ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 395 - 01/09/2000

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Madagascar
Sida: comment éviter l’explosion?


SIDA


Magadascar est un des rares pays où le sida 
ne constituerait pas un problème de santé publique. 
Mais les chiffres officiels ne seraient-ils que la face visible de l’iceberg?

Contrairement à bon nombre de pays africains, le sida ne constitue pas un véritable problème de santé publique à Madagascar, le paludisme restant la maladie la plus meurtrière. La Grande île figure parmi les rares pays au monde à faible taux de prévalence de l’infection au VIH: moins de 1%. Le premier cas de sida y est détecté en 1987, et cette année on enregistre officiellement 40 sidéens et un peu moins de 200 séropositifs. Mais ce n’est que la face visible de l’iceberg, note le docteur Rasamilalao Désiré, responsable du programme national de lutte contre les MST/SIDA. En réalité, on estime entre 8.000 et 10.000 les Malgaches ignorant leur séropositivité, entre 1.000 et 4.000 les malades du sida et entre 600 et 2.000 les décès cumulés suite au VIH/SIDA, d’après une étude effectuée par la Banque mondiale sur le sida à Madagascar. Toutefois, la situation actuelle (officielle et estimative) est encore “acceptable” selon les responsables, par rapport à ce qui se passe dans le reste du monde et en particulier dans le continent africain.

Pourquoi?

Jusqu’à maintenant, personne n’est encore arrivé à expliquer pourquoi l’explosion tant redoutée ne s’est pas encore déclarée. D’autant qu’on a pu constater que la majorité des Malgaches n’ont pas du tout changé de “comportement sexuel” malgré le sida. Une partie importante de la population, notamment les ruraux (85% des Malgaches), ignore l’existence même du fléau, ou bien n’y croit pas. Comme les moyens d’information et de communication pour les ruraux sont la radio d’Etat, la sensibilisation reste très restreinte et se limite surtout aux grandes villes. De plus, savoir que le sida n’est pas considéré comme un problème de santé publique entraîne également des effets négatifs sur le comportement de la population. Les gens sont insouciants, car «cela n’arrive qu’aux autres». Mais Madagascar attire de plus en plus d’amateurs de “tourisme sexuel”. Une loi visant à réprimer sévèrement ce genre de conduite, notamment vis-à-vis des mineurs, vient d’être adoptée.

Les responsables avancent plusieurs hypothèses pour expliquer le cas de Madagascar par rapport au sida. D’abord le fait que Madagascar est une île, et donc plus protégée; ce qui n’empêche que le nombre des touristes augmente au fil des années et les Malgaches eux-mêmes bougent beaucoup. Autre explication avancée: en tant que chrétiens la majorité des Malgaches sont monogames (officiellement); mais cela n’a jamais empêché le vagabondage sexuel aussi bien des hommes que des femmes. Bref, pour le moment, on ignore les véritables raisons du cas malgache.

Que réserve l’avenir?

Les médecins attirent surtout l’attention sur le nombre très important de personnes contractant des maladies sexuellement transmissibles (MST): près de 30% des femmes enceintes et la majorité, pour ne pas dire toutes les prostituées. Les MST constituent la porte d’entrée du sida, et la grande majorité des victimes actuelles ont contracté le sida par voie sexuelle.

Quoi qu’il en soit, l’essentiel est d’intervenir afin d’enrayer la propagation de la maladie. Le programme national de lutte contre le sida a été mis en place en 1988. La sensibilisation, notamment pour l’utilisation des préservatifs, est en cours. Un laboratoire de dépistage gratuit et anonyme du VIH est mis à la disposition du public à Antananarivo. Une vingtaine d’ONG ont des activités financées par le programme national de lutte contre le sida. Mais la sensibilisation reste trop ponctuelle.

L’étude de la Banque mondiale a permis de révéler qu’il y a autant d’hommes (47,8%) que de femmes (47,3%) victimes de cette maladie. Mais parmi les personnes chez qui la maladie s’est déclarée, on observe une forte proportion d’hommes (73%); c’est-à-dire que les premières personnes infectées étaient essentiellement de sexe masculin. Dans le cadre de cette étude, on a aussi effectué des projections sur la situation future de la maladie. Ainsi, si des mesures sérieuses ne sont pas prises, on estime entre 3% et 15% les adultes qui seront contaminés par le VIH d’ici 2015, selon les hypothèses fortes ou faibles. D’après l’étude, le nombre de personnes séropositives se situera donc entre 450.000 et 2,1 millions, le nombre de nouveaux malades compris entre 40.000 et 193.000, et les décès dus au sida entre 260.000 et 1,3 million. Quant aux orphelins (moins de 15 ans), on les estimerait en 2015, entre 107.000 et 458.000, représentant une des graves conséquences de l’épidémie.

Si la relation tuberculose-sida constitue à l’heure actuelle un problème majeur de santé publique dans de nombreux pays, ce n’est pas encore le cas à Madagascar. Aucun cas de tuberculose n’est détecté chez des sidéens ou des séropositifs, affirment les médecins responsables. Mais en dehors de contamination par le VIH, les nouveaux cas de tuberculose se situent déjà entre 18.000 et 20.000 par an. Avec l’épidémie de sida, on peut s’attendre en 2015 à des chiffres compris entre 21.000 et 100.000.


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