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Malawi
Bible et Coran dans les écoles
EDUCATION
Les musulmans et les chrétiens en désaccord
au sujet de lenseignement de la religion dans les écoles
Rien ne va plus entre les musulmans et le gouvernement. La demande des musulmans dinclure létude de lislam dans le système déducation du pays, a rencontré une opposition tenace de la part des organisations chrétiennes. Et laffaire se corse. Certains musulmans ont menacé de créer du désordre et de désobéir au gouvernement. Ils accusent certaines des principales Eglises chrétiennes de vouloir supprimer la religion islamique. Mais le fond du problème semble être des différends entre les communautés islamiques et le gouvernement, qui ont aigri leurs relations avec leurs concitoyens chrétiens.
Le fond du problème
De quoi sagit-il? Depuis quelque temps les Malawites musulmans se démènent pour introduire un programme multiconfessionnel dans les écoles secondaires. Ils prétendent quils constituent 20 % des 10 millions dhabitants du pays et demandent que la religion islamique, qui daprès eux aurait été depuis longtemps reléguée au deuxième plan, nonobstant sa longue histoire au Malawi, soit incluse dans le programme. Suite à leurs pressions persistantes, le gouvernement avait institué un groupe de travail pour étudier le problème de léducation morale et religieuse (EMR ). Alors que ce groupe prétendait avoir eu des échanges avec le Conseil des chrétiens du Malawi, lAssociation des musulmans du Malawi (AMM) et luniversité du Malawi, la communauté chrétienne, de loin plus nombreuse que la communauté musulmane, poussa de hauts cris, affirmant quaucune consultation navait eu lieu avant que le groupe de travail ne publie ses recommandations.
Une délégation de hauts dignitaires des Eglises chrétiennes, sous la conduite des évêques catholiques, rencontra le président Bakili Muluzi (un musulman) à son bureau de Sanjika, à Blantyre, lui demandant de révoquer ces décisions. Le président acquiesça à leurs demandes. Les évêques, qui du temps de lex-président Banda navaient pas craint de condamner les abus contre les droits de lhomme, nacceptaient pas que les cours actuels de connaissance biblique soient remplacés par des cours de morale et de religion, qui «ne profiteraient quà une secte».
Déjà auparavant, certains chrétiens avaient fait remarquer que les musulmans profitaient de leur position privilégiée, le président étant musulman. On rappelait que, dans les premières semaines de janvier, à la demande des musulmans, le gouvernement avait accordé un jour férié pour commémorer le jeûne du ramadan. Ils trouvaient exagéré de leur accorder une autre faveur en introduisant des cours multiconfessionnels dans le programme des écoles secondaires.
Les réactions
La communauté musulmane fut très irritée quand le président annonça la suspension de ses précédentes décisions, en attentant dautres consultations. LAMM reprocha au président de se plier aux désirs des chrétiens, surtout des catholiques, qui voudraient surtout marginaliser les musulmans.
«Nous sommes inquiets de vos nouvelles directives, car elles nous font perdre le peu que nous avons obtenu depuis 20 ans», dirent-ils, avertissant le président quil y aurait du chaos sil refusait daccéder à leurs demandes, lintroduction du programme EMR étant la solution à une «trop longue anomalie». Dans son commentaire à la presse, Ronald Mangani, le secrétaire général de lAMM, disait: «Nous voulons vivre pacifiquement avec nos frères chrétiens, mais cela ne signifie pas que nous devons souffrir sans rien dire. Des agitations politiques ne signifient pas la guerre. Mais nous sommes à même de boycotter certaines activités politiques; nous pouvons même défendre à nos enfants daller à lécole».
Le 13 mars dernier, lors dune réunion, les dirigeants chrétiens, représentés notamment par les délégués de la conférence épiscopale du Malawi et le Conseil des Eglises du Malawi réagirent fortement. A lunanimité, ils décidèrent de maintenir les cours de connaissance biblique et proposèrent même des cours de religion dans les écoles primaires, «jusquà la fin des discussions».
Mais rien ne prouve quà ce moment-là ils accepteront létude de lislam dans le programme. On entrevoit déjà de grandes différences de vue parmi eux. Les responsables du Synode de Blantyre de lEglise presbytérienne de lAfrique centrale, une des plus grandes communautés chrétiennes (après lEglise catholique), ont eu leur assemblée, mais ne sont pas arrivés à une conclusion.
Dautres synodes du centre et du nord du Malawi doivent encore discuter le problème. «Le sujet est très délicat et requiert de la diplomatie», dit Daniel Gunya, le secrétaire général du Synode de Blantyre. «Je crois quil y a moyen de sortir du dilemme, mais cela requiert une grande prudence». Un membre du bureau des relations publiques du Synode de Blantyre doute fort quon puisse accepter les exigences des musulmans. Au fond, dit-il, ce nest quun petit groupe en comparaison avec les chrétiens et depuis longtemps les chrétiens ont eu une grande influence sur la vie nationale du pays.
Edwards Hobbs Gama, Malawi, mars 2000 © Reproduction autorisée en citant la source
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