by Isaac Nyangeri, Kenya, novembre 1999
THEME = EDUCATION
Beaucoup de filles au Kenya commencent leur école primaire mais ne l'achèvent pas
Quand j'ai commencé l'école primaire, il y avait beaucoup de filles dans ma classe, mais arrivé en 8ème, il n'en restait plus que trois. (Au Kenya l'enseignement primaire comprend 8 années). Je crois qu'un bon nombre avait trouvé un travail quelconque, par exemple comme femme de ménage, car chez nous ce n'est pas la coutume que les filles se marient très jeunes.
Les autorités font ce qu'elles peuvent pour garder les filles à l'école et découragent ceux qui voudraient prendre des jeunes filles comme servantes. Mais quand on y regarde de plus près, même si on peut regretter qu'on emploie ces jeunes filles comme servantes, ce n'est pas là la seule raison pour laquelle elles ne finissent pas leur scolarité. Je connais pas mal de filles qui ont quitté l'école, simplement pour rester à la maison, où elles aident leurs parents dans les travaux ménagers et font le marché pour eux.
Il faut noter que toutes ces filles ne sont pas privées d'éducation. Certaines qui travaillent ont la possibilité de continuer leurs études de base à mi-temps, travaillant le matin et allant à des cours privés l'après-midi. Quelques-unes peuvent ainsi continuer leurs études, mais la grande majorité n'arrive pas à la fin.
La plupart du temps, quand une fille quitte l'école primaire, c'est la fin de son éducation formelle. Quand elles sont au travail, beaucoup de jeunes filles et de jeunes femmes n'ont pas la vie facile; elles n'ont pas de temps libre, certaines sont maltraitées par leur employeur. En avril 1998, Emmaculata Muhembe, une jeune femme de 23 ans, a été ébouillantée à Nairobi, sa maîtresse lui ayant jeté de l'eau bouillante à la figure; puis elle fut enfermée dans une chambre dont elle réussit à s'évader. Il n'y avait que trois jours qu'elle était engagée... Quand il s'agit de filles plus jeunes, que ne doivent-elles endurer?
Une des raisons peut être qu'elles ont trouvé du travail. Mais quel est le fond du problème?
Certains de ces suppléments ils les donnent volontiers, mais on exagère: des suppléments pour les salaires des gardiens et du personnel d'entretien, pour les manuels, pour les "harambees" (mise en commun des ressources), pour le fonds de construction, pour les droits d'inscription aux examens en blanc (déjà en troisième ou en quatrième primaire, malgré une circulaire du ministère stipulant que ceux-ci ne sont permis qu'en huitième année, pour le primaire, et en quatrième pour le secondaire, qui sont les classes des examens finaux).
Le président Moi avait aboli les frais d'activités sportives. Il en résulte que les activités sportives ont disparu, mais les charges figurent toujours sur la liste et doivent encore être payées par les parents! Beaucoup de ces extra sont compris d'office dans les frais de scolarité et doivent être payés dès le premier jour de l'année scolaire; s'ils ne sont pas payés, les enfants sont renvoyés à la maison jusqu'à ce qu'ils aient payé, - un moyen radical pour obtenir l'argent!
Les parents plient sous le fardeau financier et beaucoup ne sont pas à même de garder leurs enfants à l'école. Quand il faut faire un choix, les filles en seront les premières victimes.
END