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Guinée équatoriale |
ECONOMIE
La Guinée équatoriale pourrait devenir bientôt le troisième plus grand
producteur de pétrole de l’Afrique. Où en seront les droits de l’homme?
Les droits de l’homme interfèrent avec l’activité économique qui renaît en Guinée équatoriale, notamment dans la grande baie de Luba, à 52 kilomètres de Malabo, où se construit un grand port qui bénéficiera d’un statut de zone franche et une vaste plate-forme pétrolière, confiés à la société Incat Petroleum Services (IPS). Selon des sources recoupées, la production pétrolière pourrait atteindre plus de 300.000 barils/jour en 2002 et ferait alors de la Guinée équatoriale un nouvel Eldorado et le 3e plus grand producteur de pétrole africain après le Nigeria et l’Angola. Où en seront les droits de l’homme?
Le gouvernement équato-guinéen voudrait répondre aux exigences des organismes internationaux, notamment en matière des droits de l’homme et essaye de présenter une bonne image en améliorant sa justice tout en menant les réformes économiques du pays. Mais, malgré le vent de démocratie, le processus sera encore long, car le pays a connu plusieurs systèmes politiques, tous réfléchissant le parti unique. Le développement économique va bouleverser non seulement les habitudes de la population mais induire aussi les changements sociaux… qui tardent à venir.
Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, sur l’île Bioko, sera dans les prochaines années la ville pétrolière la plus riche d’Afrique centrale. Les grandes compagnies ont déjà occupé de vastes territoires pour la recherche pétrolière; d’autres pourraient s’installer prochainement, selon le ministère des Mines et de l’Energie. Parmi les compagnies pétrolières en place, Mobil arrive en tête, suivie de Triton Energy qui exploite un important gisement situé au large de la partie continentale de Malabo et dont les réserves sont estimées à 500 millions de barils. Les sociétés Chevron, Vanco Energy, Total-Fina-Elf et Petronas sont également présentes à Malabo.
La Guinée équatoriale, ancienne colonie espagnole de 450.000 habitants, atteindrait au cours des prochaines années un Produit intérieur brut exceptionnel grâce à son pétrole, et même le plus élevé d’Afrique, si de nouveaux puits de pétrole étaient découverts. Parallèlement, la cherté de la vie se fait sentir malgré un revenu par tête d’habitant compris entre 1.080 et 1.350 dollars. La liberté d’expression, la justice, la santé et l’éducation n’ont pas encore pris le train des changements opérés par la découverte du pétrole. Depuis, le gouvernement privilégie les investissements lourds (construction des routes, des édifices publics, de la raffinerie etc.) grâce aux revenus pétroliers. Mais toute la population équato-guinéenne ne bénéficie pas encore, sur les plans social et économique, de la manne pétrolière.
Un pays en plein chantier
La société Incat a obtenu une licence pour la construction et l’exploitation du futur port commercial de Luba pour une durée de 25 ans. Elle y construit actuellement une nouvelle jetée vers la mer et débarrasse l’ancien port de ses épaves, des carcasses de navires soviétiques etc. Elle a autofinancé la première tranche de travaux à hauteur de $22 millions. Elle a également obtenu un important contrat pour la construction de 60 villas à Luba, à proximité de l’ancienne ville, célèbre pour ses anciens comptoirs et épiceries. Le chantier qui s’étend sur une trentaine d’hectares, devrait attirer les industriels et opérateurs économiques étrangers des différents secteurs d’activités.
Selon le ministère des Mines et de l’Energie, les différents opérateurs utiliseront la base logistique de Luba pour animer leurs activités dans le golfe de Guinée. Le directeur des opérations de la société Baker Hughes, qui fournit les compagnies pétrolières en matériels et technologies de forage, Adam R. Wiltshire, a déclaré que «le port de Malabo, devenu trop exigu, limite non seulement les activités des sociétés, dont celles du secteur pétrolier, mais également les manœuvres des bateaux qui importent les marchandises en provenance de l’étranger».
Incat, fortement présent dans le secteur des Travaux publics, a aussi remporté récemment le marché de la construction des principales artères de Malabo, dont l’axe à quatre voies de 7,5 kilomètres reliant l’aéroport au centre ville, ainsi que la réfection de la liaison Malabo-Luba, de 52 kilomètres. D’autre part, la construction de la raffinerie de Malabo par Incat, à 2 kilomètres de l’aéroport, a créé plusieurs centaines d’emplois pour les Equato-Guinéens.
