ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 400 - 15/11/2000

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Kenya

L’horticulture et ses problèmes



ECONOMIE


Importante source de devises, l’horticulture subit les contraintes de la législation européenne

Ces deux dernières décennies, l’industrie horticole s’est beaucoup développée au Kenya. Aujourd’hui, elle occupe la quatrième place des produits faisant entrer des devises étrangères (après le thé, le café et le tourisme) et représente un peu plus de 13% du total des exportations. En 1997, le Kenya a exporté 84.143 tonnes de produits frais horticoles d’une valeur de 8,81 milliards de shillings kényans (117,5 millions de dollars). En ce qui concerne la superficie, avec les 11,2% des terres arables qu’elle occupe, l’horticulture se range également à la quatrième place, après les produits laitiers, le maïs et les haricots, alors que le café n’en occupe que 2,9% et le thé 1,7%.

Mais cette croissance subit une forte contrainte: une législation sans cesse changeante concernant le taux maximum permis de résidus de pesticides (MRL) dans son plus important marché, l’Union européenne (UE). Le MRL se rapporte à la concentration maximale acceptable de pesticides dans ou sur les produits alimentaires. L’application des MRL est une procédure longue et complexe, très chère et très compliquée. Elle sert à déterminer l’absorption journalière par les plantes de pesticides et les résidus de ces pesticides.

En Europe, cette législation change à tout bout de champ, tant dans les différents pays qu’au niveau de l’UE, ce qui handicape beaucoup les exportateurs des pays en développement. Au Kenya, les petits propriétaires produisent 70% des produits agricoles pour l’exportation. Pour eux, se conformer à cette législation est très compliqué. Et les nouvelles règles de MRL, introduites en juillet dans l’UE, aggravent encore la situation, de sorte qu’on craint de grosses pertes de revenus et de nombreux licenciements.

En Europe, les nouveaux règlements sont le résultat de longues campagnes pour une législation plus sévère sur le contrôle de l’emploi de produits chimiques et de pesticides dans l’agriculture. Depuis 1994, l’UE a commencé à harmoniser les MRL de chaque combinaison de pesticides. Les parties concernées devaient donner des informations sur l’emploi des pesticides. Jusque maintenant, chaque pays membre de l’UE avait ses propres normes, remplacées par cette nouvelle réglementation. Dorénavant, les produits importés en Europe seront contrôlés et analysés quant aux résidus de pesticides.

«Il est important que les petits cultivateurs soient informés sur le minimum de produits chimiques permis, si on veut éviter le rejet de toute une cargaison», dit M. Junghae Wainaima, directeur de l’Association agrochimique du Kenya (AAK). Wainaima pense que si on ne met pas vite sur pied une stratégie pour informer les producteurs et les exportateurs sur la nouvelle législation, l’application des nouveaux niveaux de MRL pourrait menacer notre lucrative industrie horticole. Son opinion est soutenue par le directeur de l’Association des exportateurs de produits frais, M. Simon Etangatta, qui a déjà demandé à l’UE une subvention de 120 millions de shillings pour entraîner les petits fermiers au bon emploi des pesticides approuvés. Le ministère de l’Agriculture et l’AAK ont aussi mis sur pied un comité de formation pour tenir les petits fermiers au courant des récents développements.

Une forte concurrence

Il faudra faire plus que sensibiliser les petits fermiers, si on veut des résultats et la croissance du secteur. Il n’y a pas que les nouvelles règlementations européennes qui sont devenues plus strictes; la situation du marché mondial a changé rapidement, suite à une forte concurrence aux produits horticoles locaux, venant de pays tels que le Maroc, le Sénégal, le Zimbabwe, le Swaziland, l’Afrique du Sud, Israël et l’Inde. Ces pays offrent de plus en plus les mêmes produits, parfois de meilleure qualité – surtout des fruits et des légumes –, et souvent à des prix relativement plus bas. De plus, l’élargissement de la structure européenne a amené des nouveaux fournisseurs à l’intérieur de l’UE, notamment ceux de la région de la Méditerranée qui fournissent des fruits et des légumes tropicaux et sous-tropicaux et qui rivalisent avec les importations venant du Kenya.

Si on veut survivre, il faut donc développer des programmes à court terme pour réduire le coût de production et ainsi augmenter la compétitivité sur le marché, tout en garantissant toujours des produits de haute qualité. A moyen terme, il faudrait des programmes et des orientations pour améliorer la productivité au niveau des exploitations et développer une commercialisation plus agressive en vue de conquérir de nouveaux marchés et créneaux.

Les parties intéressées doivent combiner leurs efforts pour assurer un emploi sans dangers de pesticides et utiliser uniquement les produits approuvés par la Commission de contrôle des pesticides, combattre le piratage et le frelatage en respectant les prescriptions, et observer les délais officiels avant la moisson pour appliquer les pesticides. Ceux-ci sont très importants pour éviter le dépôt des résidus. Une application trop près de la moisson occasionne presque toujours des résidus sur les produits.

Au niveau institutionnel, l’échantillonnage au hasard avant l’expédition par avion, pour déterminer la présence non désirée de résidus, diminuerait beaucoup de dépenses. Les exportateurs kényans devraient aussi chercher de nouveaux marchés. Au Moyen-orient, par ex., il y a une demande grandissante de fruits frais, de légumes et de produits traités.


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