ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 389 - 01/05/2000

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Malawi - Le développement par l’alphabétisation


EGLISE-ETAT


Le rôle de l’Eglise presbytérienne dans le développement du pays

Depuis l’introduction de la démocratie, en 1994, le processus de développement s’est démocratisé et basé sur la communauté; mais une grande partie de la population se sent exclue. Vivant en démocratie, les Malawiens ont dû changer leurs attitudes et leur façon d’aborder la politique, la citoyenneté, les affaires, le commerce et le développement. L’Eglise aussi s’est rendu compte qu’elle a un rôle à jouer dans le développement et qu’elle doit y participer.

Cause et conséquence de sous-développement, la pauvreté qui ne fait que croître. Cela est dû partiellement au taux d’analphabétisme très élevé. On estime aujourd’hui à plus de 55% le nombre d’adultes illettrés, surtout parmi les femmes: 71% de la population féminine adulte sont illettrés, malgré les efforts du gouvernement et des organisations non gouvernementales. Depuis toujours, le facteur culturel est la barrière la plus importante à l’alphabétisation des femmes: on préfère un fils éduqué à une fille éduquée.

Quand on est analphabète, on ne profite pas des possibilités socio-économiques offertes pour améliorer sa situation: on ne participe pas pleinement aux activités civiques et de développement du pays. Fortement dépendant des autres, il perd confiance en lui-même, ne parvient pas à s’adapter aux nouvelles technologies et perd même tout intérêt à l’éducation de ses enfants. La marginalisation empêche les femmes d’accepter des responsabilités plus importantes et de participer aux décisions. D’où “une culture de silence des femmes”.

En vue d’aider le gouvernement, le synode de Blantyre de l’Eglise presbytérienne de l’Afrique centrale (EPAC) s’efforce de mieux faire comprendre son rôle à la population et d’accentuer celui de l’Eglise dans le développement communautaire. Dans ce but, elle a lancé, en 1992, le Bureau des projets.

Centré sur le développement, le Bureau des projets veut sensibiliser, faciliter et promouvoir la participation de l’Eglise et des dirigeants des communautés dans le développement communautaire. Il utilise des programmes qui visent à former et à aider les dirigeants de ces communautés. Dans toutes ses activités, le Bureau recherche la viabilité socio-économique et environnementale, visant la promotion des valeurs d’honnêteté, d’engagement, de transparence, de responsabilité, d’égalité et de justice, sans considération de religion, de parti, de race, de sexe ou de tribu.

Développement par l’alphabétisation

Un des programmes du Bureau est le “Développement par l’alphabétisation” (DPA ). Lancé pour faire face aux problèmes des femmes analphabètes, membres de l’Eglise, qui ne pouvaient pas participer aux activités, ce programme s’est étendu maintenant aux hommes et aux femmes, sans considérer leur religion, tout en y incorporant l’élément du développement centré sur la population.

Pour le Bureau des projets, l’alphabétisation est essentielle pour un développement effectif, car les illettrés ont beaucoup de choses à offrir au processus de développement. Alphabétiser ne veut pas dire seulement enseigner à lire et à écrire, mais aussi donner d’autres capacités et aider à s’ouvrir à d’autres aspects de la vie qui échappaient jusqu’à présent. La tenue des comptes, l’accès aux informations personnelles, l’emploi de symboles écrits pour communiquer en silence, tout cela donne aux gens plus de confiance en eux-mêmes et plus de contrôle sur leur vie. Appliqué dans le sud du Malawi, le programme entretient 42 centres fonctionnels d’alphabétisation d’adultes, et 95% des bénéficiaires sont des femmes.

Ce qui est à souligner, c’est que ce sont les gens eux-mêmes qui ont établi ces centres, le Bureau des projets se limitant à les aider là où ils ne pouvaient y arriver seuls, surtout financièrement. Le Bureau fournit le matériel éducatif et la possibilité de formation pour des instructeurs bénévoles, et il assure aussi leurs honoraires mensuels. Depuis sa création, le projet a vu 3.000 femmes et 200 hommes passer par ses classes.

Le programme se sert des centres d’alphabétisation déjà existant pour faciliter d’autres activités de développement. Par le biais d’exercices d’évaluation rurale participative, de formation de dirigeants et de réunions dans les villages, il collabore avec les communautés pour identifier leurs besoins et, autant que possible, pour en réaliser les projets. Il a ainsi aidé à la construction d’écoles primaires et au forage de puits là où les communautés en avaient souligné la nécessité.

Les problèmes des participants

Plusieurs problèmes sociaux affectent les gens en formation: leurs amis, et parfois leurs époux, essayent parfois de les décourager, la maladie ou un décès dans la famille peuvent interrompre les cours. Parfois, c’est le matériel éducatif qui fait défaut. Ou bien, le manque de nourriture les oblige à aller travailler dans les champs, manquant ainsi aux cours. L’absentéisme est un problème réel – les étudiants adultes ont beaucoup de responsabilités dans la communauté et doivent choisir entre suivre les cours ou participer aux activités et fonctions traditionnelles.

Dans l’alphabétisation des adultes, il faut aussi tenir compte du déséquilibre des sexes: la plupart des bénéficiaires sont des femmes, les hommes refusant de s’inscrire. Il faudrait donc faire des recherches pour en déterminer les raisons sous-jacentes. On devrait aussi collaborer avec les autres organisations qui rencontrent le même défi.

Beaucoup de ceux qui ont suivi ces cours, voudraient monter à un niveau supérieur, qui leur offrirait des cours d’anglais, de civisme, d’éducation sanitaire, d’économie familiale, etc., en vue d’obtenir un certificat. Mais cela n’est pas le but initial du Bureau des projets, qui est de donner des connaissances de base. Il serait bon toutefois d’étudier le problème en vue d’un futur développement du programme.