ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 400 - 15/11/2000

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Ghana

Vers les élections



 ELECTIONS 


Les élections présidentielles et législatives au Ghana ont été fixées au 7 décembre 2000.
Un aperçu du pays et de son histoire

Le Ghana est ghanaf.JPG un pays de 238.540 km², situé au Golfe de Guinée, entouré de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et du Togo. Le nord est une région de savane, le sud une région de forêt tropicale. Sa population est estimée à 19 millions d’habitants. Le plus grand groupe est celui des Akan (dont les Ashanti), qui occupent le centre et le sud. Les Guan habitent les plaines autour de la rivière Volta. Viennent ensuite des groupes plus restreints: les Ga et Ewe au sud-est, et dans la partie nord du pays les Dagaba, les Grusi, les Maprusi et Dagomba (Mossi), les Nanumba et Konkomba.

La majorité de la population se dit chrétienne (protestants quelque 25%, catholiques 15 %, pentecôtistes environ 10% et de nombreuses sectes). Les musulmans sont estimés à 15%. On note généralement une grande tolérance religieuse.

Un mot d’histoire

Ancienne colonie britannique, le Ghana fut le premier pays subsaharien à obtenir son indépendance, le 6 mars 1957, sous la présidence de Kwame Nkrumah, le père fondateur du pays. Après avoir vécu des années aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, Nkrumah était revenu au Ghana en 1947. Leader charismatique, c’est lui qui a conduit son pays à l’indépendance.

Grand partisan et défenseur de l’idéal panafricain, son intérêt se porta en priorité vers la politique internationale, où il joua un rôle très important. Il réussit moins bien en politique intérieure. Il avait des projets ambitieux et voulait faire du Ghana un pays libre et autonome. Profitant d’abord de la hausse des prix du cacao, il se lança dans de grands projets; mais lorsque ces prix chutèrent, l’économie s’engouffra dans une spirale descendante dont elle ne ressortira qu’une vingtaine d’années plus tard. D’autre part, la corruption gagna le corps des fonctionnaires. Nkrumah lui-même montra des traits dictatoriaux. Une nouvelle Constitution institua un régime présidentiel aux pouvoirs étendus. Les syndicats furent intégrés au parti, les organisations locales défendues, la presse muselée, les opposants emprisonnés.

Le 24 février 1966, un coup d’Etat renversa Nkrumah, alors qu’il se trouvait à Pékin. Il s’en suivit une période trouble pour le Ghana, qui versait toujours plus dans la récession économique et connut une alternance de gouvernements civils et militaires. Le nouveau gouvernement, le National Liberation Council, avait à sa tête le général Ankrah. Pour assainir la dette énorme du pays, il mit fin aux projets grandioses et dévalua le cédi (la monnaie ghanéenne), ce qui ne le rendit pas populaire. Il tint cependant ses promesses d’un retour à la démocratie. Le parti de Kofi Busia sortit grand vainqueur des élections de 1969, mais son gouvernement fut un échec.

A peine deux ans plus tard, le 13 janvier 1972, les militaires reprirent le pouvoir, sous le colonel Acheampong. Il revalorisa le cédi et accorda de meilleurs prix aux paysans. Mais de 1974 à 1977 les prix des produits de base flambèrent, augmentant jusqu’à 600%. En 1978, le général Akuffo prit le pouvoir. Le pays se trouvait dans un état déplorable. Il avait besoin d’un nouveau leader qui pourrait lui rendre son sentiment de dignité nationale.

Jerry John Rawlings

Le 15 mai 1979, un nouveau coup militaire avorta. Parmi les officiers arrêtés se trouva le jeune lieutenant des forces aériennes Jerry John Rawlings. Au procès qui suivit, il profita de l’attention massive pour formuler tout haut les griefs de la population contre les gens au pouvoir. Le héros national était né. Le 4 juin, ses camarades le sortent de prison. Son Armed Forces Revolutionary Council promet la mise en place d’un gouvernement civil, mais commence par un nettoyage exemplaire. Des tribunaux militaires prononcent de lourdes peines contre des politiciens et fonctionnaires corrompus, mais aussi contre des officiers de l’armée. Huit haut gradés sont exécutés, dont Acheampong et Akuffo.