Baisse de la production de cacao
«Malgré l’abandon des plantations de cacaoyers sur presque toute l’étendue de l’axe Malabo-Luba, les espoirs sont permis pour relancer cette activité. L’Etat s’est engagé à fournir gratuitement les insecticides aux cultivateurs pour traiter les plantations et relancer ainsi la production de cacao qui a énormément baissé», souligne Zurano Owono, agent au ministère de l’Agriculture, en mission d’observation sur le terrain. Les rares plantations de cacao sont localisées dans la partie continentale du pays, surtout dans la région de Mikomeseng-Ebebiyin. Selon la Chambre de commerce de Malabo, les 50.000 hectares de plantations répartis sur l’île Bioko ont rapporté, en 1999, quelques centaines de millions de fcfa seulement, comparativement aux 3,5 milliards de fcfa rapportés en 1980. La main-d’œuvre des plantations venait principalement du Cameroun, du Liberia et du Nigeria. «Le pays n’a plus retrouvé le haut niveau de production atteint avant l’indépendance. En 1999, la production a été évaluée à moins de 5.000 tonnes», indique un haut fonctionnaire du ministère de l’Agriculture. «A cause de la chute des prix, certains planteurs ont choisi de vendre leur production (frauduleusement) au Cameroun et au Gabon ou encore ont préféré abandonner les champs pour chercher un emploi dans le secteur pétrolier, plus rémunérateur».
Le secteur du cacao regroupe la plus forte proportion de la main-d’œuvre du pays. Le climat humide et l’absence d’entretien des plantations ont causé la baisse de la production et l’Etat encourage les Equato-Guinéens à revenir vers l’agriculture. Dans les années 1980, l’économie de la Guinée équatoriale dépendait uniquement du cacao et du café. Avec la crise mondiale et la chute des cours internationaux, la forte baisse de production de ces deux principales matières a plongé le pays dans un endettement dont il ne s’est pas encore totalement sorti.
Malgré l’exploitation récente du pétrole, le pays est encore endetté et, spéculation aidant, Malabo se positionne parmi les villes les plus chères de la sous-région. Rappelons qu’en 1987, la dette de la Guinée équatoriale avait atteint 169 millions de dollars représentant 230% de son PNB. Le pays est toujours ravitaillé pour la majorité de ses besoins depuis l’Europe et d’autres pays d’Afrique, notamment le Cameroun, le Nigeria et le Liberia. Pour l’instant, le gouvernement n’a pas réalisé son redressement et le pays reste encore dépendant des importations, ne transformant rien sur place.
Droits de l’homme
Il y a quelques mois, le nouveau rapporteur des droits de l’homme, Gustavo Galion Giraldo, a conduit en Guinée équatoriale une délégation des Nations unies, qui a été reçue par le Premier ministre Angel Serafin Seriche Dougan. Le précédent rapporteur avait été considéré par les autorités de Malabo, en novembre 1999, comme “persona non grata” pour sa «prise de position négative» dans les affaires intérieures du pays. M. Galion a indiqué maintenant que «le gouvernement équato-guinéen avait exprimé sa volonté d’appliquer les recommandations de l’Onu pour permettre à la délégation de présenter un rapport objectif concernant l’amélioration des droits de l’homme en Guinée équatoriale».
Récemment, le Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE, ancien parti unique au pouvoir) a remporté les élections locales en l’absence des principaux partis de l’opposition, s’attribuant la majorité des sièges (30) devant les autres partis (4).
La campagne électorale s’était déroulée à travers le pays du 13 au 28 mai. Il y avait 12 partis en course, mais la plupart de ceux-ci ont disparu de la bataille électorale. Les partis de l’opposition n’avaient pas entamé de véritable campagne. Ils souhaitaient que soient réactualisées les listes électorales utilisées lors des élections précédentes, mais en vain.
La campagne électorale s’est finalement déroulée dans l’indifférence des Equato-Guinéens, sans la participation des trois partis de l’opposition radicale, qui ont boycotté le scrutin qu’ils ont qualifié de “farce électorale”.
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