ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 392 - 15/06/2000

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Malawi
Les Malawites et l’ombudsman

VIE SOCIALE


Durant la période de Kamuzu Banda, la majorité des Malawites a enduré en silence les injustices
et la mauvaise administration. Aujourd’hui, ils ont trouvé auprès du médiateur aide et réconfort.

Lors d’une interview à la télévision, Enock Chibwana, l’ombudsman du Malawi, a déclaré que, depuis l’ouverture de son bureau en 1995, lui et son personnel avaient déjà enquêté sur des milliers de plaintes. Il s’agit de gens ordinaires, traités injustement par certains départements. Les réclamations sont si nombreuses qu’on n’arrive plus à les compter.

Par exemple, le bureau du médiateur (ou du défenseur des citoyens, comme on l’appelle parfois) a ordonné à l’inspecteur général de la police de payer une indemnité à Michael Chikondano, un policier licencié en 1991 pour refus de transfert à un endroit dangeureux pour lui. Chikondano était dans la police depuis 18 ans. Dans un autre cas, l’ombudsman a appelé à témoigner sept policiers de Lilongwe, accusés d’avoir délibérément différé et refusé d’agir lors d’une affaire.

Les ministres eux-mêmes n’y échappent pas. Récemment, Chibwana a obligé le ministère de l’Education de réadmettre un étudiant de l’école secondaire, à Blantyre, renvoyé parce qu’on avait trouvé une bouteille de bière dans son cartable. L’étudiant affirmait que la bouteille y avait été placée par un de ses camarades et qu’on l’avait renvoyé sans même avoir entendu sa version.

Tout n’est pas simple

Cependant, tout n’est pas rose. Son bureau subit des contraintes financières, car le gouvernement ne l’aide qu’au compte-gouttes, et certaines institutions publiques essayent même d’en limiter l’autorité.

Ainsi, l’ombudsman a été appelé devant le tribunal, parce que la radiodiffusion du Malawi (MBC ) contestait sa compétence dans des affaires sociales. Quatre journalistes, licenciés sans raisons valables, avaient confié leur cas au médiateur. Le cas fut même porté à la Cour Suprême, mais renvoyé au tribunal, où il se trouve encore. Un cas similaire concerne un employé d’Air Malawi, qui estime avoir été traité injustement par la compagnie d’aviation.

Le médiateur, lui, estime avoir tous les pouvoirs constitutionnels pour s’occuper de ces affaires sociales. Dans la section 31 de la Constitution, il est affirmé que tout citoyen a droit à des conditions sociales justes et à une rémunération adéquate. Pour Chibwana, le gouvernement a créé son institution, tout comme la Commission des droits de l’homme, la Cour des relations industrielles et le Bureau anti-corruption, pour sauvegarder la démocratie et donner à la population la possibilité de déposer plainte. Et les gens ont le droit de recourir à ces institutions.

Protéger le bureau du médiateur

Sam Mpasu, président de la Chambre des représentants, a demandé à toutes les autorités du pays d’aider l’ombudsman, pour qu’il puisse s’acquitter de sa charge, professionnellement et en toute indépendance. Le bureau du médiateur est une sauvegarde contre les abus de fonctions et d’autorité. Les enquêtes du médiateur sont complètement indépendantes de toute interférence de quelque autorité que ce soit. Chibwana a déclaré à la presse: «Je n’hésiterai pas à démasquer toute personne qui voudrait s’immiscer dans mon travail ou essayer d’influencer mes décisions».

Il a maintenant des bureaux à Lilongwe, Blantyre et Mzuzu, où il enquête sur des plaintes ou des prétendues injustices dans l’exercice de l’autorité. Il s’occupe des décisions arbitraires, du mauvais usage des pouvoirs discrétionnaires, de la mauvaise application et des erreurs d’interprétation des lois et des arrêtés municipaux, pour ne citer que quelques cas. Mais il prend bien soin de ne pas accepter des plaintes futiles et anonymes. De même, il refuse de s’occuper de problèmes privés et de plaintes sans fondements. Il s’abstient aussi d’enquêter sur des cas dont le jugement est en cours, ceux-ci tombant sous la compétence d’une autre institution. Et il ne s’occupe pas de plaintes s’il y a un autre moyen d’y remédier.

La plupart des Malawites sont satisfaits de la façon dont fonctionne le bureau du médiateur. Ses services, gratuits, ont aidé pas mal de gens qui n’avaient pas les moyens de payer un avocat.


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