CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS
Sierra Leone
La guerre contre la polio
SANTE
La polio est si répandue en Sierra Leone que les
ONG, le gouvernement et lEglise catholique
se sont sentis obligés de sattaquer durgence à ce problème
Vers la fin de février 2000, Mgr George Biguizzi, lévêque de Mukeni dans le nord, a rencontré le Dr Ibrahim Tejan-Jolloh, le ministre de la Santé. La menace de la polio dans un pays comme la Sierra Leone, venant à peine démerger de la catastrophe dune longue guerre civile, était au coeur de leur discussion. Mgr Biguizzi a révélé que son diocèse allait installer une clinique pour la polio dans la ville de Masiaka, à 73 km de Freetown, et quune ONG italienne, Urgence, avait promis son assistance. «Nous avons trouvé un immeuble qui après sa rénovation pourra servir de clinique», a ajouté lévêque. Comme toutes les autres villes du nord, Masiaka a été toute lannée dernière sous le contrôle des rebelles. Les ravages de la maladie sont surtout dus à la malnutrition pendant la grossesse et à labsence de vaccinations.
Au cours de la croisade contre la polio, on a organisé plusieurs groupes de travail pour former les sages-femmes coutumières (SFC ) aux techniques dune maternité sans risques. Dans lun de ces groupes, à Lungi, le représentant du projet pour la santé de lUnicef a affirmé que sur mille enfants, 164 meurent danémie ou dune autre déficience. La représentante dune ONG , May Williams a conseillé aux SFC de se servir des compétences et des connaissances acquises lors de ces réunions, pour expliquer aux autres femmes en quoi consiste une maternité sans risques. On recommande aux jeunes mères de faire vacciner leurs enfants chaque année, jusquà lâge de 5 ans.
LUnicef a récemment distribué des posters dans plusieurs parties du pays pour sensibiliser les femmes à limmunisation de la polio. Dans le pays il ny a pas de chiffres exacts du nombre des victimes, mais lampleur du problème peut être évaluée en se basant sur le nombre de personnes en chaises roulantes ou avec des béquilles, victimes de la polio.
«Bouter la polio hors du pays»
Pour le moment, le ministre de la Santé se préoccupe surtout des enfants avant la naissance et de ceux de moins de 5 ans. La campagne dimmunisation a été intensifiée. Des assistants sociaux passent de maison en maison pour persuader les mamans de faire vacciner leurs petits enfants. Cette campagne a été baptisée «Bouter la polio hors de la Sierra Leone».
Les médias ont un rôle important à jouer, en expliquant aux parents les dangers de la polio et la façon dy faire face. Des programmes sur la polio sont diffusés à la radio dans les langues locales. Les journaux locaux publient aussi des articles sur la polio et limmunisation, et parfois des assistants sociaux et des médecins y expliquent ces problèmes sous forme dhistoires romancées.
A Freetown, les victimes de la polio sont pleines damertume, convaincues dêtre rejetées par la société. Mais elles commencent à réaliser que, dans une association, elles pourraient parler de leurs problèmes et trouver un moyen de subvenir à leur existence. La Maison de Jésus pour les handicapés, est une de ces associations. Elle sévertue à promouvoir le bien-être des handicapés. Son secrétaire général, Raymond Buck, reçoit les visiteurs à son bureau central de la rue Wallace Johnson, à Freetown. Beaucoup y viennent pour parler avec lui ou avec dautres membres du personnel de leurs problèmes.
Pour M. Buck, le gouvernement et la société en général restent impassibles devant la situation désespérée des handicapés. Il est convaincu que les handicapés peuvent mettre leur savoir-faire et leurs connaissances au service du pays. «Infirmité nest pas synonyme dincapacité», dit-il. Beaucoup de ses collègues, handicapés eux-mêmes, ont dû quitter lécole pendant la guerre civile faute dargent. «Ils voudraient reprendre leurs études, dautres voudraient une formation professionnelle ou technique, mais nont personne pour les aider», dit Buck.
Le fait est que neuf années de guerre civile ont empiré la situation économique de la Sierra Leone. Les handicapés narrivent plus à gagner leur vie. Tout ce quils peuvent faire cest mendier pour survivre. Raymond Buck conclut avec amertume: «Nous ne savons pas pourquoi la société nous a abandonnés».
Alpha Jalloh, Sierra Leone, mars 2000 © Reproduction autorisée en citant la source
SOMMAIRE FRANCAIS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS
PeaceLink 2000 - Reproduction
authorised, with usual acknowledgement