signes encourageants. La preuve, après le retour au "bercail" de certains dirigeants politiques exilés (du pouvoir déchu qui ont renoncé à la violence pour choisir le chemin de la paix), les Forces armées congolaise (FAC) et les rebelles ninjas de l'ancien maire de Brazzaville Bernard Kolélas, et cocoyes de l'ancien président de la République Pascal Lissouba, en conflit armé depuis décembre 98, ont accepté de déposer les armes.

Cette décision a été prise à Pointe- Noire (capitale économique du pays) où ils ont signé, mardi 16 novembre, un accord de cessation des hostilités.

La rencontre, qui a permis de mettre un terme à la guerre, a été rendue possible grâce à la coordination du comité de suivi du groupe des exilés congolais vivant à Douala, au Cameroun, dirigé par l'ancien ministre Marius Mouambenga. L'accord a été signé par des représentants du haut commandement des FAC sous les auspices du général de brigade Célestin Moukoki, des représentants des rebelles du Mouvement national de libération du Congo (MNLC) du colonel Bouissi Moukoko, alias Paul Mouléri, des miliciens cobras, proches de l'actuel chef de l'Etat congolais Denis Sassou Nguesso, des bana dol, des rebelles ninjas de Bernard Kolélas représentés par le commandant Bernard Tandou (ancien conseiller de Bernard Kolélas) et de la résistance Sud-Sud...

L'accord prévoit, entre autres: l'amnistie pour les ex- miliciens rebelles ayant déposé les armes, et le sauvetage des populations réfugiées dans les forêts des régions du Pool, de la Bouenza, du Niari et de la Lekoumou. Pour leur part, les FAC doivent arrêter toute action militaire, sauf en cas de violation de l'accord. Est aussi prévue la réintégration des officiers supérieurs et subalternes, des hommes de troupes et assimilés au sein de la force publique avant le 15 décembre.

Réactions des leaders politiques

L'élement nouveau est, selon Denis Sassou Nguesso, le fait que les rebelles ont répondu à son appel lancé le 14 août visant à renoncer à la logique de violence. "Les jeunes qui ont pris les armes et qui étaient dans les forêts viennent d'en donner la preuve. Nous sommes persuadés que la démarche engagée dans le pays en vue de la paix est irréversible. Contrairement à ce que l'on entend ici et là à l'extérieur, les factions armées prennent à l'intérieur du pays, leur propre décision ..." précise Sassou Nguesso.

Cet accord entre les rebelles ninjas, cocoyes et les FAC ne suscite pas l'admiration de tous. Selon l'entourage du président déchu, Pascal Lissouba, en exil à Londres, l'accord de Pointe-Noire est une machination. Pour les proches de Pascal Lissouba, la fin de la guerre en République du Congo suppose des négociations sous la houlette des Nation unies et de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) pour garantir une paix véritable, ainsi que le retrait des troupes étrangères du Congo-Brazza.

Si pour certains observateurs, le processus de dialogue s'affirme peu à peu comme la voie indéniable de sortie de l'engrenage de la violence, pour Bernard Kolélas, depuis son exil aux Etats-Unis, les négociations de Pointe-Noire ne sont qu'une simple farce car, dit-il, aucune solution à la crise ne peut-être trouvée sans la signature d'un cessez-le-feu par les leaders politiques.

Pour la société civile, cet accord visant à enterrer définitivement la hache de guerre est un pas important dans la décrispation de la triste situation qui sévit au Congo-Brazza depuis le 18 décembre 1998.

Reste donc que les acteurs politiques se retrouvent autour d'une table pour discuter "Nation" et parvenir à une paix véritable et durable. On se souvient que, le 14 juillet 1997, ils avaient signé à l'unanimité un accord de cessation des hostilités et de cessez-le-feu qu'ils avaient fini par violer. Espérons que ce dernier accord de Pointe-Noire, qualifié de "paix des braves", sera respecté par les différentes parties en conflit.

END

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