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by Hamilton Vokhiwa, Malawi, décembre 1999
THEME = ECOLOGIE
Les experts en environnement et en écologie sont étonnés de la
mort mystérieuse
de milliers de poissons dans le lac Malawi.
Les gens craignent pour leur santé.
Depuis octobre 1999, des tonnes de poissons de différentes espèces du lac Malawi périssent chaque jour. Le seul survivant de la catastrophe est l'espèce chambo (tilapia), connue pour prospérer dans les eaux peu profondes du lac.
D'après les responsables de l'industrie de la pêche du Malawi, la cause de la mort est l'asphyxie des poissons d'eau profonde par manque d'oxygène. Saibu Mapira, directeur des pêcheries, explique que les vents persistants du sud-est (mwera), qui ont soufflé sur le lac pendant les derniers six mois, ont fait remonter à la surface une quantité anormalement élevée d'eaux profondes, riches en substances nutritives et en silice dissous, mais pauvres en oxygène.
Dans un communiqué, le directeur de projet du Service général de l'environnement de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC/GER), Alexander Buliani, a dit que l'eau du lac a pris une teinte verte, ce qui confirme une forte concentration en nutriments venant des eaux profondes. "Dans les échantillons d'eau prélevés à différentes places du site du projet, nous avons aussi constaté un haut pourcentage d'algues sécrétant du poison", dit Buliani, ajoutant que le foie des poissons morts est atteint, "signe certain d'empoisonnement".
Le lac Malawi, le troisième d'Afrique en étendue avec une surface de 28.760 kmý, offre un millier d'espèces de poissons dont dix sont comestibles. En dehors du chambo, qui orne la table de beaucoup de Malawites et est très recherché dans les hôtels de luxe, et à qui la présente catastrophe est épargnée, les victimes sont le sungwa (une espèce de perche), le ngumbo ("yellow-fish"), le mpasa (saumon du lac) et son parent plus petit le sanjika, le ntcheni (tigre du lac), le kampango et le vondu (tous deux de la famille du poisson-chat), et le petit mbuna, poisson tropical d'aquarium.
On évalue à 80.000 tonnes par an le poisson pêché au lac Malawi. La plus grande partie en est consommée sur place. Les Pêcheries Maldeco, la plus grande compagnie s'occupant de la pêche commerciale dans la partie sud du lac Malawi, ont constaté une baisse de la quantité des prises au cours des dernières années. Les dirigeants de Maldeco disent que la diminution a commencé en 1993, époque où la compagnie a enregistré une prise de 1.495 tonnes, dont 530 tonnes de chambo. En 1994, la prise totale a été de 1.916 tonnes, celle du chambo restant constamment basse.
Maldeco travaille en relation avec le département des pêcheries et collabore aux mesures visant à protéger et à conserver le poissons du lac Malawi. Selon les responsables, il n'y a pas d'indications qui permettent d'avoir des données claires sur l'exportation de poisson vers d'autres pays et du montant de devises étrangères qu'elle apporte au Malawi, car le poisson est en grande partie exporté par des commerçants non déclarés. "Nous ne pouvons pas satisfaire à la demande locale de poisson. C'est pourquoi nous n'en exportons pas", a confirmé un responsable de Maldeco.
Le lac Malawi fournit la plus grande partie de l'apport total de poissons dans le pays. Selon certaines sources scientifiques, le lac est fort pollué et, à long terme, certains composés, qui s'accumulent au fond du lac, pourraient avoir des effets sur la santé de la population. Les diphényles polychlorés (BCPS) et les nitrates dans le plancton (nourriture des poissons) se sont accumulés dans le lac pendant des années. Les pluies acides, abondantes à cause de la pollution de l'air, contribueraient aussi à l'accumulation des toxiques. Les responsables du département des pêcheries disent que les pesticides, les engrais et autres produits chimiques utilisés pendant de longues années le long de l'aire de captage pour des usages agricoles, ont augmenté la quantité d'azote contenue dans le plancton.
Lorsque la nouvelle de l'empoisonnement des poissons s'est répandue, la plupart des consommateurs ont évité d'acheter du poisson au marché ou dans les magasins. On se méfiait du poisson, même après qu'on eut assuré que le poisson présenté à la vente était vraiment frais et avait réellement été pêché vivant. Le poisson compte pour plus de 70% de l'apport en protéines du pays. Vu la diminution des prises, le poisson devient trop cher et la plupart des ménages n'ont plus les moyens d'en acheter.
D'après un responsable des pêcheries, un incident similaire s'est produit au lac Malawi il y a 10 ans. Mais, à l'époque, on connaissait mal la raison de l'empoisonnement.
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