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Malawi La sécurité: privilège d’un petit nombre |
VIE SOCIALE
La sécurité
reste le privilège d’un petit nombre de personnes.
La prévention du crime et le contrôle des armes sont le principal défi.
Le niveau de la criminalité est préoccupant.
Le Malawi connaît un niveau persistant de violences armées, commises surtout par des jeunes. Le pays fait face à de sérieuses menaces, causées d’une part par l’afflux d’armes légères provenant des conflits armés dans la région, même si des accords de paix ont été signés et appliqués, d’autre part par les bandes de malfaiteurs. Selon Brian Wood, directeur du projet pilote pour la sécurité et le contrôle des armes à feu, les statistiques officielles du crime, élaborées par son staff, montrent que les actes criminels déclarés n’ont fait que s’accroître entre les années 1995 et 1999.
D’où viennent ces armes illégales?
Avant les réformes politiques, le Malawi connaissait une grande sécurité. Un voisin était un voisin dans le vrai sens du mot. Mais maintenant, ce genre de voisin disparaît. Des murs de briques entourent beaucoup de maisons, et même cela ne suffit plus. On peut encore être attaqué dans une maison clôturée.
Robert Mbirizi Phiri est coordinateur du projet pilote pour la sécurité et le contrôle des armes à feu, et haut responsable du Comité pour les affaires publiques. Dans une étude qu’il a faite récemment, il affirme que les statistiques actuelles sur la récupération des armes à feu sont incomplètes; elles ne disent pas où ces armes ont été saisies. L’analyse géographique du crime indique les frontières comme le principal lieu de passage du trafic illégal des armes à feu, bien que d’autres pistes ne puissent être ignorées. Selon Phiri, au Mozambique il y a encore beaucoup de fusils d’assaut AK 47 abusifs dans de nombreuses cachettes, surtout dans les régions rurales. Cependant, les régions en bordure de la Zambie et de la Tanzanie pourraient aussi être des filières pour les armes illégales.
Brian Wood résume ainsi les sources illégales des armes à feu au Malawi:
Que fait la police?
Selon Brian Wood, la police malawienne manque considérablement d’effectifs. Pour combattre valablement la criminalité, elle manque de ressources, de formation, de spécialistes pour les armes à feu et pour la balistique, et des experts médico-légaux. De plus, de longue date, certaines communautés éprouvent une profonde méfiance à l’égard de la police. Celle-ci n’a pas assez de moyens de transport et de communication, et ainsi elle n’est pas à même de patrouiller et de dialoguer avec les communautés. La police locale se plaint encore des magistrats qui ne donnent que des peines légères aux criminels violents.
La police étant donc dans l’impossibilité d’exercer efficacement son devoir, on assiste à une prolifération sans précédent d’agences privées de sécurité, dont beaucoup viennent d’Afrique du Sud. Il y a aussi quelques compagnies locales créées par d’anciens officiers de l’armée ou de la police. Malheureusement dans la périphérie des villes, les communautés n’ont pas accès à ces services.
Les réformes
En 1994, le gouvernement a commencé un programme de réforme pour la police, en vue d’en changer l’image. En 1995, l’inspecteur général de la police insistait sur le travail en association avec la population pour combattre le crime: «Je pense que le processus de réforme nous rapprochera de la population que nous servons. Nous savons tous que la police ne peut gagner seule la bataille contre le crime. Nous avons besoin du support et de la coopération de la population; et nous ne pourrons les obtenir qu’en développant une franche collaboration avec elle».
La police du Malawi est en cours de réforme avec l’aide financière du gouvernement britannique, par le biais du département pour le développement international. Cette réforme comprend, entre autres, un programme pour une police communautaire, qu’on a commencé à mettre en oeuvre dans la plupart des stations des districts.
Une réforme légale, très attendue, est aussi en cours. On s’est rendu compte que la loi devait être revue et mise à jour. Kamudoni Nyasulu, ancien directeur du ministère public et actuellement avocat privé, affirme: «Il faut absolument que toute la législation concernant les crimes violents et les armes à feu soit réformée. La Constitution du Malawi ne reconnaît pas et n’autorise pas les polices communautaires. Nous avons toujours une “force de police” et non pas un “service de police”. De plus, il n’y a pas de directives bien claires concernant l’achat d’armes”. Nyasulu propose donc qu’on vote une nouvelle loi pour le contrôle des services privés de sécurité et d’enquêtes, et des organisations de police communautaire pour la surveillance du voisinage.
Aussi longtemps que la pauvreté restera le problème majeur, la prolifération des armes à feu illicites ne fera que s’accroître. Seuls les riches, qui ont les moyens de se payer les services privés, connaîtront la sécurité. Pour la majorité des pauvres, la sécurité dans un avenir prévisible restera toujours le privilège d’une petite minorité.
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