ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 396 - 15/09/2000

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Zambie
A la recherche d’un candidat à la présidence

ELECTIONS

L’année 2001 marquera un grand tournant dans l’histoire de la Zambie.
Les Zambiens iront aux urnes pour élire leur troisième président

Alors que les grands partis de l’opposition ont déjà choisi leurs candidats, le Mouvement pour une démocratie multipartite (MMD - au pouvoir), n’a pas encore fait connaître à la nation le nom de son candidat.

Le président Frederick Chiluba, qui est aussi le président du MMD, a pourtant déclaré catégoriquement qu’il allait désigner son successeur pour la présidence du parti. Mais jusqu’ici, il refuse de révéler le nom de ce successeur, sous prétexte qu’il en discutera avec ceux de son parti qui sont compétents, lors de la convention nationale du MMD qui pourrait avoir lieu avant la fin de l’année ou au début de l’année prochaine. Non seulement Chiluba garde minutieusement le secret de la date de la convention, il a aussi interdit aux aspirants à la présidence de son parti de faire campagne avant cette convention, sous prétexte que la campagne pourrait inciter ceux qui s’y adonnent à négliger leurs fonctions ministérielles. En tous cas, il est inutile que les aspirants-candidats commencent leur campagne avant la convention, puisque à l’intérieur du MMD, on ne peut être candidat à la présidence du pays sans avoir été élu président du parti.

Cette interdiction, allant de pair avec le secret de la date de la convention et la question de son successeur, n’a fait qu’aviver les suppositions qu’en fait Chiluba veut se présenter pour un troisième mandat. Ce qui irait contre les règlements de son parti et contre la Constitution de la Zambie. Pourtant, Chiluba répète qu’il ne veut pas un troisième mandat et que l’année prochaine, quand son mandat sera terminé, il se retirera de la politique active, pour s’occuper uniquement de son Institut Frederick J.T. Chiluba pour les études des relations démocratiques et industrielles. La construction de cet institut a déjà commencé à Lusaka et devrait être achevée en juin 2001.

Parmi les trente partis de l’opposition, il n’y en a qu’une poignée qui ont assez de membres valant la peine d’être mentionnés comme candidats capables d’entrer avec quelques chances dans la course à la présidence. Ce sont des personnages tels que Anderson Mazoka du Parti unifié pour le développement national (UPND); Dean Mung’omba de l’Alliance zambienne pour le progrès (ZAP); Francis Nkhoma du Parti de l’union nationale pour l’indépendance (UNIP); le Dr Nevers Mumba de la Coalition nationale des citoyens (NCC); et Benjamin Mwila, ancien trésorier du MMD et ministre de l’Environnement dans le cabinet de Chiluba.

Benjamin Mwila

Benjamin Mwila a été expulsé récemment du MMD parce qu’il avait déclaré qu’il voulait se présenter pour la présidence. La plupart des analystes politiques pensent que Mwila, qui entre-temps a formé son propre parti, ne peut arriver à grand-chose en dehors du MMD. En fait, lorsque Mwila et six autres parlementaires furent expulsés du parti, il n’y eut aucune démonstration dans le pays ni des protestations de la part des membres du MMD. Mwila avait pourtant prédit une importante scission dans le MMD s’il était expulsé, mais rien ne se produisit. Malgré cela, Mwila prétend qu’au moins 40% des parlementaires et des ministres du MMD se joindront à lui.

Nevers Mumba

Nevers Mumba, président du NCC et autre aspirant à la présidence. Il y a quelques années, «télévangéliste» à son apogée, il fut interviewé à la TV par Frank Mutubila dans une des émissions de son programme «Parlons franchement». A la question s’il avait l’intention de se présenter pour la présidence, il répondit, et toute la nation l’a entendu, qu’il se contentait d’être pasteur et que sauver des âmes était la plus belle des vocations. Devenir président ne serait que «rétrograder»! Quand Mumba forma son propre parti politique et déclara qu’il voulait devenir président, la plupart des Zambiens eurent du mal à comprendre, surtout ses disciples spirituels. En tant que leader spirituel, le Dr Mumba s’était imposé dans le pays et était respecté. Mais devenu un leader politique, il n’a pas réussi à acquérir l’appui et le respect qu’on lui témoignait dans le domaine spirituel en tant que premier «télévangéliste» de la Zambie.

Francis Nkhoma

Francis Nkhoma, de l’UNIP, a ses propres problèmes. Il est nouveau au gouvernail de l’UNIP. Il est arrivé au pouvoir en mai cette année, lors du quatrième congrès extraordinaire du parti, prenant la place de l’ex-président de la Zambie, le Dr Kenneth Kaunda, qui s’était enfin retiré de la politique active. Toutefois, le parti de Nkhoma est divisé concernant sa direction, et certains membres poussent à sa démission. Certains médias l’accusent d’être “un opportuniste effronté”. Ils lui reprochent d’avoir quitté l’UNIP en 1991 pour rejoindre le MMD, la nouvelle force politique, et puis d’être revenu à l’UNIP. Certains membres de son parti vont même jusqu’à l’accuser d’être le laquais et sympathisant du MMD.

