by Stan Dongo, Zimbabwe, novembre 1999
THEME = SANTE
"La santé pour tous en l'an 2000", un rêve popularisé par le parti au pouvoir...
Tous les Zimbabwéens commencent à se demander où est ce pays "de lait et de miel", promis par les dirigeants de l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (ZANU-PF). Le niveau de santé ne fait que se dégrader, le VIH/SIDA, la malaria et la tuberculose font des grands ravages dans la main-d'oeuvre et le pays subit un déclin économique. L'Union commerciale des fermiers dit que la production du maïs a diminué de 61%, les légumes de 49% et le coton de 47%.
Tout en cherchant des solutions, les Zimbabwéens mettent en question la sagesse de leur gouvernement, qui dépense chaque jour plus de 2 millions de dollars dans sa participation à la guerre du Congo RDC, alors que le budget pour la santé des citoyens a été remisé à la dernière place. A chaque réunion de la Commission constitutionnelle, cette question revient sur la table. Partout les gens se plaignent: "Les gens meurent à la maison parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer les frais d'hospitalisation; il est plus que temps que le gouvernement fasse quelque chose pour y remédier".
Bien sûr, le gouvernement a lancé le Programme de soins de santé primaires et la Campagne de prise de conscience du sida; mais les Zimbabwéens attendent toujours les soins pour les pauvres, promesse jamais maintenue par le gouvernement. Au contraire, les directions des hôpitaux ont été informées d'être inflexibles pour le payement des soins donnés, tout comme les assistants sociaux sont obligés de poser des tas de questions embarrassantes pour décourager le demandeur d'aide.
La situation est surtout critique dans les régions rurales où vivent 80% de la population. Les gens doivent parcourir de longues distances pour aller à un hôpital où ils pourraient recevoir des soins. Mais ces hôpitaux et ces cliniques sont souvent délabrés et négligés, n'ayant même pas les médicaments de base, sans aucun moyen pour transporter les patients vers un centre médical plus spécialisé.
Il y a un manque cruel de médecins et d'infirmières. Beaucoup ont quitté le Zimbabwe pour aller travailler dans des pays où les conditions de travail sont meilleures, surtout le Royaume-Uni, où les salaires sont bien plus élevés. Le Dr. Timothy Stamp, ministre de la Santé et de la Protection des enfants, reconnaît que le gouvernement devrait augmenter le budget de la santé, mais c'est "une voix qui crie dans le désert" quand il s'agit de demander des fonds. Des médecins dans le secteur privé, eux non plus ne peuvent se permettre de donner des médicaments, fortement taxés par les douanes.
Ces problèmes de santé profitent à l'Association des guérisseurs traditionnels. Son président, le Pr. Gordon Chavunduka et son équipe ont même fait un voyage outre-mer pour y rencontrer des personnes intéressées à des tests sur la médecine traditionnelle du Zimbabwe. Le professeur Chavunduka affirme qu'au Zimbabwe, beaucoup de malades se rendent d'abord chez un guérisseur traditionnel, et si la médecine traditionnelle leur a fait du bien ils en restent là; mais ceux qui vont à l'hôpital doivent toujours y retourner pour leur traitement. Quelques cliniques distribuant des médecines traditionnelles commencent à apparaître, ici et là, mais la majorité des guérisseurs travaillent à la maison. Des accords ont été signés avec l'Institut du cancer d'Amérique et l'université du Zimbabwe pour des recherches.
Une meilleure utilisation de la médecine traditionnelle serait peut-être une réponse aux problèmes de santé au Zimbabwe?
END