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Zambie |
SOCIETE CIVILE
Menaces à répétition du gouvernement
contre les ONG qui nourrissent des
tendances jugées dangereuses.
Il n’y a pas longtemps, des responsables du Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD , parti au pouvoir), ont accusé certaines organisations non gouvernementales (ONG ) pour avoir dénoncé la violation continuelle des droits de l’homme en Zambie. A la tête de ceux qui les accusent se trouvent Newstead Zimba, ministre de l’Information et de la Radiodiffusion, et Vernon Mwaanga, président à l’information du MMD. Les ONG les plus visées sont le Réseau inter-africain pour les droits de l’homme et le développement (AFRONET), l’Equipe zambienne indépendante de surveillance (ZIMT) et l’Association zambienne indépendante pour les médias (ZIMA ).
Le 3 janvier, Mwaanga, qui est aussi le chef de file du MMD au Parlement, lance une attaque cinglante contre AFRONET et ZIMT, les accusant de ne pas savoir où elles vont et de se laisser conduire par des meneurs peu démocratiques. Il insulte même le président d’AFRONET, Ngande Mwanajiti, et celui du ZIMT, Alfred Zulu, les traitant d’«individus non gouvernementaux». «Ce sont deux individus dangereux et téméraires qui interviennent partout, dit-il. Ils ne doivent rendre compte à personne, mais ils condamnent le gouvernement pour les moindres fautes».
L’appui des ONG aux médecins grévistes
Les attaques contre les ONG font suite à l’impasse entre le gouvernement et 300 médecins subalternes, renvoyés après leur grève de décembre dernier. Ces médecins réclamaient de meilleures conditions de travail et un environnement plus favorable dans les hôpitaux. Ceux-ci manquent de moyens, de médicaments et de fournitures chirurgicales, et la situation ne fait qu’empirer. Faute de matériel de nettoyage, les mouches et même les rats envahissent les salles d’opérations.
AFRONET et ZIMT ont soutenu la grève des médecins et ont critiqué le gouvernement, le rendant responsable de cette détérioration.
L’affaire Majid Ticklay
AFRONET et ZIMT se sont aussi fait mal voir par le MMD pour leur prise de position lors de la déportation controversée vers le Royaume Uni, le 4 janvier, de Majid Ticklay, un homme d’affaires de Lusaka, accusé d’attiser la haine raciale. (Ndlr: voir ANB-BIA nº 241, Supplément: “Un problème de citoyenneté”). Il avait appelé la communauté asiatique à s’inscrire aux partis de l’opposition de leur choix.
Alfred Zulu, président du ZIMT, avait critiqué la décision prise par le ministre de l’Intérieur, Peter Machungwa, de déporter Ticklay qui a vécu 50 ans en Zambie sans jamais avoir pu obtenir la citoyenneté zambienne. D’après lui, les raisons données pour la déportation de Ticklay sont «incompatibles avec les clauses constitutionnelles concernant la liberté d’expression». Quant à Ngande Mwanajiti, président d’AFRONET, il avait soutenu que la déportation de Ticklay frisait l’anarchie, affirmant que «depuis longtemps les lois sont dénaturées et manipulées en faveur de ceux qui sont au pouvoir». Le président de ZIMA, David Simpson, a désapprouvé la nature vindicative de l’ordre de déportation, faisant remarquer que M. Ticklay n’avait même pas disposé de la période légale de 48 heures pour arranger ses affaires.
Les ONG sont averties
Newstead Zimba et Mwaanga ont accéléré la campagne pour rayer le plus vite possible ZIMT et AFRONET du registre des sociétés. Le 2 février, Zimba, porte-parole du gouvernement, a fustigé les deux ONG, les accusant de «s’être comportées comme un gouvernement, ou du moins comme un “cabinet fantôme”» et les menaçant: «N’allez pas trop loin, sinon des mesures graves seront prises contre vous». Machungwa ajoutait: «Je ne verrai jamais d’un bon œil une ONG se faire l’avocate de la guerre civile et du désordre public ou de toute action tendant à déstabiliser le pays».
Le couperet est déjà tombé pour Alfred Zulu: il a été arrêté, avec deux employés du ZIMT . Au tribunal de Lusaka, tous les trois ont été inculpés pour faux et ce pour une somme très importante.
Les ONG sont ainsi averties de ne pas s’écarter de la ligne du parti. Mais elles n’ont pas peur, et elles ont exigé à plusieurs reprises du gouvernement qu’il respecte les libertés fondamentales et garantisse la démocratie dans le pays.
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