ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 397 - 01/10/2000

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Sierra Leone
La guerre contre les “diamants du sang”

VIOLENCE

La communauté internationale, ainsi que le gouvernement, veulent serrer la vis
au trafic illégal des diamants, source principale des revenus des rebelles en Sierra Leone

C’est en 1930 que des diamants furent découverts en Sierra Leone, et dès 1934 commença l’extraction minière des dépôts alluvionnaires. Depuis lors, le trafic des diamants est devenu un problème persistant pour les gouvernements successifs. Depuis les années 1990, la guerre civile a créé un climat favorisant la vente illégale des diamants. Les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF), sous la conduite du caporal retraité Foday Sankoh, se sont lancés dans cette activité, dès qu’ils se sont emparés des régions riches en diamants, surtout celles du sud-est et de l’est. Ces régions touchent la Guinée et le Liberia, ce qui facilite aux rebelles la tâche de vendre les diamants en dehors du pays.

Récemment, et à plusieurs reprises, la Grande-Bretagne a accusé le président libérien, Charles Taylor, de protéger la vente de diamants de contrebande, (la communauté internationale les a appelés “diamants noirs”). Mais les gouvernements successifs sierra-léonais ont aussi montré du doigt feu le président Houphouët-Boigny de la Côte d’Ivoire, Blaise Compaore, président du Burkina Faso, et le colonel Kadhafi de Libye. Ils les ont accusés d’échanger ces “diamants noirs” contre des armes et des munitions. Mais il semblerait aussi que le RUF vende ses diamants, à Kenena dans l’est et à Bo dans le sud, à des hommes d’affaires sierra-léonais qui, à leur tour, les revendent à des commerçants libanais.

Certificats d’origine

Cette guerre contre les rebelles, qui dure depuis plus de dix ans, est caractérisée par une extrême brutalité, surtout du côté des rebelles. Cela a poussé la communauté internationale à mettre un terme à l’achat des diamants provenant de la Sierra Leone, sauf pour ceux qui sont accompagnés d’un certificat d’origine donné par le gouvernement.

Lawrence Hindolo Myers est expert au bureau gouvernemental de l’or et des mines (GGDO). En août de cette année, il faisait partie des délégués envoyés par son gouvernement pour rencontrer les parties intéressées de l’Europe et des Etats-Unis. Il dit que son groupe a eu des discussions avec le gouvernement belge et le Haut Conseil du diamant (DHC). «Nous avons reçu des promesses encourageantes», dit-il, persuadé que le DHC collaborerait désormais pour mettre fin à la vente par le RUF des “diamants du sang”. Le DHC a aussi promis de donner au GGDO l’équipement nécessaire pour faciliter les communications entre les diverses autorités de contrôle des diamants.

Ils ont aussi visité d’autres centres diamantaires en Israël (une grande partie des diamants de la Sierra Leone atterrirait dans ce pays), mais aussi les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Des accords ont été conclus en Grande-Bretagne pour imprimer les certificats d’origine à la compagnie Thomas De La Rue. Le ministre des Ressources minérales garantit aux intéressés que ces certificats, une fois imprimés, seront gardés dans les coffres de la Banque centrale. Sa signature et celle du gouverneur de la Banque centrale doivent apparaître sur chaque certificat, assurant ainsi la légitimité du document en question.

L’émission des certificats rendra plus difficile au RUF le trafic illégal de ses diamants. En plus, la communauté internationale insiste pour que le gouvernement établisse un centre diamantaire où les acheteurs pourraient déposer en toute sécurité leur argent ainsi que les diamants.

Mais il est capital que la stabilité soit restaurée, afin que la Sierra Leone puisse certifier que les revenus venant de la vente des diamants iront dans les coffres du gouvernement. On évalue à $120 millions la valeur des diamants qui chaque année passent par la contrebande et on estime que le gouvernement ne profite que de 20% du nombre total de diamants extraits. L’efficacité de n’importe quel contrôle de diamants dépendra de la coopération des hommes d’affaires concernés et des citoyens en général.

Alpha R. Jalloh, Sierra Leone, septembre 2000 — © Reproduction autorisée en citant la source

 

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