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Gabon |
ECONOMIE
Malgré la fermeté recommandée par le FMI dans la gestion des finances publiques gabonaises, les bailleurs de fonds sont “excédés” par les revirements du petit émirat pétrolier.
Faute d’avoir osé, il y a une trentaine d’années, diversifier son économie et former des opérateurs économiques capables de soutenir son tissu commercial, le Gabon a bâti sa richesse exclusivement sur le pétrole, le bois et quelques matières premières. L’inégale répartition de la population et des revenus à travers le pays, pose les véritables problèmes de développement. La situation alarmante, responsable de l’aggravation du chômage, résulte de la mauvaise politique économique des gouvernements qui se sont succédé depuis les années 1970, période de la grande prospérité pétrolière.
Aujourd’hui, le Gabon n’est plus considéré comme un bon élève du Fonds monétaire international (FMI) ni de la Banque mondiale. Les investisseurs ne se bousculent plus à son chevet, et le soutien de la France ne suffit plus pour «changer les mentalités des dirigeants» trop dépensiers. L’absence d’une justice fiable, la corruption qui gagne les agents de l’Etat et les détournements des deniers publics qui se multiplient, ne plaident pas non plus pour la bonne gouvernance. Depuis quelques années, les données ont changé. Le pétrole, principale ressource du pays, s’épuise, la dette globale extérieure a atteint 2.000 milliards de FCFA et la dette intérieure est évaluée à près de 300 milliards de FCFA.
Des subventions mal affectées
En dépit d’une croissance démographique modérée (2,5% en moyenne), le produit par habitant a baissé de 1,8% par an sur la période 1980-1993, contre une hausse de 5,6% par an entre 1965 et 1980. Selon les critères de la Banque mondiale, le Gabon est en 2000 le seul pays à revenu intermédiaire de l’Afrique subsaharienne. Cependant, le pays n’ayant pas su utiliser rationnellement ses ressources, les services sociaux de base sont à un niveau relativement faible.
Le gouvernement est raisonnablement optimiste à la suite des récentes consultations avec le FMI, tout en notant le manque de main-d’œuvre dans le secteur agricole, l’engorgement des services de base en ville, le développement de la pauvreté urbaine, et la mauvaise couverture de l’intérieur du pays en services de base. «Nous avons une prévision pour la croissance de l’ordre de 3% cette année contre - 6% en 1999. Si les prix du pétrole se tiennent au niveau actuel et si les efforts de réorganisation des régies produisent leurs effets, nous allons pouvoir améliorer sensiblement nos recettes et dégager une marge d’autofinancement qui nous permettra de répondre à ce taux de croissance prévisionnel», a rassuré M. Emile Doumba, ministre de l’Economie et des Finances.
Le piège du pétrole
Le pétrole occupe une place prépondérante dans le produit intérieur brut (PIB ): il a contribué à la création de 40,9% de la richesse du pays en 1997. En 1999 la contribution fut de 60% environ. L’or noir est suivi des services et du commerce, qui représentent respectivement 9,7% et 8,8% du PIB. La dépendance de l’économie gabonaise vis-à-vis du secteur pétrolier est un facteur d’instabilité.
La place de l’industrie dans la production nationale est très limitée: à l’exception de la transformation du bois, elle est essentiellement tournée vers le marché intérieur. A la faveur de la crise économique, le secteur informel a pris ces dernières années une place importante dans l’économie gabonaise, même si les données relatives à sa contribution dans le PIB ne sont pas disponibles. Le Gabon est en devoir aujourd’hui, non seulement de réajuster, mais aussi de diversifier progressivement son économie pour pouvoir sortir du piège du pétrole.
La majorité de la population (environ 450.000 hab.) vit dans la capitale, Libreville. Comment l’Etat arrivera-t-il à résoudre les problèmes de base en cette période de crise, alors qu’il n’a pas pu le faire au cours des années fastes? Comme tous les pays pétroliers, le Gabon a souffert de l’énorme place que prend le pétrole dans son économie. Le gouvernement essaie d’inverser progressivement la tendance.
«Nous souffrons aujourd’hui énormément de l’état de notre pays», dit le ministre Doumba. «Ces routes complètement délabrées; un système éducatif pas encore au point; des soins de santé primaires qui manquent encore dans certains endroits, malgré des efforts importants d’aménagement et de construction d’hôpitaux... J’espère que la situation que nous vivons, nous mènera à changer de comportement et surtout de mentalité. Il faudrait que nous soyons moins dépensiers pour devenir un peu plus épargnants, et surtout entreprenants».
Une pauvreté ancrée
La pauvreté est un fléau qui frappe le Gabon depuis plusieurs années, mais elle était masquée. Même si les données sont incomplètes, selon la Banque mondiale, les tendances observées montrent que la proportion des personnes vivant en dessous du salaire minimum était passée de 87% en 1960 à 83% en 1994. Pendant la même période, la population vivant en dessous du seuil de pauvreté -– fixé au 2/3 de la consommation moyenne — avait varié de 68% à 62%. La dégradation de la situation est telle que, en l’an 2000, près de 30% de la population des plus grandes villes, Libreville et Port-Gentil, vivent en dessous du seuil de pauvreté absolue, estimé à 30.000 FCFA par mois environ.
Pour sa part, conscient de la montée de la pauvreté, le gouvernement s’est engagé à promouvoir le développement des services sociaux de base. Mais, malgré les efforts consentis au cours de ces dernières années, les indicateurs sociaux, éducatifs et sanitaires sont encore faibles au regard des potentialités du pays. Riche et faiblement peuplé, le Gabon doit passer par des restructurations qui impliquent des nouvelles orientations prioritaires ainsi que l’amélioration de l’efficacité des dépenses.
Entre pétrole et bonne gouvernance
La relative opulence des années de croissance pétrolière et l’entrée au gouvernement d’opposants notoires ont préservé jusqu’alors le pays de rivalités ethniques trop violentes. Mais la construction de la nation gabonaise, à coups de slogans, n’a été qu’un leurre visant à tromper les institutions internationales et les gouvernements étrangers. Les postes ministériels, qui continuent à être attribués en fonction de considérations ethniques, alimentent un gouvernement pléthorique.
L’activisme du président Omar Bongo, marqué par une suite d’initiatives dispersées, apparaît davantage comme le fruit d’une stratégie personnelle que comme un grand dessein collectif, que pourrait effectivement constituer l’intégration régionale. Un tel objectif, le seul qui vaille pour le Gabon dans la perspective de l’après-pétrole, paraît pour l’heure inaccessible. Pour sortir de la crise, à l’heure où les activités économiques hors pétrole s’enlisent, les dirigeants à la tête d’un Gabon très centralisé et sans réelle assise populaire, devraient consentir à pratiquer de larges abandons de souveraineté et réussir à entraîner l’incontournable adhésion des populations.
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