ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 393 - 01/07/2000

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Tanzanie
De l’Ujamaa à la démocratie multipartite


DEMOCRATIE


La Tanzanie semble prendre, petit à petit, le même chemin que d’autres pays africains.
Sa réputation de pays pacifique malheureusement s’estompe

Que peut-on noter aujourd’hui, en Tanzanie?

Les relations entre chrétiens et musulmans ne sont plus aussi paisibles. Dans certains cas, l’intolérance a conduit à la violence, alors que le but de toute religion est de libérer et de conduire le peuple plus près de son Créateur. Les idées sur l’union entre la Tanzanie et Zanzibar sont sources de division et de haine entre ces deux entités; certains qualifient même cette union d’“artificielle”.

Les dirigeants de l’opposition n’ont pas une vision bien claire et ne jouissent plus du support solide des membres de leur parti. Ils essayent de ruiner les efforts faits par le Chama Cha Mapinduzi (Parti de la révolution, au pouvoir) pour pratiquer ses politiques. Si vraiment nous voulons le progrès, nous devons discuter ensemble et faire des suggestions positives sur ce qui doit changer. Rien ne sert de s’emporter et de semer la confusion parmi les gens.

Les membres du Front civique uni (CUF), parti de l’opposition au Zanzibar, deviennent de plus en plus violents face aux policiers qui tentent de maintenir l’ordre. Certains de nos politiciens et de nos fonctionnaires ne font que chicaner les autres partis politiques et leurs dirigeants pour les faire tomber, se disputant sans cesse sur qui prendra le pouvoir. C’est tout ce qui semble les intéresser.

Au temps de Nyerere

Depuis l’indépendance, la Tanzanie a connu la paix grâce aux fondations solides que lui avait données le Mwalimu (instituteur) Julius Nyerere, durant ses vingt années au pouvoir. Les Tanzaniens se considéraient surtout comme des ndugu (membres d’une même famille). Les tensions religieuses et politiques étaient rares. Mais plus maintenant! Certains regrettent que les gens vivent en paix, et cherchent par tous les moyens à créer des conflits et à troubler les esprits. D’après eux, Julius Nyerere les a traités comme des enfants qui ne pouvaient pas penser par eux-mêmes.

Mais, pour la grande majorité des Tanzaniens, Nyerere était le dirigeant par excellence. Facteur d’unité dans le pays, il encourageait le peuple à vivre ensemble comme des membres d’une même famille, et à parler la même langue. Il a fait ce qu’il a pu pour réduire le fossé entre riches et pauvres. Même les enfants des familles pauvres avaient accès à l’éducation, aux soins médicaux et aux autres services sociaux, sans discrimination.

De nos jours, tout a changé, sous l’influence de l’Occident qui impose partout ses idées. Les gens sont évalués en termes de richesse et, ceux qui n’ont pas de ressources, sont considérés comme des riens-du-tout. Les pauvres sont privés des nécessités vitales et les riches prospèrent au détriment des pauvres.

On reproche souvent à la politique Ujamaa (communautaire) de Nyerere d’avoir causé la pauvreté en Tanzanie. Mais est-ce ainsi? Le but de l’Ujamaa était celui d’améliorer le niveau de vie collectif des gens. Ainsi, on les encourageait à rejoindre les villages Ujamaa, où ils pouvaient recevoir gratuitement les soins de santé, une éducation et les autres services sociaux, sans être obligés de parcourir à pied de longues distances. Ils étaient aussi encouragés à travailler non seulement pour leurs propres besoins, mais aussi pour ceux de la collectivité et de tous les membres de la communauté. La propriété communautaire était destinée à réduire les prix exorbitants des produits achetés chez les commerçants. La terre était attribuée au prorata du nombre des membres de la famille, et personne ne manquait de terre ou de biens. Le travail y était encouragé de sorte que les habitants d’un village Ujamaa puissent produire assez de nourriture et même des produits de rapport pour se suffire.

Mais, il s’agissait d’expérimentations dans quelques villages et ce n’était pas la règle générale dans tout le pays. Nyerere soutenait qu’il fallait renseigner les gens sur l’Ujamaa, et non pas les forcer d’y entrer.

Des fautes ont été commises et, finalement, les villages Ujamaa ont été voués à l’échec non pas parce que le projet était irréaliste, mais parce que l’Occident y était opposé: il avait peur que Nyerere ne conduise ainsi le pays au marxisme ou au communisme comme dans les pays de l’Est. Les responsables des différentes confessions religieuses craignaient aussi que, si le communisme se répandait en Tanzanie, la liberté du culte ne soit abolie.

Au moment de l’indépendance, les pays en développement ont dû choisir entre l’Est et m’Ouest, s’ils voulaient survivre économiquement. Les pays occidentaux, considérant que le capitalisme était le meilleur système économique pour les pays en développement, ont donné de l’aide financière et militaire à ceux qui appliquaient le capitalisme. L’Ujamaa était donc condamnée d’avance par l’Occident.

Quels sont les besoins de la Tanzanie?

En Tanzanie, nous avons besoin d’une paix durable, d’une liberté responsable, de meilleurs services sociaux, de progrès dans l’industrie et la technologie. Ce que nous voulons, c’est le progrès et des dirigeants peuvant nous y conduire. Nous n’avons pas besoin de conflits, de violences, d’inimitiés ou de guerres. Nous voulons que le peuple soit libre d’appartenir à la croyance religieuse et au parti politique de son choix. Il faut aussi que chaque citoyen sente qu’il a un rôle à jouer dans l’édification de la nation. Nos dirigeants doivent comprendre que c’est leur devoir de faciliter ces changements.


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