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Sierra Leone Prêtres kidnappés |
GUERRE CIVILE
Le personnel d’Eglise et d’associations de volontaires travaillant parmi
la population,
sont particulièrement en danger. L’auteur nous raconte ce
qui est arrivé à deux prêtres catholiques.
Après 25 années de travail dans la pastorale en Sierra Leone, deux prêtres catholiques sont tombés entre les mains du Front révolutionnaire uni (RUF) qui a une propension pour les prises d’otages. La crise de la rébellion sierra-léonaise a débordé dans la Guinée voisine et a créé un climat d’accusations et de contre-accusations entre la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia. Le 8 septembre dernier, les rebelles du RUF firent une incursion de l’autre côté de la frontière, en Guinée, et enlevèrent trois missionnaires italiens – deux prêtres et un volontaire laïc. Cela s’est passé dans le village guinéen de Pamalap. Le volontaire réussit à s’échapper. Les deux prêtres catholiques, les pères Vittorio Mosele et Franco Manganello, de la Société missionnaire des Xavériens, faisaient du travail pastoral dans un camp de plus de 2.000 réfugiés, dont beaucoup venaient du diocèse de Makeni en Sierra Leone. Ce camp est situé au sud-ouest de la Guinée. Les missionnaires s’y étaient installés en janvier dernier, parce que Kambia, en Sierra Leone, où ils travaillaient auparavant, était tombé sous le contrôle du RUF.
La connexion guinéenne – Au début, on ne savait au juste quel groupe de rebelles avait kidnappé les missionnaires. Le porte-parole du RUF affirmait que les deux prêtres avaient été enlevés par un groupe guinéen sous le commandement d’un certain Touré que beaucoup soupçonnent être le fils de l’ex-président de la Guinée, Ahmed Sekou Touré, au pouvoir de 1958 à 1984. L’évêque de Makeni, Georges Biguzzi, n’était pas convaincu qu’il s’agissait d’insurgés guinéens: «Je crois qu’ils ont été enlevés par le RUF. Je ne sais pas qui contrôle la région où ils ont été pris, mais probablement les kidnappeurs me contacteront et alors nous verrons ce qu’il y aura à faire”.
Mgr Biguzzi avait lui aussi quitté Makeni en 1997, pour résider à Freetown, lorsque Makeni (au nord) fut pris par des soldats du Conseil des forces armées au pouvoir (AFRC). Dans la situation militaire confuse en Sierra Leone, depuis que les Forces d’intervention de l’Afrique occidentale (ECOMOG ) ont rétabli l’ex-président Kabbah au pouvoir, la ville de Makeni a changé de mains maintes fois, et en 1999 le RUF s’en était emparé. A partir de Freetown, Mgr Biguzzi n’a jamais cessé ses activités, surtout parmi les réfugiés, dont le nombre ne fait que s’accroître.
L’évêque est inquiet de la santé des deux prêtres kidnappés. Il espère qu’ils pourront supporter les rigueurs d’une vie toujours en mouvement à travers la brousse. Tout le monde sait que les rebelles sont constamment en mouvement et que bien sûr ils prennent leurs victimes avec eux. Même s’ils sont emprisonnés dans une des maisons désertées par leurs propriétaires, ils devront boire de l’eau contaminée, manger une nourriture mal préparée et dormir dans de pauvres conditions. Où sont-ils pour le moment? Personne ne le sait. Le bruit court qu’ils auraient été menés au-delà de la frontière, en Sierra Leone, peut-être dans le district de Kambia.
La connexion libérienne – Leur enlèvement s’est passé juste au moment où la restauration de la paix semblait enfin toute proche. La démobilisation en cours, le désarmement et la réintégration des ex-combattants, ainsi que l’accroissement des troupes des Nations unies, tout cela avait donné à la Sierra Leone un rayon d’espoir. Puis vint la nouvelle que le RUF soutenait les efforts des insurgés guinéens pour déstabiliser la Guinée voisine.
Pour encore compliquer les choses, les autorités de la Sierra Leone et celles de la Guinée ont accusé ouvertement le président Charles Taylor du Liberia de soutenir les dissidents sierra-léonais et guinéens. Des renseignements confirment en effet que le RUF bénéficie toujours du patronage du président Taylor. Son influence sur le RUF s’est dévoilée quand il est intervenu pour la libération des soldats de l’Onu, kidnappés en mai dernier par le RUF, et par la pression qu’il a exercée pour que le général Issa Sesay prenne la place du leader du RUF emprisonné, Foday Sankoh. Plusieurs officiers de haut rang du RUF résident actuellement au Liberia. Parmi eux le commandant Sam Bockarie, Eldred Cullens, Denis Mingo.
L’enlèvement des deux prêtres italiens montre bien que les rebelles RUF sont toujours fort actifs.
Ndlr - Selon une dépêche du 6 novembre de l’agence MISNA, les deux missionnaires, Franco Manganello et Vittorio Mosele, sont libres de leurs mouvements dans l’enceinte de leur paroisse de Madaina, mais il leur est interdit d’en sortir pour raisons de sécurité. Ils sont traités avec respect et peuvent vaquer à leurs tâches ministérielles. Mgr Biguzzi, cité par MISNA, a exprimé son optimisme quant à leur retour prochain à Freetown. (ANB-BIA, Bruxelles, 7 novembre 2000)
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