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Congo RDC Où en sont les accords de paix de Lusaka? |
GUERRE
Réflexion d’un journaliste ougandais sur la paix au Congo RDC toujours évasive
Le président du Congo, Laurent Kabila, doit faire face à une opposition armée de groupes fragmentés de rebelles, soutenus par ses alliés d’autrefois, l’Ouganda et le Rwanda. Il vient de couper l’herbe sous les pieds de la communauté internationale en déclarant qu’il n’était plus lié aux accords de paix de Lusaka.
L’accord de paix de Lusaka est fondé sur deux aspects du conflit. Le premier est le problème de la politique intérieure du Congo: le président Kabila doit dialoguer avec l’opposition armée, à l’intérieur du pays; mais ici l’opposition non armée et la société civile ont aussi leur mot à dire. Le second englobe les préoccupations de sécurité des voisins, surtout le Rwanda et l’Ouganda, qui proclament qu’ils sont au Congo pour protéger leurs frontières des agressions: pour le Rwanda il s’agit des Interahammwe, pour l’Ouganda des Forces unies démocratiques et du Soudan.
Il y a des points positifs dans l’accord de Lusaka. Mais, comme le disait un commentateur politique, l’accord est une chose «plus facile à dire qu’à faire», à moins que les principaux groupes et individus concernés veuillent vraiment arriver à la paix. Aujourd’hui, l’accord semble être complètement à l’eau. De nouveaux violents combats viennent d’éclater. A peine le président Kabila venait-il d’exiger le retrait de son pays des forces étrangères d’agression, qu’il lançait des attaques intermittentes ici et là contre les rebelles.
Qu’est-ce qui ne va pas dans l’accord?
Le président Kabila accuse l’accord de Lusaka de ne pas tenir compte de la souveraineté du Congo RDC. En fait, il a plusieurs problèmes avec cet accord.
D’abord, il lui semble qu’il est la victime innocente d’agresseurs étrangers ayant autorité sur leurs pantins, comme Jean-Pierre Bemba du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), Emile Ilunga, le leader du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), et Wamba Dia Wamba, le chef d’une autre faction, le Rassemblement congolais pour la démocratie-Mouvement pour la libération (RCD-ML).
Ensuite, il dit que si l’Ouganda et le Rwanda ont des problèmes de sécurité, c’est aux Nations unies de se déployer dans les territoires contrôlés par les rebelles, et non pas les deux pays en question.
Enfin, comme le dit une source diplomatique à Kampala en Ouganda, Kabila cherche une solution intérieure aux problèmes du Congo et non pas une solution formulée par l’Ouganda, et approuvée et imposée par l’Onu.
Alors qu’a fait Kabila? Il s’est obstiné à reporter à plusieurs reprises le déploiement des forces de l’Onu dans les territoires encore sous son contrôle. Il a refusé le médiateur désigné, l’ex-président du Botswana, Ketumile Masire, soi-disant parce que Masire ne parle pas le français. Et, pour montrer qu’il est encore à la tête du Congo, Kabila vient de constituer unilatéralement un Parlement et une Commission constitutionnelle pour rédiger une ébauche de Constitution. Il envisage aussi des élections locales. Kabila voudrait que l’Onu reconnaisse ses efforts et les accepte comme une alternative au régime politique que propose l’accord de Lusaka.
Mais le cessez-le-feu est resté lettre morte, et en pratique les canons ne se sont jamais tus. Tous ont signé l’accord, mais personne n’en a pleinement accepté les clauses. La méfiance est toujours là avec la sensation que l’accord ne marchera jamais. Chacune des parties impliquées dans le conflit se prémunit contre le pire, en continuant de recruter et d’entraîner du personnel militaire, et en achetant des armes. En Ouganda, alors qu’il avait annoncé qu’il allait se retirer du Congo, le président Museveni se préparerait à un nouvel engagement dans le conflit selon certains rapports.
Toutes les parties impliquées se sont hâtées de signer l’accord de Lusaka, mais ont été terriblement lentes pour le mettre en œuvre. Selon des sources militaires, Kabila a pris de nouvelles mesures pour renforcer son armée. Une partie du problème est que les Nations unies n’ont pas positionné de soldats entre les forces du gouvernement et celles des rebelles. Le retard du déploiement des casques bleus, qui était prévu en juin, n’a fait qu’accroître la tension. «Il n’y a qu’une poignée d’observateurs ici et là, rien de substantiel pour enrayer le conflit», disait un attaché militaire dans une des ambassades occidentales de Kampala.
Il n’y a pas longtemps, le leader des rebelles Bemba affirmait que, tout en croyant toujours dans l’accord de Lusaka, il lui serait complètement égal si cet accord venait à s’effondrer. C’est aussi ce que pensent beaucoup de personnes haut placées pour le moment.
Ndlr - Le 16 octobre, les chefs d’Etat des pays impliqués dans le conflit au Congo, se sont réunis à Maputo (Mozambique), dans une tentative de remettre en route l’accord de Lusaka. Le président Kabila a accepté le déploiement d’observateurs de l’ONU dans les régions contrôlées par le gouvernement.
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