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Kenya |
TRANSPORTS
Comment organiser et assurer la sécurité des transports publics?
En juillet 1999, le président Daniel arap Moi avait donné l’ordre de faire respecter les arrêtés de la Commission des autorisations de transport (TLB). Les matatu (minibus pour le service public) se mirent alors en grève, paralysant tout le transport routier. Bien que le gouvernement soit sorti vainqueur du conflit, les Kényans se demandent ce que le transport public y a gagné
La TLB exige l’achat d’une licence de transport et d’une licence de véhicule pour le service public (PSV); le remplacement des racoleurs de clients pour les matatu par des employés de l’administration locale; un badge d’identité obligatoire pour les chauffeurs et les contrôleurs; et que les véhicules n’empruntent que les routes qui leurs sont attribuées.
Les conducteurs des matatu, ainsi que leurs racoleurs, ne sont pas contents du tout. «Nous ne bougerons pas», disent-ils et jusqu’ici ils ont réussi à maintenir leur position — littéralement — et ils opèrent toujours de leurs stations de rassemblement. Les conducteurs soutiennent les racoleurs, disant que les remplacer par des employés de la municipalité, les priverait de leur gagne–pain et ralentirait leur business.
«Que nous veut le gouvernement?», se demande un racoleur. «Ils nous ont obligés d’avoir un certificat de bonne conduite, et ont introduit des autocollants d’assurances que nous devons exhiber pour montrer que nous sommes en ordre avec les règlements. Et maintenant que nous sommes “propres”, ils veulent se débarrasser de nous». Un autre racoleur dit qu’il a fait ce travail pendant 15 ans, ce qui lui a permis d’envoyer quatre de ses jeunes frères à l’école.
Le problème des racoleurs n’est pas très clair. Ce sont d’authentiques contrôleurs, ils vérifient si tout le transport est en ordre. Mais certains semblent vivre au-dessus de leur moyens, à voir comment ils sont vêtus. Comment peuvent-il se procurer ces beaux habits? De plus, le comportement de bon nombre d’entre eux a réussi à les faire détester par les banlieusards. Par exemple, ils s’emparent de vos bagages et les chargent dans un véhicule n’allant pas à votre destination. Certains ont même un langage qui embarrasse les passagers, surtout ceux qui voyagent avec leur famille.
Pendant la grève des conducteurs, des voitures privées prirent le relais. C’était illégal, mais pour camoufler leurs activités, ils liaient des rubans rouges à leur véhicule, comme s’ils transportaient des gens allant ou revenant d’un enterrement. Certains d’entre eux portaient des écriteaux affichant qu’ils étaient loués pour usage privé. Quelques-uns, attrapés par les grévistes, ont échappé de justesse à la mort. Les malades étaient transportés à l’hôpital en brouette ou en charrette à bras.
L’entreprise doit être contrôlée – Beaucoup de gens sont d’accord qu’il était temps de contrôler cette entreprise des matatu, florissante mais indisciplinée. «Les matatu ont suffisamment plumé le public et il est grand temps que le gouvernement contrôle leurs activités et instaure un peu de discipline parmi les conducteurs et les racoleurs», estime un employé.
La plupart des exigences de la TLB sont sensées. Quelques-unes pourtant posent problème. Faut-il dicter des directives d’assurance? C’est peut-être parce que beaucoup d’assurances préfèrent rester à l’écart des entreprises de matatu. Même les firmes de réassurances d’outre mer, qui couvrent les assurances locales, insistent à être informées si les matatu font partie du portefeuille.
La police routière est maintenant obligée de vérifier si les règlements de la TLB sont observés, si les propriétaires des PSV ont obtenu du bureau d’enregistrement les badges pour leurs chauffeurs et contrôleurs, et si les matatu et les bus ne dépassent pas les limites de vitesse. Elle doit arrêter et inculper les passagers debout et en surnombre (c’est pourquoi, lorsqu’un véhicule surchargé approche un barrage de la police, les passagers debout sont sommés de s’accroupir!). Elle doit aussi vérifier si tous les véhicules PSV sont en état de rouler et n’ont pas d’excès de passagers et de bagages, et que les matatu s’en tiennent à la route qui leur est attribuée.
La situation s’est-elle améliorée? – Le 29 mars 2000, dans un accident entre deux bus près de Kericho (province de la Rift Valley), 75 personnes ont perdu la vie. Un chauffeur, au volant d’un véhicule surchargé, roulait à toute vitesse. En voulant éviter un nid de poule, il frappe de plein fouet un autre bus, dans lequel se trouvaient la plupart des victimes. Le 20 avril 2000, 69 personnes sont mortes sur la grande route Nairobi-Mombasa, dans une collision entre un bus et deux camions. Le bus, pris en sandwich entre deux camions qu’il essayait de dépasser, fut littéralement coupé en deux.
C’est probablement à cause du nombre élevé de victimes que les assurances prennent leurs distances envers les matatu!
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