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Cameroun
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FEMMES
Généralement absentes des espaces sociopolitiques,
les femmes, depuis l’avènement
du multipartisme,
sont de plus en plus présentes sur la scène camerounaise.
Depuis le 4 février 1984, date de création du ministère de la Condition féminine (MINCOF), le gouvernement mène un certain nombre d’actions spécifiques en vue de l’épanouissement et de la promotion de la femme camerounaise. Désormais, avec l’avènement de nouveaux espaces de liberté et d’expression, les femmes décident de sortir de leur ghetto. «Combattre la pauvreté multiforme chez les femmes doit être une priorité de tous les instants», soutient la coordinatrice du Mouvement des organisations et associations féminines du Cameroun dans son allocution prononcée à l’ouverture de leur conférence semestrielle du 27 avril 2000. Sur le terrain, des actions, menées conjointement avec le ministère de la Condition féminine, sont axées principalement autour du renforcement des capacités gestionnaires des femmes, des stratégies d’information et de formation, du regroupement des femmes autour de projets concrets, de l’intégration de celles-ci dans la politique et dans les circuits modernes de l’économie, de la conscientisation de toutes les forces vives de la nation aux problèmes féminins.
Groupe vulnérable, les femmes vivent souvent dans une situation de grande pauvreté. Absentes des grandes sphères de décision, elles accusent la récession économique qui a gravement affecté le pays entre 1985 et 1995. D’après le PNUD, «La proportion des ménages vivant en deçà du seuil de pauvreté est passée de 20% à 40%; la pauvreté extrême touche 20% des familles» (Cameroun: pour le développement durable, PNUD, 1995). Conscientes, les femmes leaders interpellent leurs congénères en ces termes:
«Connaître et mesurer la pauvreté ne suffit plus, nous devons nous investir à fond dans l’édification au développement, dépasser l’inventaire des errements habituels et proposer une thérapeutique fondamentale durable nécessaire à notre prise en charge».
L'information pour lutter contre la pauvreté
Avec le concours des ONG et des partenaires bilatéraux, les femmes organisent des séminaires et publient régulièrement des dépliants sur des thèmes variés. A la lumière des événements quotidiens, elles mettent l’accent sur des notions comme: la parenté responsable; le mariage en droit camerounais; la femme et le travail salarié; la mère célibataire et son enfant en droit camerounais; la femme dans la réforme foncière du 6 juillet 1974; la femme et les droits civils et politiques.
Côté gouvernemental, le ministère de la Condition féminine anime, en collaboration avec les associations féminines, des émissions radiodiffusées sur les chaînes publiques. “Féminin pluriel” (poste national), “Le droit au féminin” (Yaoundé, FM94), “Femmes et développement” (télévision nationale) reçoivent des subventions publiques de la part des ministères des Affaires sociales et de la Condition féminine. Ces diverses émissions traitent d’entraves réelles àl’épanouissement social, politique et économique de la femme camerounaise. S’appuyant sur la nouvelle Constitution du pays, elles font état de la triple préoccupation de la liberté d’entreprendre de la femme, de l’éthique démocratique et de l’équité.
Des tables rondes, financées par le Canada via son organisme d’appui Micro-projets productifs en faveur des femmes (MPPF), sont régulièrement organisées à travers le territoire national sur des thèmes liés à la “responsabilisation de la femme pour la promotion féminine”, ou “la femme et le crédit bancaire”. Ce dernier thème était d’ailleurs au centre d’un atelier du séminaire des professionnels de la micro-finance tenu à Douala, les 15 et 17 avril derniers, sur le thème “Femme camerounaise et lutte contre la pauvreté”. L’objectif de ce séminaire était de «rassembler les femmes leaders des 10 provinces du Cameroun afin de leur donner les moyens de s’informer des possibilités que peuvent leur offrir les structures actuellement en place».
