ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 396 - 15/09/2000

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS

 Kenya
La santé à l’hôpital

SANTE

A l’indépendance du Kenya en 1963, un des objectifs du pays,
conformément aux visées de l’Organisation mondiale de la santé, était «la santé pour tous». Aujourd’hui, en 2000, nous sommes loin de l’avoir atteint

Plusieurs problèmes ont contribué à cette situation. Le plus gros est de trouver les fonds nécessaires pour les soins de santé. Selon une étude publiée par l’Institut d’analyse politique et de recherche (IPAR), les dépenses du ministère de la Santé ne se sont accrues que graduellement, et «70% de ce budget sont destinés à payer les émoluments du personnel, ne laissant que 30% pour l’achat de fournitures médicales».

La participation aux frais

Au début des années 1990, la pénurie des fonds n’a fait qu’empirer avec l’application du Programme d’ajustement structurel (PAS). On a introduit alors la participation aux frais par le patient, contribution pour son traitement médical, connue sous le nom de Facility Improvement Fund (FIF). Ces fonds aident à fournir les moyens nécessaires aux centres sanitaires locaux. Ces contributions ont eu des effets positifs. Les centres de santé ont pu ainsi acheter directement les articles nécessaires et garantir l’approvisionnement régulier des médicaments essentiels. Ils ont aussi beaucoup aidé la gestion des différentes institutions de soins.

Mais cette participation aux frais a frappé durement les pauvres et exclut pas mal de gens qui ne sont pas à même de payer ces contributions. Et puis, il y a les abus de la part des responsables.

Les patients, ou ceux qui devraient l’être, sont les premiers à se plaindre. John Oduo, un menuisier, remarque: «Depuis l’introduction de la contribution aux frais, obtenir les médicaments appropriés est devenu un vrai problème. Au Kenya de nos jours, sans argent vous pouvez facilement mourir d’une maladie curable». Prenons le cas de cette femme, avec des problèmes d’utérus nécessitant l’ablation de cet organe; elle ne s’est pas présentée pour l’opération, disant: «il nous est complètement impossible de payer cette contribution».

Un autre triste cas est celui d’Ibrahim Nyambila, 45 ans, qui mourut parce qu’il ne fut pas admis à l’hôpital Ste Marie à Mumias (province occidentale), ses frères n’ayant pas l’argent nécessaire pour son hospitalisation. Cependant, les responsables de l’hôpital ont déclaré qu’ils ont fait tout ce qui était possible pour ce patient, transféré chez eux d’une autre clinique. Selon eux, même sans aucune contribution les patients y sont toujours soignés.

Personnel et médicaments

En plus du problème de la contribution aux frais, les centres de santé sont trop peu nombreux et trop distants. Dans le secteur gouvernemental, chaque division devrait avoir au moins un centre de santé et un dispensaire. Un district doit au moins avoir un hôpital de district et de sous-district. Ces hôpitaux manquent généralement de personnel. Ainsi, un hôpital de district, devant desservir une population d’environ 100.000 personnes dans un rayon de 100 km, n’a parfois que quatre ou cinq docteurs qualifiés, dont deux doivent aussi assurer l’administration. Dans les salles, une infirmière est en charge de 30 à 50 patients.

Beaucoup de gens ont recours à des pratiques hasardeuses, en se soignant eux-mêmes avec des médicaments obtenus sans ordonnance. En effet, on rencontre aujourd’hui des «pharmaciens ambulants», c’est-à-dire des colporteurs, et même des mini-bus pleins de médicaments. Pour une population de 28,6 millions, le Kenya n’a que 1.300 pharmaciens gradués et 1.800 autres diplômés. Cela explique l’existence de tous ces charlatans, les dangers inhérents à leurs “prescriptions” médicales, leurs diagnostiques erronés et leurs prescriptions de médicaments inadéquats.

J’ai failli moi-même devenir la victime de ces pratiques illégales. Un mini-bus plein de boîtes de vermifuges s’approcha de moi et le conducteur s’efforça de m’en faire acheter quelques-unes. Chaque boîte contenait quatre comprimés et le conducteur affirmait que la dose pour un adulte était de quatre comprimés en une fois. Pourtant, il était inscrit bien clairement sur la boîte, qu’il ne fallait pas prendre plus de trois comprimés à chaque occasion.

Quelle triste situation pour les services de santé au Kenya!

Isaac Nyangeri, Kenya, août 2000 — © Reproduction autorisée en citant la source

 

SOMMAIRE FRANCAIS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS

PeaceLink 2000 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement