ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 397 - 01/10/2000

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Kenya
Quelle sécurité pour les fermiers bl
ancs?

TERRES

Ces derniers mois, des occupations de terres ont causé pas mal d’inquiétudes

Pendant des années, de hautes personnalités du gouvernement, notamment MM. Shariff Nassir, Ole Ntimana et Polisi Lotodo, ont exigé à grands cris que diverses tribus kényanes quittent leurs terres ancestrales à Mombasa, au Masailand et à West Pokot, propriétés de ces personnalités. Au cours des années ‘90, il y eut beaucoup de violences dans ces endroits, beaucoup de sang répandu et des milliers de gens obligés de fuir. La police faisait semblant de ne pas voir ce qui se passait, mais les dirigeants des Eglises ont attiré l’attention du monde entier sur la nature organisée des meurtres.

Après les massacres de 1997 à Mombasa, qui ont mené au bord de la faillet une industrie touristique florissante, beaucoup de défenseurs de ces expulsions politiquement inspirées ont tout à coup baissé le ton. Mais ce n’a pas été le cas de Shariff Nassir, ministre au Bureau du président, qui a continué à préconiser l’impunité pour ces expulsions.

Au début d’avril, éclata comme une bombe la démarche d’un parlementaire du petit parti Safina, M. Steven Ndicho, qui proclamait que les fermiers colons blancs étaient «les successeurs des colonisateurs britanniques; qu’il était temps de reprendre ce que les colonisateurs avaient pris et de le restituer à la population noire sans terres». La communauté de colons blancs, disait-il, et les compagnies internationales possèdent des milliers et des milliers d’hectares de terre excellente; et, en même temps, depuis l’indépendance, le problème de la pauvreté et des squatters a pris des proportions énormes.

L’affaire Criticos

Au début mai, nouvelle bombe. Basil Criticos, Kényan d’origine grecque, est le seul membre blanc du Parlement et vice-ministre du gouvernement. Il est aussi grand horticulteur et producteur de sisal. Il a convoqué une conférence de presse pour annoncer que des centaines de gens avaient envahi ses terres, comme on le fait au Zimbabwe. Il critiquait Ndicho et Nassir qui auraient incité les gens à s’empare de ses terres. Le gouvernement fut assez embarrassé quand la BBC, Voice of America et d’autres agences ont donné de la voix à cet événément.

Richard Leakey, secrétaire du gouvernement, agit rapidement pour dissiper l’inquiétude se répandant dans la communauté blanche et parmi les éventuels investisseurs internationaux, à un moment où l’économie kényane était pratiquement stagnante. Le président Moi aussi a agi rapidement pour dissiper les craintes et, en diverses occasions, il a critiqué les déclarations de Ndicho. Leakey accusa Criticos de malhonnêteté, soulignant que ses terres avaient été l’objet de procès devant les tribunaux kényans bien avant l’agitation au Zimbabwe. D’autres accusèrent Criticos d’avoir importé les squatters de l’extérieur pour qu’ils votent pour lui aux élections de 1997. Il était ensuite revenu sur sa promesse de leur donner une petite partie des terres qu’il avait héritées de son père, George, installé au Kenya plusieurs dizaines d’années. Dans les jours qui suivirent, le président Moi écarta Criticos de son poste ministériel. Mais Criticos prétend qu’il a été saqué parce qu’il a traité Leakey de “fieffé menteur”!

Criticos soutient maintenant que plusieurs colons grecs ont peur que leurs fermes soient visées. Depuis qu’il a été saqué, des centaines de squatters ont envahi ses terres; mais Leakey a pris des mesures sévères pour mettre fin à cette situation et pour assurer la protection de la propriété privée. Leakey a mis en garde: «Désormais, tout politicien qui incitera à saisir des domaines privés sera poursuivi.»

Divers politiciens contestent cette menace d’action dure. M. John Sambu, membre du Parlement de Rift Valley, a demandé que 130.000 hectares de terres «volées par les Britanniques durant la période coloniale soient rendus au peuple Nandi». Mohammed Khalifa, homme politique musulman, conseille au gouvernement de réviser les lois agraires avant de menacer les sans-terre. Un autre dirigeant, Shiekh Namoya, a engagé les chefs kényans à “mener des sans-terre dans une bataille contre les propriétaires terriens”.

Dans le nord aride, les conflits entre fermiers blancs et communautés pastorales au sujet de l’utilisation des terres, sont habituels, surtout pendant les périodes de sécheresse. Mais maintenant, on craint que les menaces d’expulsion aggravent ces conflits. Et beaucoup de fermiers blancs sont inquiets.

Joe M’Bandakahai, Kenya, août 2000 — ©Reproduction autorisée en citant la source

 

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