VIOLENCE
La communauté internationale, ainsi que le gouvernement, veulent serrer
la vis
au trafic illégal des diamants, source principale des revenus des
rebelles en Sierra Leone
C’est en 1930 que des diamants furent découverts en Sierra Leone, et dès
1934 commença l’extraction minière des dépôts alluvionnaires. Depuis lors,
le trafic des diamants est devenu un problème persistant pour les gouvernements
successifs. Depuis les années 1990, la guerre civile a créé un climat favorisant
la vente illégale des diamants. Les rebelles du Front révolutionnaire uni
(RUF), sous la conduite du caporal retraité Foday Sankoh, se sont lancés
dans cette activité, dès qu’ils se sont emparés des régions riches en diamants,
surtout celles du sud-est et de l’est. Ces régions touchent la Guinée et
le Liberia, ce qui facilite aux rebelles la tâche de vendre les diamants
en dehors du pays.
Récemment, et à plusieurs reprises, la Grande-Bretagne a accusé le président
libérien, Charles Taylor, de protéger la vente de diamants de contrebande,
(la communauté internationale les a appelés “diamants noirs”). Mais les
gouvernements successifs sierra-léonais ont aussi montré du doigt feu le
président Houphouët-Boigny de la Côte d’Ivoire, Blaise Compaore, président
du Burkina Faso, et le colonel Kadhafi de Libye. Ils les ont accusés d’échanger
ces “diamants noirs” contre des armes et des munitions. Mais il semblerait
aussi que le RUF vende ses diamants, à Kenena dans l’est et à Bo dans le
sud, à des hommes d’affaires sierra-léonais qui, à leur tour, les revendent
à des commerçants libanais.
Certificats d’origine
Cette guerre contre les rebelles, qui dure depuis plus de dix ans, est
caractérisée par une extrême brutalité, surtout du côté des rebelles. Cela
a poussé la communauté internationale à mettre un terme à l’achat des diamants
provenant de la Sierra Leone, sauf pour ceux qui sont accompagnés d’un
certificat d’origine donné par le gouvernement.
Lawrence Hindolo Myers est expert au bureau gouvernemental de l’or et des
mines (GGDO). En août de cette année, il faisait partie des délégués envoyés
par son gouvernement pour rencontrer les parties intéressées de l’Europe
et des Etats-Unis. Il dit que son groupe a eu des discussions avec le gouvernement
belge et le Haut Conseil du diamant (DHC). «Nous avons reçu des promesses
encourageantes», dit-il, persuadé que le DHC collaborerait désormais pour
mettre fin à la vente par le RUF des “diamants du sang”. Le DHC a aussi
promis de donner au GGDO l’équipement nécessaire pour faciliter les communications
entre les diverses autorités de contrôle des diamants.
Ils ont aussi visité d’autres centres diamantaires en Israël (une grande
partie des diamants de la Sierra Leone atterrirait dans ce pays), mais
aussi les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Des accords ont été conclus
en Grande-Bretagne pour imprimer les certificats d’origine à la compagnie
Thomas De La Rue. Le ministre des Ressources minérales garantit aux intéressés
que ces certificats, une fois imprimés, seront gardés dans les coffres
de la Banque centrale. Sa signature et celle du gouverneur de la Banque
centrale doivent apparaître sur chaque certificat, assurant ainsi la légitimité
du document en question.
L’émission des certificats rendra plus difficile au RUF le trafic illégal
de ses diamants. En plus, la communauté internationale insiste pour que
le gouvernement établisse un centre diamantaire où les acheteurs pourraient
déposer en toute sécurité leur argent ainsi que les diamants.
Mais il est capital que la stabilité soit restaurée, afin que la Sierra
Leone puisse certifier que les revenus venant de la vente des diamants
iront dans les coffres du gouvernement. On évalue à $120 millions la valeur
des diamants qui chaque année passent par la contrebande et on estime que
le gouvernement ne profite que de 20% du nombre total de diamants extraits.
L’efficacité de n’importe quel contrôle de diamants dépendra de la coopération
des hommes d’affaires concernés et des citoyens en général.
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Alpha R. Jalloh, Sierra Leone, septembre 2000 — © Reproduction autorisée
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