Des élections portent au pouvoir un diplomate du nord du pays, Hilla Limann. Mais très vite, son gouvernement montre son impuissance. L’économie s’affaiblit encore, la corruption reprend ses droits. Après deux ans, le 31 décembre 1981, Rawlings reprend le pouvoir pour la seconde fois.

Le Provisional National Defense Council prêche des idéaux révolutionnaires: “le pouvoir au peuple”, soutenu notamment par des étudiants enthousiastes. On érige des tribunaux populaires et, ici ou là, des ouvriers occupent et reprennent des entreprises, même celles aux mains d’étrangers. Mais les problèmes s’accumulent. Les investisseurs étrangers se retirent, l’économie dégringole, les marchés se vident, tandis que la contrebande et le marché noir fleurissent. Pour comble de malheur, une année de sécheresse et le retour d’un million de Ghanéens expulsés du Nigeria provoquent la famine.

En 1983, le pragmatisme prend le dessus. Rawlings se tourne vers le FMI et en obtient des prêts. Si le discours reste révolutionnaire, la pratique s’adapte aux principes du marché libre. Rawlings lance un programme draconien de réformes économiques, calqué sur les politiques d’ajustement structurel du FMI et de la Banque mondiale. La stratégie semble avoir été payante: dans les dix années qui ont suivi, l’économie ghanéenne a affiché une croissance moyenne de 5%. Le gouvernement est parvenu à maîtriser l’inflation et a réussi à rendre confiance aux bailleurs de fonds et aux investisseurs étrangers.

L’économie

Malgré ses déboires, le Ghana est un pays aux possibilités économiques réelles. Ses plus grandes richesses se situent dans la partie sud du pays. Ses principaux produits d’exportation sont l’or, le cacao et le bois tropical.

Or. — Le Ghana mérite toujours le nom qu’il portait au temps colonial: Goldcoast, la Côte d’Or. Actuellement, il est le 11e producteur d’or mondial. L’or représente 45% des revenus d’exportation du pays. Ses énormes réserves se situent dans le sud, principalement dans la région des Ashanti. La Ashanti Goldfield Company est la compagnie minière la plus lucrative d’Afrique. Quelque 10.000 personnes y travaillent. Depuis le début des années ‘90, après avoir mis fin à l’ingérence de l’Etat, la production aurifère a connu une croissance spectaculaire et est devenue la source principale de devises du Ghana.

Cacao. — De 1911 à 1977, le Ghana a été le plus grand producteur mondial de cacao. Depuis lors, il connut un déclin et fut dépassé par la Côte d’Ivoire et le Brésil. En 1983, sa production fut au plus bas, principalement à cause d’une année de sécheresse sans précédent, mais aussi pour des causes structurelles: la diminution des prix sur le marché mondial, la surévaluation de la monnaie nationale et la détérioration des plantations. Depuis lors, la production s’est quelque peu rétablie, mais sans retrouver sa valeur antérieure.

Bois. — L’exportation du bois tropical est la troisième source de devises du Ghana, mais on craint qu’elle ne s’arrête dans un temps relativement proche. La cause en est une déforestation massive. De nombreuses espèces d’arbres ont déjà disparu. Le gouvernement tend maintenant à diminuer l’exportation de bois brut, et à augmenter celle de bois industriellement traité.

Agriculture. — A part le cacao, les produits agricoles commerciaux sont le tabac, les arachides, le sucre de canne, le coton, le café et l’huile de palme, tous destinés principalement à l’industrie locale. D’autre part, le Ghana a connu des problèmes d’approvisionnement alimentaire et a été contraint à des importations considérables de nourriture, notamment à cause d’une urbanisation massive. Les paysans pratiquaient une culture d’autosuffisance, étant peu motivés à produire plus parce qu’ils n’arrivaient pas à écouler leurs produits à cause du manque de transports et de l’état misérable des routes. Cette situation s’est maintenant quelque peu redressée. Une politique d’amélioration routière et d’augmentation des prix aux producteurs a incité les paysans à intensifier leur production.

Autres ressources. — En plus de l’or, le Ghana dispose de mines de diamants, de manganèse et de bauxite. Depuis quelques décennies, il a également lancé des recherches de pétrole; six champs pétroliers ont déjà été découverts, un à l’intérieur et cinq devant la côte, mais la production n’a pas encore commencé. Un autre secteur en expansion est celui du tourisme. En 1992, on compta quelque 200.000 touristes; en 1996, ils furent 300.000 à visiter le Ghana. Une bonne partie vient des Etats-Unis: des Afro-Américains à la recherche de leurs racines.

