ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 398 - 15/10/2000

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MALAWI
Les pauvres du Malawi


VIE SOCIALE


Les défis du futur

Les pauvres vont devoir s’armer de courage dans la perspective d’une nouvelle période difficile sous l’autorité du Front démocratique uni (UDF). Tant que les programmes d’ajustement structurel (PAS) de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) resteront en vigueur, les Malawiens devront se serrer la ceinture. Mais les pauvres devront la serrer un cran de plus!

Le 11 décembre 1998, au cours de la 9ème rencontre du Groupe consultatif (GC) tenue à Lilongwe, Mme Barbara Kafka, directrice de la BM pour l’Angola, le Malawi et le Zimbabwe, avait esquissé des prospectives à discuter lors de la prochaine rencontre du GC. Les objectifs à atteindre: croissance de l’économie, hausse du niveau de vie de tous les Malawiens et amélioration de leur situation sociale épouvantable. Deux ans plus tard, ces prospectives sont démenties par la réalité: la crise sévit dans tous les secteurs.

Le 15 mai 2000, au cours de la 10ème rencontre consultative du GC, Mme Kafka reconnaissait: «Le niveau moyen de vie des Malawiens ne s’améliore pas: plus d’un cinquième des enfants meurent avant l’âge de cinq ans, moins de la moitié de la population a accès à l’eau potable. C’est totalement inacceptable. Nous devons trouver un moyen de rendre nos programmes plus efficaces.»” Dans son discours, lors de cette même rencontre, le président Muluzi a déclaré: «L’éradication de la pauvreté est le premier objectif de la politique économique de mon gouvernement. Nos priorités restent pratiquement les mêmes que celles que nous avons définies en 1994, c.à.d. améliorer l’économie et assurer que les bénéfices d’une économie en croissance soient partagés et distribués aux secteurs les plus pauvres de la communauté. Aujourd’hui, nous restons engagés pour la croissance et l’ajustement structurel avec l’aide du FMI et de la BM. L’amélioration des allocations budgétaires en faveur de la santé, de l’enseignement et des autres domaines prioritaires restera notre toute première priorité.».

Le discours du président était plus un morceau de bravoure que le reflet de la vérité. Les critiques se déchaînèrent contre le président, proclamant que son discours était “un ramassis de mensonges”. Les critiques se basaient sur ce qui se passe en “haut lieu”: corruption institutionnalisée, aucun effort pour améliorer l’accès à l’eau potable, à l’enseignement et aux services de santé; développement de l’infrastructure au point mort; aucune tentative de réduction du cabinet.

Le jour même de l’ouverture de la rencontre du GC, la société civile avait organisé une manifestation pacifique priant les bailleurs de fonds de réellement se préoccuper des pauvres pendant leurs sessions. Le ministre des Finances, interrogé sur ce qu’il pensait de cette manifestation, stigmatisa les manifestants, disant qu’ils “singeaient” les Occidentaux. Il se référait probablement aux incidents similaires à Seattle et à Washington. La réaction à la déclaration de ministre fut telle qu’il dut s’en excuser le lendemain!

Réformes économiques

Qu’est-il arrivé à l’économie du Malawi? Pour se conformer aux PAS, le Malawi a réalisé un certain nombre de réformes économiques parmi lesquelles: dérégulation et libéralisation de l’économie; réduction de la stabilité macro-économique; redressement des inégalités socio-économiques du passé en créant surtout des occasions de réaliser des projets de petits tenanciers agricoles et d’organiser l’enseignement des filles; attribution de ressources plus importantes au secteur social.

Les donateurs étrangers ont félicité le gouvernement malawien pour ses efforts, mais l’impression générale est qu’on aurait pu faire mieux. Les Etats-Unis précisent: «Le vrai défi maintenant est de stabiliser les réalisations passées et de construire. Cela exigera le maintien d’une direction énergique et de l’engagement.»” Ils ont relevé certains domaines où les réalisations ont pris du retard ou se sont révélées insatisfaisantes. «La discipline fiscale a été insuffisante ainsi que la transparence des ressources publiques; la réforme de l’administration est loin d’être réalisée; la politique favorisant l’investissement et la croissance économique prolongée a pris du retard; la politique fiscale du Malawi a été trop souple et a manqué de crédibilité; le budget s’alourdit de dépenses non autorisées et peu rentables et de l’incapacité des parastataux à payer leurs dettes.» Tout cela affecte gravement les efforts que l’on fait pour réduire la pauvreté.

Nouvelle initiative du gouvernement

Pendant la 10ème rencontre du GC, le gouvernement du Malawi a présenté une nouvelle initiative en vue de réduire la pauvreté dans le pays. Le Document intérimaire de stratégie de réduction de la pauvreté (IPRSP) confirme à nouveau l’engagement du gouvernement dans des domaines spécifiques de réduction de la pauvreté et fournit ce qu’on peut appeler une “carte routière” pour arriver à l’IPRSP. Mais tout le monde n’est pas convaincu ni conquis par l’initiative du gouvernement.

Les gens savent que les perspectives extérieures du Malawi restent fragiles. Les prévisions d’exportation, surtout celle du tabac, sont fort aléatoires parce que depuis le début des ventes en avril, les prix ont été décevants. La plupart des fermiers ont vendu leur tabac à moins de 1$ par kilo. La baisse des prix du tabac a entraîné une nouvelle baisse du kwacha malawien par rapport au dollar et, depuis la dévaluation de la monnaie, le prix des produits de première nécessité a augmenté. Il y a par ailleurs aussi eu une diminution de l’aide étrangère.

La société civile veut améliorer le sort des pauvres. Cela signifie: assurer une nourriture suffisante, garantir une juste répartition des revenus, donner accès à la terre, combattre l’appauvrissement des femmes, lutter contre la criminalité, assurer que les ressources arrivent à ceux qui en ont besoin. Le secteur privé désire: la baisse des taux d’intérêt trop élevés, la réduction des niveaux excessifs des taxes, l’amélioration des infrastructures du pays, le contrôle des coûts du transport, l’amélioration de la productivité, l’accès aux informations du marché et à la technologie appropriée. Le gouvernement vise à: développer le secteur privé, soutenir le budget, trouver des solutions à l’épidémie VIH/SIDA. Cette liste n’est pas exhaustive, mais elle donne une idée des défis que doit affronter le pays dans son ensemble.

Comme Mme Kafka le disait le 17 mai à Lilongwe: «La pauvreté dans laquelle vit la majorité des Malawiens est une situation qu’aucun de nous n’est prêt à accepter et l’urgence de la situation tire la sonnette d’alarme pour nous tous.»”


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