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Ouganda |
POLITIQUE
Les organisations internationales considèrent l’Ouganda comme un exemple
à imiter;
mais les citoyens du pays pensent-ils la même chose?
L’an dernier, Noël n’a pas été très gai pour Donozio Wasswa, un employé du gouvernement: il n’avait pas reçu ses appointements à temps et il avait donc très peu à dépenser pour une bonne fête. Beaucoup d’autres Ougandais, qui se sont trouvés dans la même situation, ont commencé à penser que les choses n’allaient pas vraiment bien dans leur pays.
Donozio se demande si cela n’est pas en relation avec la guerre au Congo-RDC . Un peu partout on soupçonne que cette guerre ne provoque une sérieuse hémorragie des finances ougandaises. Donozio se souvient de ce qui s’était passé quelques jours avant Noël 1999. «Je suis allé à ma banque pour voir si le chèque de mes appointements y avait été déposé, mais ce n’était pas le cas. A la banque, ils m’ont même demandé si vraiment j’attendais quelque chose!». Rappelons que les employés du gouvernement s’étaient déjà plaints de n’avoir pas encore reçu leurs primes habituelles de Noël.
Ce non-payement s’est répercuté sur les commerçants, qui avaient espéré une hausse de leurs ventes. En vain. Hamid Mukasa, boucher, explique: «Ne tenant pas compte des avertissements de mes collègues qu’il y avait moins d’argent en circulation que l’an dernier, j’avais tué trois vaches et tout ce que j’ai réussi à vendre c’est 57 kilos de viande».
Les fonctionnaires et les commerçants poussent des cris d’alarme. Selon eux, le gouvernement mijote quelque chose de louche. Peu avant Noël, les ordinateurs du ministère des Finances étaient tombés en panne. On a parlé d’un virus qui aurait détruit des informations vitales et, donc, retardé le payement des salaires. Pourtant, les ordinateurs avaient été certifiés exempts du bogue du millénaire. «Cela requiert une enquête», dit Kanyike, un autre fonctionnaire. «Nous savions que tout était en ordre; des donateurs avaient donné de l’argent pour réviser nos ordinateurs. Alors, qu’est-il arrivé? Où est allé cet argent?».
Les soupçons
On pense généralement que le gouvernement dépense chaque mois 1 milliard de shillings pour son effort de guerre au Congo-RDC , un investissement qui devient de plus en plus lourd, au grand dam de tous. Le gouvernement n’a jamais été bien clair à ce sujet. Les implications financières de la participation de l’Ouganda à ce conflit ont été classées «information confidentielle». Ce qui a donné lieu à des commérages, en particulier sur la façon dont l’argent des contribuables est dépensé.
Les suspicions n’ont fait que croître du fait que les secteurs vitaux de l’économie s’affaiblissent. Tout tourne au ralenti. Alors qu’on croyait que le shilling ougandais était stable, il a perdu en une année 25% de sa valeur. La création d’emplois fléchit dramatiquement. En 7 ans, seulement 80.000 emplois ont été créés, ce qui n’est qu’une petite partie des emplois dont le pays a besoin.
Il y a des signes de frustration croissante parmi les citoyens ordinaires, et on accuse les dirigeants d’être incapables de résoudre les problèmes du pays, sans parler de ceux de toute la région! Certains analystes politiques croient que les dirigeants ougandais ont mal cerné les problèmes du pays et de toute la région; par conséquent, ils sont incapables de trouver les solutions pour apaiser la situation. Quelques-uns accusent Museveni de ne chercher que des solutions militaires.
Les réactions de Museveni
Evidemment, ces analyses ennuient Museveni! Dans son message de nouvel an, il a dit: «Je lis dans les journaux que certains analystes politiques accusent le gouvernement d’être à court d’idées et de ne pas trouver des solutions. Ce n’est pas vrai, car nous avons changé nos stratégies». Le président faisait probablement allusion au fait qu’il venait d’approuver l’amnistie pour tous les rebelles qui sortiraient de la brousse pour se rendre. En décembre dernier, Museveni avait rencontré le président Béchir, du Soudan, et les deux avaient accepté un échange de diplomates. Il s’était aussi battu pour étouffer la guerre au Burundi. Il est président de la commission qui avait nommé unanimement Nelson Mandela comme médiateur entre les factions en guerre dans ce pays.
Mais là aussi il y a des difficultés. Au Burundi, le Conseil national pour la défense de la démocratie (CNDD), un groupe d’opposition, a dit ne pas vouloir de Mandela comme médiateur parce que son choix était unilatéral et pourrait favoriser les Tutsis. Les progrès de Museveni dans ses efforts de paix dans la guerre au Congo-RDC commencent eux aussi à vaciller, car l’Ouganda est accusé de prendre parti pour un groupe.
Toutefois, face à ces saints Thomas qui doutent que le gouvernement de Museveni puisse les conduire à la terre promise de Canaan, son message à l’aube du nouveau millénaire est bien clair: «Le gouvernement du Mouvement de résistance nationale est fort et capable de conduire le pays dans le nouveau millénaire, tout comme il a réussi précédemment à sortir le pays du chaos».
Il n’y a plus qu’a attendre et voir!
© Crespo Sebunya, Ouganda, avril 2000 — © Reproduction autorisée en citant la sourceSOMMAIRE FRANCAIS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS
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