ANB-BIA SUPPLEMENT

L’Aide au développement de personne à personne (DAPP ) est un programme danois de développement établi en Zambie avec un certain nombre de projets. Un parmi les plus réussis est la Ville des enfants de Malambanyama, située à une centaine km de Lusaka. En Zambie on compte 75.000 enfants des rues et, ces dix dernières années, ce projet a gagné le coeur de bien des gens car il procure toit et éducation à plusieurs de ces enfants.

Commencé en avril 1990 avec un seul enfant, aujourd’hui le projet a en charge 280 enfants et orphelins, provenant de diverses régions du pays. La plupart ont été envoyés par le ministère du Développement communautaire et des Affaires sociales.

Un chez soi

M. Malufeyo Musukwa, qui participe au projet depuis le début, parle fièrement de ses objectifs: «Nous voulons éduquer ces enfants pour qu’ils deviennent des citoyens utiles. Pour cela nous leur donnons un enseignement et une formation professionnelle. Si je dois quitter cet endroit, la seule chose qui me manquera, c’est l’amour que j’ai pour ces enfants rééduqués». Musukwa est heureux de voir que même ceux qui ont réussi leurs études grâce au projet, souhaiteraient rester à la Ville des enfants. Certains se sont installés dans les villages environnants; ils ont fait leur propre chemin grâce à la formation professionnelle reçue à la Ville des enfants, où ils retournent toujours en cas de besoin ou de difficulté. «C’est leur maison. Ils l’aiment et ils n’iront pas n’importe où, dit M. Musukwa. Nous ne pouvons pas les jeter dehors».

Voyons le cas d’Andrew Mbewe, chargé de la porcherie à la Ville des enfants. Arrivé en 1992, venant de Kabwe, tout proche, où vivent ses parents, il suit des cours d’élevage et d’agriculture. «Je ne vais pas voir mes parents très souvent, dit-il, à cause de mon travail: je dois m’occuper de 15 cochons. J’aime beaucoup travailler et vivre ici à la Ville des enfants». Andrew est peut-être un cas spécial, parce qu’il a pu venir à la Ville des enfants grâce à sa mère, Milesi Mbewe, qui travaillait au projet des jeunes de la DAPP à Mkushi, dans la province centrale. Musukwa parle avec éloge d’Andrew: «Nous sommes très heureux que, malgré sa lenteur à apprendre, il tire maintenant du bénéfice de la porcherie».

Programme de formation

Les jeunes comme Andrew ont suivi un programme de cinq ans qui comprend l’enseignement préscolaire et primaire, la formation professionnelle en diverses spécialisations telles que l’élevage, la menuiserie, l’économie domestique, l’horticulture, etc. L’agriculture est une des activités principales. Il y a 40 hectares de culture de maïs, de tournesol et de soja. L’accent est mis sur la culture vivrière.

Ceux qui sont en septième se présentent au certificat d’Etat de fin d’études primaires. «Nous en avons eu qui ont suivi avec succès l’enseignement secondaire dans la province centrale», explique Musukwa.

Une de ces “réussites” est Marvelous Kateba qui vient de Chingola, dans la province du Copperbelt. Il est maintenant à l’école secondaire Serenje de la province centrale. Après avoir quitté la Ville des enfants, Katebe a présenté, en 1996, à Nodal, l’examen d’Etat de fin d’études primaires. Il n’a pas encore programmé avec précision son parcours scolaire: «Je prévois un tas de choses. J’admire un tas de choses que je pourrais faire dans la vie, mais je n’ai pas encore décidé ce que je veux être plus tard».

A cause de leur passé, souvent mêlé à des affaires de drogue, au crime et à la prostitution avant d’arriver à la Ville des enfants, ces enfants ont besoin de discipline, qu’ils soient pensionnaires ou externes provenant des villages environnants. Musukwa explique: «Evidemment, nous avons certains problèmes tels que le vol. Quand un de ces problèmes se pose, nous essayons de trouver une solution avec l’aide de conseillers à l’intérieur du groupe familial spécifique auquel chaque jeune du Village des enfants appartient. Nous ne frappons pas les coupables, car ce n’est pas une solution. Vous devez avoir le coeur à la bonne place pour vous occuper de ces enfants et de leurs problèmes. Quand nous n’en sortons pas, nous nous adressons au ministère du Développement communautaire et des Affaires sociales à Lusaka pour avoir leur avis et leur aide».

A côté du projet de la Ville des enfants, existe l’Aide à l’enfant chibombo (CAC ). Ce projet a été lancé pour apprendre à des familles rurales à améliorer leurs conditions de vie, surtout pour le bien des enfants, en matière de santé, d’enseignement et d’alimentation. Le directeur du projet, Malufeyo Musukwa. précise: «C’est un projet de trois ans impliquant 300 personnes, destiné à enseigner aux mères l’hygiène et la santé, pour que leurs enfants soient protégés contre des maladies évitables comme la malaria et la diarrhée».

• Moses Chitendwe, Zambie, mai 2000 — ©Reproduction autorisée en citant la source

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