ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 383 - 01/02/2000

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Sierra Leone

Sauver les enfants-soldats


by Alpha Jalloh, Sierra Leone, décembre 1999

THEME = ENFANTS

INTRODUCTION

La mission des Nations unies en Sierra Leone UNAMSIL
doit désarmer 45.000 anciens combattants.
Au moins 6.000 de ceux-ci sont des enfants þ
situation inquiétante pour les organisations caritatives et pour l'UNICEF.

Un petit nombre d'enfants combattants a déjà été désarmé et pris en charge par des organisations caritatives. Le but de leur action est de modifier les attitudes de violence de ces enfants, de les faire renoncer à la drogue et de les préparer à la réintégration dans la vie sociale du pays. On peut déplorer que parmi ces quelque 6.000 enfants qui portent les armes, rares sont ceux qui se sont présentés, avec leur fusil, dans les centres de démobilisation.

Le père John Thompson, salésien américain, directeur des Foyers Don Bosco en Sierra Leone, compte, au début de décembre, sept enfants anciens combattants accueillis dans ses Foyers. Le Foyer Don Bosco à Lungi, ville située de l'autre côté de la rivière, en face de Freetown, s'occupe d'enfants des rues. Le Foyer Don Bosco de Freetown accueille enfants des rues et enfants anciens combattants.

Le père Thompson nous dit qu'il n'a pas de problèmes avec le premier groupe qui lui a été confié. "Nous essayons de leur faire comprendre que ce qu'ils ont fait n'est pas bien. Pendant la guerre, les rebelles plus âgés les ont contraints à commettre des atrocités. Ils ont développé des tendances à la violence et se sont tournés vers la drogue. Maintenant, ils doivent arriver à comprendre qu'ils doivent changer de vie".

Kenneth Williams, 18 ans, est un ex-enfant combattant, actuellement dans un Foyer Don Bosco. Il raconte qu'il a été enlevé de sa maison à Freetown en janvier 1999, quand les rebelles ont envahi la ville. "Quand les combats ont éclaté entre le Front révolutionnaire uni et les anciens soldats de l'armée sierra-léonaise, j'étais parmi ceux qui furent envoyés au combat", dit-il.

Il y a aussi Sahr Yusufu qui a juste onze ans. Il explique: "J'ai presque été tué quand un Alphajet de l'ECOMOG a essayé de bombarder le véhicule dans lequel nous nous trouvions et qui transportait des objets volés dans un lieu secret".

Former en vue de l'avenir

Les enfants du Foyer Don Bosco à Freetown sont divisés en deux groupes. Certains reçoivent une formation professionnelle comme menuisiers et tailleurs; les autres reçoivent un enseignement général donné par des enseignants engagés par le Foyer. Ces professeurs disent que les enfants sont très difficiles: "Les rapports avec eux ne sont pas faciles, il faut être extrêmement patient", déclare Samuel Bojohn, directeur du Foyer.

Que se passe-t-il quand ces jeunes doivent quitter le Foyer? Le père Thompson dit qu'on essaie de retrouver les parents, mais réunir les enfants et leur famille reste un problème. Certaines familles vont jusqu'à les rejeter. "Nos parents nous ignorent quand nous les croisons dans la rue", constate Sahr Yusufu. Ceux qui suivent un enseignement professionnel, dit Kenneth Williams, cherchent une forme ou l'autre de sponsoring "pour qu'une fois notre formation professionnelle terminée, nous puissions installer de petits ateliers".

Il y a d'autres organisations qui s'occupent des ex-enfants soldats. Le Mouvement des homes familiaux est un centre de réhabilitation catholique qui s'occupe de garçons et de filles. (Les Foyers Don Bosco n'acceptent que des garçons). Le père Kwesi Adarkwa, un Ghanéen, est le coordinateur national du Mouvement.

La politique du Home est d'aider les enfants qui allaient à l'école avant d'être enlevés à reprendre leurs études dans diverses écoles de Freetown. Les analphabètes reçoivent un enseignement professionnel au Home situé à Lakka, dans les faubourgs de Freetown.

Le Home prend aussi en charge les enfants en dessous de cinq ans. "Ce sont des enfants dont la mère a été tuée derrière les lignes des rebelles. Etant donné ce qu'ils ont vécu, ils sont souvent malades et s'occuper d'eux n'est pas facile. Triste constatation, certains des enfants se sont adonnés à la drogue, ce qui fait qu'ils se conduisent de façon anormale. Ils suivent un traitement en psychothérapie".

Les filles combattantes ont été les plus éprouvées par la guerre. Les rebelles les ont violées, utilisées comme "leurs femmes" et envoyées au combat contre l'armée gouvernementale. Beaucoup ont été tuées et celles qui ont survécu sont atteintes de maladies sexuellement transmissibles à cause de la promiscuité qu'elles ont dû vivre. Le Foyer de SOS Children de Freetown a témoigné de sa préoccupation au sujet de la situation dramatique des filles. Christiana Salomon est la coordinatrice nationale du Foyer où on fournit des soins médicaux aux filles. "Leur situation fait qu'elles sont écartées de la société. C'est à tort, car elles n'ont pas choisi de participer à la rébellion. Maintenant la société en général les rejette et même leur propre famille".

Ce ne sont là que quelques exemples du travail magnifique réalisé par certaines organisations caritatives en Sierra Leone. Toute une génération de jeunes dépend de telles organisations - une génération vouée à un triste avenir si elle ne peut pas compter sur cette aide.

END

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