ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 391 - 01/06/2000

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Kenya
De l’espoir pour le tourisme?


ECONOMIE


Moments difficiles pour l’industrie du tourisme au Kenya.
Mais tout ne va pas si mal.

M. Gerald Macharia Mwangi, directeur du Amboseli Serena Lodge, a une longue expérience du tourisme. Bien qu’optimiste né, il a quelque peu modifié ses vues. Dans le temps, il était plein d’enthousiasme pour le tourisme au Kenya, mais aujourd’hui ses déclarations sont plus réservées et réfléchies. Quand on lui demande son avis sur l’avenir du Parc national d’Amboseli, un parc mondialement renommé mais dont la Tanzanie grignote le tourisme dans le sud, Mwangi réfléchit un moment et puis déclare prudemment: «Un jour, Amboseli retrouvera son ancienne gloire. Nous ne devons pas rivaliser avec la Tanzanie et l’Ouganda. Les menaces venant de l’Afrique du Sud et de l’Egypte sont bien plus grandes».

S’il reste optimiste, le ton de sa voix reste circonspect et non sans raison. Il fut un temps où les touristes se bousculaient au Kenya, pour y admirer les différents habitats des animaux et les contrastes de l’écosystème. Le Kenya est la patrie d’une foule de mammifères, surtout des “5 grands”: l’éléphant, le rhinocéros, le lion, le buffle et le léopard. On y trouve aussi des centaines d’espèces d’oiseaux dont l’aigle pêcheur africain, le faucon pygmée et le martin-pêcheur. Le taux d’occupation des lits était très élevé et dans la plupart des hôtels il fallait réserver sa chambre bien à l’avance.

L’industrie touristique mal en point

Ce n’est plus le cas. L’industrie du tourisme, malgré ses immenses possibilités, a été tellement éprouvée les dernières années que les agences de voyage se demandent si les choses redeviendront jamais comme avant.

La baisse du secteur, marquée par une forte diminution des arrivées des touristes, est attribuée à plusieurs facteurs. La cause principale est la compétition serrée avec d’autres destinations touristiques qui offrent les mêmes possibilités, comme l’Afrique du Sud.

D’autres raisons sont le mauvais état de l’infrastructure, en particulier de la grand-route de Nairobi à Mombasa, et la mauvaise publicité dont le pays a souffert: le taux d’insécurité, les bagarres interethniques dans la vallée du Rift et dans les provinces côtières ont été annoncés partout, il y a deux ans, à grand renfort de publicité. Après ces bagarres à la côte, Mombasa, la ville la plus importante de la province, a vu beaucoup d’hôtels fermer leurs portes, alors que d’autres survivent à peine étant depuis longtemps sous-occupés. Ils ont dû licencier du personnel, réduire les salaires ou arrêter leur activité. Incidemment, l’insécurité croissante au Kenya coïncidait avec le rajeunissement des circuits touristiques du cratère de Ngongolo, des plaines du Serengeti et du lac Manyara dans le nord de la Tanzanie. Ces efforts furent largement annoncés à grand renfort de publicité pour attirer les touristes.

Le tourisme au Kenya a-t-il des chances de reprendre à court terme? Certainement pas, à moins que le pays ne crée rapidement d’autres tours de voyages plus diversifiés et plus attractifs. Beaucoup d’opérateurs touristiques estiment que, s’il veut faire face à la compétition intense, le Kenya doit changer ses stratégies des années 1960 et du début des années 1970, lorsqu’il était le seul pays de l’Afrique orientale et centrale à avoir une industrie touristique organisé. C’était le temps où la publicité promettait des «variétés africaines spectaculaires» et des «hôtels 5 étoiles avec des lits à baldaquins sculptés à la main, la télévision en couleur avec les programmes de la CNN, la BBC et MNET, tout en offrant une gamme d’agréments de luxe» pour attirer les touristes. Les agences offrant des visites guidées chez les Masai-Mara, au lac Nakuru et Amboseli, la pêche en haute mer et la plongée sous-marine, étaient certaines d’attirer les touristes.

Mais les choses ont beaucoup changé depuis lors. De nouvelles destinations touristiques à longue distance ont fait leur apparition. Ces jours-ci, ce n’est pas le choix qui manque. Rien qu’aux Antilles, on peut choisir parmi plus de 20 îles. Il y a aussi d’autres destinations: Singapour, la Malaisie, Sri Lanka et les Maldives. Et le Kenya va perdre la moitié de son marché touristique en faveur de l’Afrique du Sud.

Pour les spécialistes de l’industrie du voyage, la Direction kényane du tourisme (KTB ) a besoin d’un souffle d’air frais. La KTB est un organisme parastatal fondé en 1997 pour “commercialiser” le Kenya, localement et à l’étranger, puisque le ministère du Tourisme n’avait ni la volonté ni le personnel pour le faire. Jusqu’ici, un financement restreint a entravé ses opérations. Son président Uhuru Kenyatta (un fils du premier président du Kenya, Jomo Kenyatta) a été forcé de faire un appel pour obtenir $2,1 millions afin de lancer un marketing agressif et une campagne de prise de conscience pour remettre l’industrie sur pied.

Heureusement tout ne va pas mal. Pour beaucoup de spécialistes du tourisme, le Kenya reste un produit touristique solide, pourvu qu’il soit bien commercialisé. Malgré les revers de ces dernières années, l’industrie commence à redresser la tête, grâce surtout aux “visites du millénaire” et aux efforts de publicité faits par le gouvernement et le secteur privé.

Amboseli en est un bon exemple, considéré longtemps comme «le» site touristique à visiter au Kenya. En 1998, le nombre des visiteurs était tombé au plus bas: seulement 62.900. Mais l’an dernier au mois d’août, le parc avait déjà atteint 60 % de réservations pour les visites du millénaire! Un autre gros avantage pour le Kenya c’est que ses voisins l’Ouganda et la Tanzanie sont en retard quant à leurs infrastructures, beaucoup de leurs visiteurs sont obligés de passer par le Kenya.

© Robert Oduol, Kenya, avril 2000 — © Reproduction autorisée en citant la source

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