Tilyenji Kaunda

Tilyenji Kaunda. Il se pourrait fort bien que Nkhoma soit forcé de quitter la direction du parti pour laisser la place à Tilyenji Kaunda, le fils de l’ex-président, qui s’empara du poste de secrétaire général du parti au congrès de mai. Tilyenji a déjà déclaré qu’il serait prêt à se présenter pour la présidence de la République et a beaucoup de partisans, surtout parmi ceux qui avaient soutenu son père. Si on considère la vénération qu’avaient les cadres de l’UNIP pour l’ex-président et pour sa famille, Nkhoma pourrait bien se perdre dans la jungle politique, avec Tilyenji comme candidat de l’UNIP pour la présidence. Mais Nkhoma, 63 ans, ne semble pas très enclin à céder sa place à Tilyenji, 46 ans, dont l’apparition sur la scène politique est considérée comme une tentative de perpétuer la dynastie Kaunda. «Dans un pays démocratisé comme la Zambie, dit Nkhoma, les gens devraient aller et venir. Même de grands politiciens comme Winston Churchill, John F. Kennedy et Nkwame Nkrumah, furent remplacés par d’autres dirigeants tout aussi capables. Cette fois-ci c’est mon tour, et je n’abandonnerai pas la fonction qui m’a été confiée par ceux qui voulaient un changement après plus de quatre décennies d’immuabilité».

Dean Mung’omba

Dean Mung’omba. Lui aussi a été accusé à plusieurs reprises d’opportunisme par ses détracteurs et les médias. Tout comme Mwila, il a été un inébranlable supporter du MMD et de sa politique en tant que ministre. Mais il a été viré de son poste et exclu du parti. Il forma alors le Congrès démocratique de Zambie (ZADECO) et se présenta aux présidentielles de 1996. Mais le président Chiluba lui fit subir une défaite humiliante. Plus tard, il fut arrêté et incarcéré, accusé d’avoir pris part à la tentative de coup d’Etat militaire en 1997. Dès sa sortie de prison, il continua sa carrière politique et son parti fusionna avec d’autres petits partis pour former l’Alliance de la Zambie pour le progrès (ZAP). Il a été choisi comme président du parti et il veut se présenter aux élections présidentielles de 2001. Mais le fait que son parti n’ait obtenu jusqu’ici aucun siège parlementaire, ne fait pas prévoir de grandes performances dans la course à la présidence.

Anderson Mazoka

Anderson Mazoka. L’analyse des tendances dans le camp de l’opposition indique qu’Anderson Mazoka de l’UPND pourrait rendre la vie difficile au candidat du MMD, quel qu’il soit. De fait, la course à la présidence semble se concentrer sur Mazoka et le candidat du MMD, vu les succès ahurissants que son parti, créé il y a moins d’un an, a remporté aux élections parlementaires partielles. Mazoka s’est servi de ce qu’une certaine presse a appelé «des tactiques de guérilla». Il parle rarement à la presse et se montre rarement en public. Habituellement, il mène des campagnes “clandestines” dans les régions rurales et ne refait surface qu’après la victoire. Les références de Mazoka sont exceptionnelles. Avant de s’engager dans la politique, il a été président de la Société anglo-américaine pour l’Afrique centrale et orientale. Dans sa campagne, il affirme que la Zambie à besoin d’un manager économique comme président, quelqu’un capable de changer le destin économique du pays.

L’Eglise

Toutefois, le changement économique n’est pas le seul thème clef de la campagne présidentielle. Un autre facteur crucial est l’attitude qu’aura le futur président à l’égard de la foi chrétienne. Depuis que le président Chiluba a déclaré en décembre 1991 que la Zambie est une nation chrétienne, l’influence de l’Eglise n’a fait que grandir. La plupart des Zambiens voudraient donc savoir ce que le futur président pense de cette déclaration et du rôle de l’Eglise.

Tous les candidats à la présidence sont conscients du rôle de l’Eglise, et tous ont, du moins publiquement, essayé de se présenter comme de bons chrétiens, défenseurs des valeurs de la religion chrétienne. Mazoka aussi s’est évertué à se montrer un bon chrétien adventiste et a réfuté les allégations disant qu’il est encore membre de la franc-maçonnerie. Il prétend qu’il a quitté les maçons, que les Zambiens considèrent comme une institution satanique. Ses arguments n’ont pas l’air de convaincre les sceptiques, mais d’un autre côté ces allégations ne semblent pas diminuer sa popularité.

La grande question est donc: qui sera le prochain président? Mazoka ou l’homme que le président Chiluba désignera comme son successeur?

Cheela Chilala, Zambie, août 2000 — © Reproduction autorisée en citant la source

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