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Zimbabwe — Le MDC pourra-t-il s’imposer? |
ELECTIONS
Le président Robert Mugabe a vécu trop longtemps pour ne pas être sûr de
lui;
mais le Mouvement pour un changement démocratique (MDC) va sans doute
lui enlever ses certitudes
Fin janvier 2000, le MDC a élu des dirigeants de valeur lors de son congrès inaugural de Chitungwiza, parmi lesquels Morgan Tsvangirayi (président) et Gibson Sibanda (vice-président) — qui occupent aussi, respectivement, les postes de secrétaire-général et de président du Congrès des syndicats du Zimbabwe (ZCTU ). Tendai Biti, éminent avocat d’Harare, est secrétaire du MDC pour les terres et l’agriculture. David Coltart, avocat et militant des droits de l’homme, est titulaire du portefeuille des affaires juridiques. On peut citer encore le secrétaire à l’information et à la publicité, Learmore Jongwe, et le secrétaire à la sécurité, Job Sikhala. Le premier, lorsqu’il était président du Conseil représentatif des étudiants de l’université du Zimbabwe, en 1998, a été suspendu pour avoir mené une manifestation devant le Munhumutapa Building et avoir insisté pour que Mugabe s’adresse à eux; le second, qui faisait partie du même Conseil a aussi été suspendu, accusé de diriger une “aile militaire” à l’université en 1998. Trudy Stevenson, militante des droits de l’homme, tient le portefeuille de l’élaboration du projet politique et de la recherche, et Sekai Holland est chargé des relations internationales. Fidelis Mhashu, ancien professeur à l’école de formation des enseignants de Seke, a pris une retraite anticipée pour se consacrer à la politique. Il a été nommé secrétaire du MDC à l’enseignement.
Parlant à plus de 4.000 personnes peu après son élection, Tsvangirayi a déclaré: «La plus grande erreur que nous ayons commise est d’avoir pris des hommes pour des dieux. Tsvangirayi et son équipe ne sont pas des dieux. Nous sommes ici pour servir les gens. Le gouvernement et même les officiers de la sécurité appartiennent à la nation. Ils doivent être au service des gens et ne pas les harceler. Nous ne tolérerons pas que se développe une situation qui ferait de nos gens des réfugiés économiques».
La situation de l’économie
Le point le plus débattu dans la course aux élections est celui de l’économie: quand l’économie va mal, rien ne va. En 1980, le Zimbabwe voyait l’avenir en rose, car il fournissait des céréales à toute l’Afrique australe. Maintenant, la récession économique persistante, la paralysie politique et la corruption pèsent lourdement sur le pays. La crise du pétrole menace de mettre l’économie sur les genoux. La National Oil Company of Zimbabwe (NOCZIM ) a 28 milliards de ZW $ de dettes et n’a pas de réserve monétaire pour augmenter les réserves de pétrole. Mugabe impute la crise pétrolière aux fermiers blancs. Il les accuse de stocker du pétrole dans leurs fermes pour créer une pénurie artificielle.
Il est pourtant évident que la situation s’est détériorée à un tel point qu’il ne suffit plus de dire «ce n’est pas notre faute». La récession économique et l’attitude des dirigeants politiques de «continuer comme d’habitude» ont sapé le dynamisme et la confiance du pays. Même Mugabe le comprend. C’est pour cela que, quinze jours après avoir accusé les fermiers blancs, il s’est fâché contre les responsables de NOCZIM . Il les a accusés d’abandonner un crédit d’exploitation de 100 millions de $ US au profit d’affaires en sous-main dont ils tirent des dessous de table. Mugabe dit ne pas comprendre comment ces responsables s’engagent dans des activités illégales: «Ceux à qui nous payons les salaires les plus élevés, sont aussi ceux qui ont la plus grande propension à la corruption. C’est vraiment un mystère».
Qu’en est-il du ZANU-PF?
Les gens se mettent en colère quand on parle du gouvernement de l’Union nationale africaine du Zimbabwe–Front patriotique (ZANU-PF ), le parti au pouvoir. Pour Gorden Moyo, secrétaire à l’information et à la publicité de l’Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU ), le ZANU-PF est responsable de l’état lamentable de l’économie du pays. Ce parti est fatigué et devrait se reposer. Josiah Tungamirai, secrétaire du ZANU-PF pour la jeunesse, ne tient pas compte des propos du ZAPU , qu’il considère comme un groupe de jeunes frustrés voulant déstabiliser le pays. Tsvangirayi, qui aux prochaines élections disputera à Kumbirai Kangai, ministre de l’Agriculture, le siège de Buhera Sud, estime qu’en 20 ans le gouvernement n’a fait aucun progrès dans la question des terres: «Ils ont deux millions d’hectares de terres sous-exploitées. Nous allons créer une commission pour les terres avec l’objectif de donner de la terre aux gens», dit-il.
L’entrée du MDC sur la scène politique a causé autant de craintes que d’applaudissements. Le président Mugabe accuse ce parti d’être le laquais de l’étranger. De toute façon, ces derniers temps, Mugabe n’a pas eu la vie facile. Son problème actuel est de résoudre l’équation entre les promesses du MDC et ce que le ZANU-PF a eu l’habitude de donner. Sans aucun doute, Mugabe est toujours en fonction, mais Morgan Tsvangirayi est quelqu’un qu’il doit prendre au sérieux.
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