Insistant sur le volet formation, les femmes du CERAC (Cercle des amies du Cameroun, une ONG récemment déclarée d’utilité publique et présidée par l’épouse du chef de l’Etat) s’activent à travers des réseaux locaux à la mise en place des structures permanentes d‘animation rurale. Leur responsable est chargée d’encadrer et d’entretenir les femmes rurales dans la réalisation de certaines petites tâches génératrices de revenus.
Par ailleurs, 110 responsables villageoises bénéficient de séminaires dans les villes d’arrière-pays, dans les “Maisons de la femme” où on dispense des cours théoriques et pratiques dans les disciplines domestiques ou professionnelles et ayant parfois un volet sanitaire important. Par le biais du MINCOF, les pouvoirs publics contribuent au financement des micro-réalisations féminines à travers le Fonds d’appui aux organisations rurales (FONDAOR). En 1998, 24 œuvres privées de ce type ont été identifiées et ont reçu des subventions publiques pour un montant de 22 millions de FCFA.
Toujours en matière de formation, un important volet a été réalisé dans le cadre du projet “Participation des femmes au développement sanitaire et social”. Des séminaires locaux ont réuni bon nombre de femmes. Une dizaine d’entre elles ont ainsi effectué un voyage d’étude au Ghana au mois de mars 1998 afin d’y apprendre la méthode de fumage de poisson dite “chorkor”.
Groupements de femmes et intégration
Les actions en ce domaine portent sur l’identification des groupes cibles et le suivi de ceux qui paraissent viables. 200 groupes se retrouvent dans ce cas dans les 10 provinces, avec comme activité principale la production vivrière. Divers groupes ont pu bénéficier de l’assistance du MINCOF et du CERAC. Ce dernier s’ingénie notamment à pourvoir les femmes rurales, sur tout le territoire national, en petits matériels agricoles tels que des tronçonneuses, des motopompes, des pousse-pousse, des machines à coudre, des machines à écraser le tapioca, des engrais et autres produits chimiques, et des instruments aratoires.
L’intégration de la femme aux circuits modernes de l’économie a porté sur deux plans: les études et l’assistance. Ainsi, le MINCOF, en collaboration avec le bureau du PNUD, a entrepris une étude sur la femme et le circuit bancaire afin d’identifier les goulots d’étranglement qui freinent l’accès de la femme au crédit bancaire. Deux autres études concernent le développement de la petite entreprise et le secteur informel. Côté assistance, une aide a été octroyée à un groupe de femmes d’affaires, réunies au sein du Groupement des femmes d’affaires du Cameroun (GFAC), pour les aider à se structurer et à préparer le Forum national des femmes, prévu l’été prochain.
Conscientisation aux problèmes féminins
Une action de conscientisation aux problèmes de la femme camerounaise est en cours à travers le territoire et dans tous les départements ministériels. «Cette démarche, indique-t-on au MINCOF, vise la prise en compte de la composante femme dans les actions de développement et de démocratisation». Au nom du droit universel au développement, des projets sont lancés selon les recommandations de la Conférence internationale sur la population et le développement, et la déclaration de Vienne, constamment évoqués par les femmes. Ces projets portent sur les points suivants: le programme “activités féminines”, l’étude sur “la femme seule”, le projet de «promotion de précoopératives féminines de production communautaires des produits vivriers”, le programme «animation rurale”, le projet “indicateurs socio-économiques de l’intégration de la femme au développement”, le projet “centre de documentation sur la femme”. Tous ces projets bénéficient de l’assistance financière des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux très sensibles à la paupérisation de la femme camerounaise.
Pour l’heure, les femmes déplorent encore certaines pesanteurs, notamment l’analphabétisme. Mais, si la pauvreté persiste, un rapport de l’Observatoire camerounais des droits de l’homme, publié en mars 2000, indique cependant «une nette tendance favorable à la continuité (…), voire à l’intensification des actions entreprises par les femmes en faveur de leur développement». Des actions opportunes et sans doute salvatrices, qui trouvent leur concrétisation dans la solidarité des hommes dont les femmes souhaitent la présence à leurs côtés dans leur quête du bien-être.
Sylvestre Tetchiada, Cameroun, mai 2000 — © Reproduction autorisée en citant la source |
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