ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 395 - 01/09/2000

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Nigeria
Une fédération menacée


POLITIQUE


De récents conflits font craindre l’éclatement du Nigeria.

Ces derniers temps, le Nigeria a connu pas mal de conflits: entre des groupes ethniques, ou entre un groupe ethnique et le gouvernement, ces groupes se plaignant d’être marginalisés. Certains menacent même de quitter la Fédération.

Les Etats de sud-ouest: Les menaces du Congrès du peuple Oodua (OPC) doivent être prises au sérieux. Des citoyens innocents qui vivent dans ces Etats à prédominance Yoruba sont menacés, blessés et même tués. L’OPC exige une nation Yoruba séparée.

Le delta du Niger: On fait régulièrement état de massacres, d’enlèvements et d’ultimatums à quitter la région. Les Ijaws du delta demandent l’application de la déclaration de Kaima, exigeant notamment le retrait de toutes les compagnies pétrolières du delta du Niger, jusqu’à ce que le gouvernement fédéral ait réglé le conflit sur les droits de propriété et de contrôle des ressources naturelles.

Le Mouvement pour la survie du peuple Ogoni (MOSOP ), bien qu’assez calme pour le moment, poursuit toujours les idéaux pour lesquels son dirigeant Kenule Benson Saro-Wiwa a été tué. Ils veulent l’autonomie et le contrôle complet des ressources de leur région. Le récent massacre de douze policiers à Odi, dans l’Etat de Bayelsa, fut suivi d’une action militaire musclée de la part du gouvernement fédéral, massacrant l’entière communauté d’Odi. On se demande encore pourquoi il a infligé une telle punition à Odi alors que l’OPC avait fait bien pire à Lagos et Shagamu.

Le sud-est: Les Ibos du sud-est, réclament la restauration de la République du Biafra. La première fois, cette idée avait provoqué la guerre civile. Sous la direction du Ikemba Nnewi, Emeka Odumegwu Ojukwu, «le Biafra» avait été créé pour remédier au prétendu déséquilibre, aux injustices et à la marginalisation des Ibos dans la Fédération. Plus de 27 années plus tard, l’appel a refait surface, soutenu par un groupe qui s’appelle le Mouvement pour l’actualisation de l’Etat souverain du Biafra (MASSOB ). Conformément à leurs objectifs, ils ont adressé une pétition au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, pour que le Biafra soit accueilli dans cette organisation mondiale en tant que «nation, non représentée». Le MASSOB allègue la «conspiration d’Etat, le meurtre et l’annihilation de notre tribu par les Etats nigérians».

Tout cela indique que tout ne va pas bien pour la Fédération du Nigeria et qu’une restructuration est nécessaire. Mais laquelle?

Une Conférence nationale souveraine

Les assemblées des Etats du sud-ouest, toutes contrôlées par l’Alliance pour la démocratie (AD), en union avec le groupe pan-yoruba Afenifere, ont voté une résolution pour convoquer une Conférence nationale souveraine (CNS). Des personnalités comme le lauréat du Prix Nobel, le professeur Wole Soyinka, et l’activiste pour les droits de l’homme Gani Fawehinmi, ont aussi uni leurs voix à celles qui réclament une CNS.

L’argument est qu’une CNS rassemblera tous les groupes ethniques du Nigeria en un forum où ils pourront s’asseoir autour de la table pour discuter et préparer l’avenir de la Fédération. Déjà, on entend que des dirigeants du nord, opposés à une CNS, sont entrés en contact avec des dirigeants du sud-ouest, pour les convaincre de la futilité d’une telle conférence. Mais on entend aussi que les groupes Yoruba du sud-ouest font bloc avec les Ijaws du delta du Niger pour ne laisser aucun répit au gouvernement et le forcer à venir à la table de discussion de la CNS.

Des experts constitutionnels sont d’avis qu’une telle conférence a peu de chances, car si elle était acceptée, elle prendrait la place des structures politiques actuelles. Celles-ci ayant été votées par le peuple, une CNS est légalement impossible.

Le Dr Kola Salami, ancien candidat à la présidence du Parti démocratique social, pense qu’une telle conférence ne peut avoir lieu, parce qu’elle pourrait causer la désintégration du pays. Et cela provoquerait des problèmes bien pires pour la population.

Omon Aibangbe, un activiste, s’oppose violemment à cette idée de CNS. Pour lui, elle est légalement inopportune. «Nous avons déjà une Assemblée nationale, dit-il. Ce serait doubler les fonctions. Je ne crois pas que les différents groupes ethniques veulent se séparer de la Fédération nigériane. Ils cherchent plutôt certains arrangements confédéraux».

Il y a peut-être encore de l’espoir pour une République fédérale nigériane restructurée dans ce 21e siècle.


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