La IVe République

En 1992, le Ghana décida de revenir à une démocratie parlementaire. En avril, un projet de nouvelle Constitution fut soumis à référendum et accepté à une très large majorité. Cette Constitution accorde d’amples pouvoirs au président. Elle institue une seule chambre de représentants, et assure un pouvoir judiciaire indépendant.

J.J. Rawlings se présenta comme candidat aux élections présidentielles du 3 novembre 1992, qu’il emporta avec près de 60% des voix. Quatre partis d’opposition l’accusèrent de fraude, qui n’a jamais été démontrée, et décidèrent de boycotter les élections législatives de décembre. C’est ainsi que le National Democratic Congress (NDC) de Rawlings obtint 189 des 200 sièges à l’Assemblée nationale. Il demanda alors aux députés d’entamer un dialogue avec l’opposition en dehors du Parlement.

Ce dialogue semble avoir été fructueux. Aux nouvelles élections de décembre 1996, Rawlings gagna encore la présidentielle avec 57% des voix, contre près de 40% à son principal rival, J.A. Kufuor. Aux législatives, le NDC obtint 133 sièges et le New Patriotic Party (NPP) 65. La participation électorale était de 77% (contre environ 50% en 1992).

Les élections de décembre 2000 se joueront sur fond de crise économique. Un tiers de la population vit toujours dans un état d’extrême pauvreté et, récemment, l’économie ghanéenne a connu de grands revers, dus notamment à des périodes de sécheresse, mais aussi à des chocs commerciaux. En avril 1998, le barrage d’Akosombo, qui fournissait en temps normal 912 mégawatts, n’en fournissait plus que 250 à cause de la sécheresse, ce qui a paralysé l’activité économique. Les prix du cacao et de l’or ont chuté, alors que la facture pétrolière a atteint des sommets. Ce qui a provoqué une inflation croissante et une érosion constante du cédi. Depuis novembre 1998, la monnaie ghanéenne est passée de 2.345 cédis pour un dollar à 3.300 un an plus tard, puis à 4.500 en mai 2000 et à 6.300 au mois d’août. Une augmentation de 20% du salaire minimum a été accordée par le gouvernement, mais reste bien en deçà de ce que les syndicats avaient demandé.

Aux élections législatives, huit partis politiques se disputeront les 200 sièges au Parlement: le National Democratic Congress (NDC, le parti de Rawlings), le New Patriotic Party (NPP, de Kufuor), le Convention People’s Party (CPP), le National Reform Party (NRP), la People’s National Convention (PNC), le United Ghana Movement (UGM), le Great Consolidated Popular Party (GCPP) et le EGLE Party. Tous ces partis, excepté le dernier, ont également un candidat aux élections présidentielles. On s’attend généralement à ce que la lutte pour la présidence se joue principalement entre M. John Kufuor, le rival malheureux de Rawlings aux élections de 1996, et le candidat désigné par le NDC, l’actuel vice-président John Evans Atta Mills.

Jerry Rawlings lui-même ne peut plus se présenter à la présidence, puisqu’il a effectué le maximum de deux mandats de quatre ans prévus par la Constitution de 1992. Il soutient son vice-président, M. Mills, mais celui-ci manque de charisme. Rawlings pourrait en tout cas continuer à jouer un rôle clé dans le pays. Les nouveaux statuts de son parti l’ont nommé leur président à vie, et la base estime toujours qu’il est le seul capable de prendre, le moment voulu, les mesures nécessaires à redresser la situation du pays.

Un article du Washington Post citait ces mots de M. Gyimah-Boadi, directeur du Centre pour la démocratie et le développement, à Accra: “Un des grands problèmes est de savoir que faire d’un type qui n’a que 53 ans, qui a passé la moitié de sa vie au pouvoir, qui aime d’être un leader et qui n’a été préparé pour rien d’autre. De par son tempérament, il ne peut rester assis à ne rien faire et regarder tranquillement les événements”.

 

Principale source pour la partie historique: “Ghana”, Novib, den Haag, 1997


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