ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 386 - 15/03/2000

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Angola

Savimbi: fin d'une rébellion?


by Jean-Valère Ngoubangoyi, Congo-Brazza, février 2000

THEME = GEOPOLITIQUE

INTRODUCTION

L’armée angolaise est passée à l’offensive avec de grands moyens.
Elle bénéficie aussi du soutien de la communauté internationale.

La rébellion de Jonas Savimbi semble perdre du terrain chaque jour. Allons-nous vers la fin de la redoutable rébellion de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita)? Difficile pour l'instant de répondre avec certitude. Ce qui semble sûr, si l'on en croit la presse, c'est que le leader de l'Unita aurait fui le siège historique de son état- major, Jamba, au sud-est de l'Angola. Ses villes les plus stratégiques (Huambo, Bailundo et Mungo) tombent tour à tour entre les mains des Forces armées angolaises, et ses soldats n'ont plus qu'une seule issue: la Zambie, l'unique pays qui continue à prêter main forte à l'Unita.

Depuis mars 1998, l'Onu et Luanda accusaient des soldats de Jonas Savimbi d'avoir repris les armes à l'intérieur du pays, en violation des accords de paix de Lusaka signés en 1994. Et ce n'est pas un hasard si l'armée angolaise a décidé d'envoyer ses troupes au Congo- Kinshsasa pour appuyer Laurent-Désiré Kabila. Comme en 1997 au Congo-Brazzaville, il s'agissait de prendre à revers les hommes de l'Unita, disposant de bases arrières en territoire congolais et soupçonnés d'aider la rébellion anti-Kabila. De son côté, Dos Santos a dissous le gouvernement et monté une sorte d'état-major de guerre. Depuis, les armes affluent à Luanda, importées en particulier de l'Ukraine et de la Biélorussie.

Présents dans touts les conflits

Entre-temps, le recrutement forcé se poursuit dans les grandes villes de l'Angola, sous contrôle de l'armée gouvernementale. En plus, Dos Santos bénéficie aujourd'hui du soutien des puissances occidentales qui, dans le passé, avaient soutenu activement Savimbi dans sa lutte contre le communisme en Afrique centrale. Après la victoire de Kabila sur Mobutu, et de Sassou sur Lissouba, en 1997, Savimbi s'est vu privé de ses principaux soutiens. Au Congo- Brazzaville, par exemple, le camp d'Aubeville, dans la région de Bouenza, était une de ses plus importantes bases de repli, où il a d'ailleurs recruté bon nombre de jeunes Congolais.

A plusieurs reprises, Luanda avait menacé d'intervenir militairement contre la Zambie. Les deux pays ont failli entrer en guerre, n'eût été l'intervention du secrétaire d'Etat américain Madeleine Albright.

Côté Congo-Brazzaville, des éléments de l'Unita ont soutenu activement les Ninjas et les Cocoyes, maquisards de Kolelas et Lissouba. Mais le rapprochement stratégique qui s'est opéré ces derniers mois entre l'Angola et les deux Congos, directement intéressés au rétablissement de la paix, a fortement réduit la capacité de manþuvre de l'Unita sur le terrain. Percevant le risque que représenterait pour lui le retour de la paix dans la région du Pool, du Niari, de la Bouenza et de la Lekoumou, au sud-ouest du Congo -þ fiefs de Kolelas et du président déchu Lissouba -þ, Jonas Savimbi avait tout fait pour appuyer les bandes armées de ces deux leaders congolais. L'un des principaux objectifs de l'Unita était de permettre à ses alliés de s'emparer des aérodromes du sud du Congo, notamment de Dolisie et Nkayi. Il aurait ainsi disposé lui-même de pistes pour exporter les diamants des zones qu'il contrôlait en Angola et importer les armes dont ses troupes avaient besoin.

L'échec cuisant subi par les anciens dirigeants de Brazzaville et la reprise en main de l'ensemble du territoire par l'armée congolaise ont sonné le glas de ses ambitions. Désormais, l'Unita se bat le dos au mur, dans des conditions d'autant plus délicates que la communauté internationale, dans son ensemble, souhaite la fin des combats et parie ouvertement sur la victoire de Dos Santos.

On signale aussi les interventions des hommes de Savimbi dans la rébellion en Namibie, auprès des rebelles de l'Armée de libération de Caprivi (un territoire d'environ 500 km sur à peu prés 50 km, coincé entre l'Angola, la Zambie et le Botswana).

Ainsi, pour mettre fin à la rébellion de Savimbi, présente dans tous les conflits de la sous-région, Kabila, Dos Santos et Sassou ont signé un accord de défense. Ce qui a conduit Luanda à intervenir dans le conflit du Congo-Kinshasa et au Congo-Brazzaville. Luanda a aussi obtenu l'autorisation d'utiliser le territoire namibien pour attaquer Jamba par le sud. Difficile aujourd'hui pour l'Unita de briser l'encerclement.

L'attitude de Washington

L'Unita est à la fois le principal parti d'opposition au pouvoir de Dos Santos, et l'un des plus anciens et des plus puissants mouvements de guérilla de la région. L'époque de la guerre froide, où l'Unita bénéficiait du soutien des Occidentaux et du régime d'apartheid sud-africain contre le régime pro- soviétique de Luanda, est bien révolue. Même les sociétés qui lui achetaient les diamants, comme la sud-africaine De Beers, l'ont fuie. Cette société lui rapportait 760 millions de dollars par an.

Mais l'Unita représente encore une menace sérieuse pour la paix en Angola et même en Afrique centrale. D'autant qu'elle peut encore mobiliser au moins de 10.000 à 15.000 hommes. Des observateurs sont d'avis que la fin de la guerre en Angola, éteindra aussi les foyers de tensions en Afrique centrale.

On souligne à ce propos que la visite à Brazzaville, l'an dernier, d'un haut fonctionnaire du Pentagone, Roger Meece þ- directeur Afrique au département américain de la défense -þ a marqué, de façon discrète mais ferme, l'intention des Etats-Unis d'appuyer les efforts des autorités congolaises dans leur politique de restauration de la paix. Comme les relations entre l'Angola et le Congo- Brazzaville, déjà très étroites, ne cessent de se resserrer, ce geste a une portée régionale évidente: "...Washington entend þuvrer dans l'avenir à la stabilisation de l'Afrique centrale en appuyant les gouvernements légaux et en s'abstenant de soutenir les rébellions qui tentent de les renverser. Dans un pareil contexte, il est évident que l'Angola, pièce maîtresse du dispositif, sera le principal bénéficiaire de ce revirement stratégique", écrit "Les Dépêches de Brazzaville", une publication proche du pouvoir.

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